Les Sud-Coréennes ne veulent pas de migrants !

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Les habitants de Jeju, en Corée du Sud, sont très remontés. Plus de cinq cents migrants yéménites sont arrivés sur l'île, ces derniers mois. Résultat de leurs manifestations et d'une pétition qui a recueilli 714.000 signatures ? Leur président a compris leur désarroi.

« Les migrants s'attendaient à un accueil chaleureux : ils avaient tort », titre le New York Times. En effet, pour la première fois, tout le pays a vu une levée de boucliers anti-immigration, dont l'un dans un des joyaux insulaires : l'île de Jeju. Avec son volcan culminant, ses sentiers de randonnée, ses falaises, ses plages paradisiaques bordées d'eaux turquoises et son climat subtropical, inscrite en partie au patrimoine de l'UNESCO, elle est une destination très prisée des Sud-Coréens du sud qui, lors des manifestations, se sont exprimés sur le sujet sans aucune langue de bois.

Leur souhait ? Selon le New York Times, conserver « l'homogénéité de leur société ».

Leurs craintes ? Oh Mi-Jin, 44 ans, le dit spontanément : « Si Jeju est envahi, toute la Corée du Sud le sera aussi. » Avec la peur qui l'accompagne : que la quiétude de leur île se transforme en insécurité.

À ce propos, cette manifestante ne décolère pas, furieuse que « le gouvernement ait laissé des paysannes comme elle, travaillant seules dans les champs », exposées au danger que représentent les migrants. Et des migrants, "faux réfugiés", qu'ils veulent voir quitter leur île.

Et en Corée du Sud, on ne s'embarrasse pas d'amalgames : « Lorsque les migrants se déplacent en groupe, les femmes les évitent », raconte une mère de famille. « Dès leur plus jeune âge, ils apprennent à traiter les femmes comme des esclaves sexuelles et les battent », répond le leader de 70 ans de la manifestation de Jeju, qui poursuit : « Ils sont polygames et font de nombreux enfants. Aujourd'hui, il y en a 500. Dans 10 ou 20 ans, combien y en aura-t-il ? »

Et c'est peut-être là que le bât blesse : le gouvernement coréen entend-il pallier le taux de natalité en chute libre des Coréennes (1,03 enfant par femme) par un apport migratoire ? Mais alors, pourquoi choisir cette option plutôt que de stimuler une politique nataliste ? Pourquoi la Corée, à 31,6 % chrétienne - majoritairement protestante -, quelques bouddhistes et 43,3 % sans religion accueille-t-elle des musulmans plutôt que des réfugiés infiniment plus assimilables ? Enfin, pourquoi, sur ces 561 Yéménites, 90 % sont des hommes ? Et, par-dessus tout, pourquoi, avec l'exemple du terrorisme islamiste qui sévit en Europe, emprunte-t-il le même chemin ? La transformation de l'Europe mise en œuvre par les élites européennes doit-elle s'étendre à la Corée du Sud ? Et après ? À toute l'Asie ? Au monde entier ?

Car c'est bel et bien sous la pression de groupes défendant les réfugiés que la Corée vota une loi, en 2013, facilitant leur protection. Conséquence ? Entre 2014 et 2017, leur nombre est passé de 2.896 à 9.942. Les Coréens, que l'exemple d'une Europe profondément déstabilisée par une immigration incontrôlée doit certainement mettre en garde, auraient donc compris que le changement de population commence ainsi, l'air de rien, en douceur, étape par étape ? Ma discussion, il y a peu, avec une Sud-Coréenne en vacances en Espagne tend à confirmer ce point en particulier. « Il n'y a presque plus de vrais Français à Paris, Paris est devenu très sale et dangereux... »

"Qui vient en premier, notre propre peuple ou les migrants ?", ont encore scandé les manifestants de Jeju. Qui plus est, on ne verrait pas ça chez nous : dans la société matriarcale de Jeju, la plupart à défiler sous la pluie étaient, justement, des femmes !

En attendant, eu égard à l'ampleur du mouvement anti migrants, le président coréen Moon Jae-in n'a invoqué ni le devoir d'accueillir ni l'obligation de s'ouvrir à l'Autre, il n'a ni sermonné ni culpabilisé son peuple : il s'est humblement engagé à « réviser les lois pour renforcer le contrôle des demandeurs d'asile ». En bref, le peuple coréen, lui, est écouté !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 18:00.
Caroline Artus
Caroline Artus
Ancien chef d'entreprise

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