En déplacement à Orléans, le 27 juillet, Emmanuel Macron a annoncé, lors de la visite d'un centre d'hébergement pour réfugiés, la création de "hotspots" en Libye. Donc, la France va créer des centres pour demandeurs d'asile "afin d'éviter aux gens de prendre des risques fous alors qu'ils ne sont pas tous éligibles à l'asile""Les gens, on va aller les chercher. Je compte le faire dès cet été", a poursuivi le Président. Il a, par ailleurs, précisé que "d'ici la fin de l'année", il ne voulait "plus personne dans les rues, dans les bois". "La première bataille : loger tout le monde dignement. Je veux partout des hébergements d'urgence. Je ne veux plus de femmes et d'hommes dans les rues." Sauf qu'à la rentrée, il a toutes les chances d'en voir un maximum sur le bitume !

Enfin, il a lancé un nouveau pavé dans la mare, expliquant, lui l'Européen, qu'il n'avait pas besoin d'une Europe lente à la détente pour résoudre le problème des migrants.

L'Arturo Brachetti de l'Élysée a précisé : "Le but est d'assurer un prétraitement des demandes, plutôt que de laisser les gens traverser la Méditerranée au risque de leur vie." Tout en soulignant qu'il serait nécessaire de "stabiliser la Libye". Voilà un chef qui sait causer ; après le serrage de louche, la démonstration de muscles.

Sauf que l'opération mentionnée ci-dessus est infaisable.

- Les Érythréens et les Soudanais du Sud susceptibles d'obtenir l'asile politique ou le statut de réfugiés de guerre ne représentent respectivement que 12 % et 7 % de tous les arrivants de 2016 des côtes libyennes (chiffres du HCR).
- Un maximum de migrants seront refusés, mais difficile d'imaginer une seconde qu'ils vont patiemment se faire enregistrer et attendre, d'autant que cette action va susciter un trou d'air et que, sachant qu'ils ne risquent plus la noyade, c'est une partie importante des populations africaines qui va accourir vers la Libye. À moins qu'Emmanuel Macron n'ait une idée derrière la tête (n'a-t-il pas dit "On va aller les chercher" ?). Ne serait-ce pas, au fond, un moyen de faire entrer un maximum de migrants sur notre continent : organisons ce que nous ne pouvons ou voulons arrêter. Il suffira d'être souple sur les conditions de recevabilité... N'est-ce pas, d'ailleurs, la méthode Macron, comme pour le vote des étrangers : je ne donne pas le droit de vote aux étrangers, je naturalise à tour de bras.
- La longueur des côtes libyennes est de 1.700 km. Comment les contrôler efficacement ?
- Comment ouvrir des centres d'accueil administratifs entre l'armée libyenne de Haftar (Tobrouk), les djihadistes de Tripoli, Al-Qaïda au Maghreb islamique, Ansar al-Charia, les nomades toubous, les Arabes, les Touareg et le grand banditisme organisé par les chefs de guerre ? En outre, ces camps crouleront sous les demandes, tout ressortissant d’un pays en conflit de basse intensité pourra se plaindre d’être en danger. Par ailleurs, entre faux papiers faisant de n’importe quel Africain un Syrien et la corruption qui ne manquera pas de miner les employés, la situation sera ingérable.
- Enfin, quels moyens et où les trouver ? Quels délais, car parler de "cet été" est ridicule. Quelles garanties de sécurité pour les agents qui feront le travail ? Quels engagements des Libyens ? Quel support de l'Europe ? Quelle coopération avec les Italiens ? Comment seront acheminés ceux qui auront été déclarés admissibles ?

En résumé, au lieu de remplacer la filière ONG, nous allons ajouter une nouvelle filière d'immigration massive. Et, de plus, les loger sera encore plus difficile alors que, honteusement, nous négligeons déjà de loger les nôtres.

Mais, comme disait Pasqua : "Les promesses des hommes politiques n'engagent que ceux qui les reçoivent."

M. le Président, après Rihanna, c'est Shakira qu'il faudra inviter : avec sa pub, elle doit avoir des prix pour les croisières Costa.

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28 juillet 2017 à 22:04

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