Campagne « Ça suffit ! » : et sinon, à part lutter contre l’homophobie et la transphobie, on apprend quoi, à l’école ?

Dans le registre "Stop homophobie", on avait déjà, ces derniers jours, Bilal Hassani, icône LGBTQI+ de l'Eurovision. Mais ça, c'était du folklore et du show-biz, on n'était pas obligé de regarder la télé.

Depuis lundi, c'est du lourd : le ministre de l'Éducation nationale a décidé de rendre la promotion de l'idéologie LGBTI+ obligatoire dans les collèges et lycées sous prétexte de violences scolaires !

On le croyait plus "soft", Jean-Michel Blanquer ; dans les premiers temps de son gouvernement, il traitait le sujet plutôt avec des pincettes : les ABCD de l'égalité, l'enseignement de la théorie du genre, c'était de l'histoire ancienne. En novembre 2017, il confiait son "ressenti" à France Inter : "Est-ce que ça a été efficace ? Est-ce que cela a changé quoi que ce soit ? Non, au contraire, on a clivé davantage, donc on voit bien qu'il faut faire autrement" ; ne pas "braquer les familles ", c'était le mot d'ordre. Les militants de la Manif pour tous reprenaient espoir. Mais ça, c'était avant...

Avant la grande fracture sociale et le traumatisme des gilets jaunes. À présent, à coups de grands débats, Emmanuel Macron rame et entame une légère remontée dans les sondages. Sans doute le bon moment pour se mettre dans la poche ces communautés LGBTQI+ : un petit coup de pouce, un signal fort en ces temps de disette, toujours ça de pris, non ?

La grande campagne "Stop ça suffit" est ambitieuse et durable : jusqu'au 17 mai, grande "Journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie". À coups de "campagne d’affichage dans tous les établissements du second degré pour rappeler l’existence du service d’aide à distance ecoute.contrelhomophobie.org, accessible à toutes et tous par téléphone, mail et chat" et de "distribution aux collégiens et aux lycéens de prospectus proposant des pistes pour s’engager au quotidien et devenir un “allié” des jeunes LGBT", on veut du positif, de l'écoute, de l'engagement !

Un objectif incontournable, obligatoire car il faut à tout prix "aborder les questions relatives aux discriminations et aux stéréotypes fondés sur l’orientation sexuelle ou l’identité sexuelle, inscrites notamment dans les programmes de l’enseignement moral et civique".

Un angle d'attaque bien particulier pour lutter contre les violences à l'école que personne ne conteste. D'après un récent rapport de l'UNICEF, 51 % des élèves de 13 à 15 ans "déclarent avoir été victimes d'intimidation à l'école au moins une fois au cours des derniers mois et/ou avoir été impliqués dans une bagarre physique au moins une fois au cours des 12 derniers mois". Mais s'agit-il systématiquement de violence homophobes ? Rien ne le prouve.

On aurait pu imaginer un véritable plan efficace et réaliste : éduquer au respect de l'autre, aux règles de bienveillance, dénoncer l’hyper-sexualisation de la société, alerter les jeunes sur les dangers des réseaux sociaux, lutter contre le déferlement pornographique. Non, rien sur ces sujets, seulement et uniquement la lutte contre l'homophobie et la transphobie.

Les associations homosexualistes devraient être contentes. Même pas. SOS Homophobie fait part de sa déception dans le magazine Têtu et sur les plateaux d'Europe 1 : une affiche choisie à côté de la plaque, un slogan qui sonne creux et, surtout, surtout, parce que "rien ne les remplace", pas assez d'interventions en milieu scolaire.

Et pourtant, de telles associations revendiquées LGBTQI+ agréées par le ministère de l'Éducation nationale, il en existe beaucoup : Contact, Estim', Le Refuge, SOS Homophobie, Mouvement français pour le planning familial, Solidarité Sida, MAG Jeunes LGBT, ADHEOS, En tous genres, etc., il y en a pléthore ! Toutes interviennent dans les établissements scolaires pour promouvoir l'idéologie LGBTQI+ auprès des jeunes avec la bénédiction de l'Éducation nationale. Et ce n'est qu'un début puisque Jean-Michel Blanquer souhaite renforcer le dispositif.

À l'insu des parents ? Pas toujours bien au fait, en tout cas. Maintenant, ils savent !

À l'heure où la France hésite... à poursuivre ses grands changements sociétaux, à légaliser la PMA pour les femmes, à basculer définitivement dans le camp des destructeurs de la famille, cette campagne "Stop ça suffit !" vient vraiment à point pour faire avancer la cause. En instrumentalisant les haines et les violences, à défaut de trouver mieux.

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

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