La lettre du Président : une invitation à participer à un débat pour rien !

Non, Monsieur le Président, la nation française ne se réduit pas à une politique sociale ! La France est d’abord une nation politique fondée sur le service d’un ordre juste et sur une politique internationale centrale et équilibrée dans le concert européen. Ainsi votre proposition d’élaboration d’un contrat national - rien de moins ! - sur une conception aussi étriquée et réductrice n’est pas un signe de bon augure. Mais le contenu de votre lettre de cadrage ne l’est pas plus…

Vous nous demandez d’échanger pour améliorer un modèle social dont vous affirmez être fier alors qu’il est en échec. Car si le mouvement des gilets jaunes a un sens et une pertinence, et il faut croire qu’il en a puisqu’il vous contraint à cette consultation, c’est justement en ce qu’il remet en cause ce modèle social français. Vous êtes donc fier d’un échec ! Et vous nous demandez de souscrire !

Nous ne pouvons pas vous accompagner sur la base de ce postulat et nul doute qu’il en sera de même de la grande majorité de ceux que vous voulez faire sortir du cycle pervers de la violence, et faire rentrer dans le rang du fonctionnement policé de la République.

Quel peut, d’autre part, être le sens, la signification et la portée d’une consultation dont on ignore quelle sera la sanction démocratique ? Que peut apporter un débat à nature non identifiée dans une démocratie digne de ce nom ? À écouter vos ministres les plus proches, il s’agirait d’une forme de thérapie collective par le dialogue… Mais nous ne sommes pas un grand corps malade !

Ainsi, à partir d’une conception « apolitique » de la nation aux destinées de laquelle vous présidez, au prix d’une réduction au tout économique et financier cher à vos commanditaires, nous invitant à être fiers d’un modèle social qui traverse une crise sans précédent et que vous n’êtes pas prêt à remettre en cause puisque vous affirmez, une fois de plus, qu’il ne changera rien aux orientations de votre politique… vous nous invitez donc à participer à un débat pour rien. Est-ce bien sérieux dans un contexte de crise aussi grave ?

Enfin, last but not least :
- vous mettez de côté le débat sur le principe même de la politique de l’immigration que les Français condamnent majoritairement et que, il est vrai, vous venez d’avaliser et encourager en signant le traité - soi-disant pour rien - de Marrakech (on se demande, dès lors, pourquoi vous l’avez signé) ;
- vous ne proposez pas de discuter du fonctionnement des institutions européennes que les Français rejettent en majorité depuis leur refus du traité de Lisbonne, mais il est vrai, là encore, que vous avez annoncé votre refus de cette remise en cause au nom de votre rejet du nationalisme !

Ainsi la montagne accouche-t-elle d’un mistigri dont vous ne parviendrez pas à vous défaire aussi maladroitement...

Vous êtes bien l’homme que l’ancien monde a imposé à la France en lui faisant le coup de la révolution, puisque - faut-il le rappeler ? - c’était le titre de votre livre programme.

Le nouveau monde, dont les soubresauts de la naissance fissurent votre pouvoir, risque de nous apporter la révolution que vous n’aviez utilisée, comme avant vous Jacques Chirac l’avait fait avec la fracture sociale, que pour asseoir votre volonté cachée de préserver un système à bout de souffle…

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