Les Casques blancs syriens exfiltrés par Israël

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L’opération a été discrètement et rondement menée. Environ 400 Casques blancs syriens repliés contre la frontière israélienne ont été exfiltrés avec leurs familles par l’armée israélienne, le 22 juillet dernier, puis transférés vers la Jordanie.

Fait rare : l’armée israélienne a confirmé l’opération qui avait été annoncée par la Jordanie. Benyamin Netanyahou a gravement indiqué que « ces personnes ont sauvé des vies et la leur est maintenant en danger, c’est pourquoi j’ai accepté de les emmener via Israël vers un pays tiers ».

Les Casques blancs sont apparus après le début de la guerre, exerçant des opérations de sauvetage dans les zones occupées par les islamistes. Chacun a pu les voir déblayant des décombres, emportant des blessés ou des corps après des bombardements russes ou syriens. Couverts de leurs casques blancs, ils ont suscité l’admiration des Occidentaux. Les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne (32 millions de livres, a reconnu Boris Johnson) ou l’Allemagne les ont financés ; le doute subsiste quant à la France.

Point d’orgue de leur aura médiatique : plusieurs d’entre eux sont reçus à l’Assemblée nationale, le 13 février dernier. Mais, au fait, comment sont-ils venus ?

Pourtant, de nombreuses voix s’élèvent : ces secouristes sont-ils si neutres que cela ? Les vidéos les montrant en action viennent toujours d’eux. Certaines sont particulièrement troublantes, prises à côté de corps de soldats syriens exécutés.

L’accusation la plus grave est venue de Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe. Il a affirmé, à plusieurs reprises, que les Casques blancs étaient des militants islamistes passés experts en désinformation et en montages divers et variés. On peut, d’ailleurs, penser que ce sont eux qui ont mis en scène la fameuse attaque chimique de l’armée syrienne à Douma, le 7 avril dernier, juste avant que le dernier groupe islamiste ne se rende (à ce sujet, où sont les preuves promises par Macron et Trump ?). L’armée russe, première présente sur les lieux, l’a en tout cas affirmé.

Lors de la reprise d’Alep-Est par l’armée syrienne, l’unique source d’information des médias occidentaux venait des Casques blancs qui multipliaient les communiqués alarmants sur les exécutions sommaires de l’armée syrienne, que personne n’a pu ensuite vérifier.

Mais aujourd’hui, l’étau se resserre. L’armée syrienne a reconquis la quasi-totalité de la province de Deraa et progresse dans celle de Quneitra, située le long du plateau du Golan. Et compte tenu du rôle des Casques blancs au cours de cette guerre, il n’est pas certain que ses militants les plus actifs aient pu être compris dans un « accord de réconciliation ».

Israël et la Jordanie ont confirmé que c’est à la demande des États-Unis, du Canada, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne que cette opération de sauvetage des Casques blancs a été organisée ; ils seront ensuite accueillis dans un de ces pays.

Pour services rendus.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:32.
Antoine de Lacoste
Antoine de Lacoste
Conférencier spécialiste du Moyen-Orient

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