Augmentation du coût du stationnement : coup de grâce pour nos centres-villes moribonds ?

Le remplacement de l’amende de stationnement de dix-sept euros par un "forfait d’occupation du domaine public" pouvant aller jusqu’à soixante euros est une bonne nouvelle en trompe-l’œil pour les communes françaises, prises à la gorge par la baisse inexorable des dotations de l’État et la suppression de la taxe d’habitation pour 2020. Et celles qui, comme Strasbourg ou Mulhouse, se sont d’ores et déjà engouffrées dans la brèche en adoptant des tarifs compris entre trente et quarante euros risquent de déchanter rapidement.

En effet, ce haro sur les automobilistes sera probablement le coup de grâce pour les commerces de centre-ville déjà moribonds. Le lien entre leur fréquentation et le stationnement est évident, comme l’est la concurrence impitoyable avec les enseignes de grande distribution qui disposent, quant à elles, souvent de vastes parkings gratuits.

En 2017, un rapport de l’Institut pour la ville et le commerce mettait en évidence la désaffection grandissante des centres-villes urbains. Ainsi, le taux de vacance commerciale y atteignait 11,3 % dans les villes de plus de 25.000 habitants, dépassant le seuil critique de 5 %.

Pire : alors qu’en 2001, 40 % des villes de plus de 25.000 habitants connaissaient une situation plus favorable à la moyenne, elles n’étaient plus que 7 % en 2016. À l’inverse, 60 % des villes sont dans une situation très défavorable en 2016, contre seulement 10 % en 2001.

À qui la faute ? Le travail de sape du e-commerce et des grandes surfaces n’est, bien sûr, pas étranger à ce bouleversement, dont il est loin d’être avéré que les retombées soient positives pour l’ensemble de la population.

En matière d’urbanisme, d’abord : moins rentable, la grande distribution est ainsi plus consommatrice d’espaces de vente puisque, pour le même chiffre d’affaires, il lui faut deux fois plus de surface que pour le commerce de proximité. L’emploi n’est, d’ailleurs, pas non plus au rendez-vous : Éric Zemmour rappelait ainsi, à juste titre, dans Le Suicide français, que pour un emploi créé par la grande distribution, ce sont trois à cinq emplois liés au commerce de proximité qui disparaissent. Encore la grande distribution ne propose-t-elle plus guère que des conditions de travail précaires, dominées par des horaires instables et du temps partiel imposé.

On pourrait espérer que ce constat alarmant serve de fil d’Ariane aux orientations urbanistiques de nos dirigeants éclairés. Il n’est est rien.

Dans la région Grand Est, qui compte la plus forte concentration de cellules commerciales en France, ce ne sont pas moins de deux nouveaux centres commerciaux qui devraient voir le jour cette année, dans la foulée de l’ouverture du complexe messin de « Muse » de 80.000 mètres carrés. Pendant ce temps, 80 cafés et bistrots mettent la clef sous la porte chaque année en Meurthe-et-Moselle, contribuant à la désagrégation du lien social dans tant de villes et villages.

Le commerce de centre-ville est-il, pour autant, condamné à disparaître ? Redresser la barre n’est peut-être pas impossible, pour peu que l’on accorde enfin aux acteurs locaux, au premier chef desquels figure le maire, de véritables leviers d’action.
Pris en étau entre des voies d’actions légales limitées et le rétrécissement de leur marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour, notamment, préempter, acquérir ou subventionner des locaux commerciaux, les maires des petites et moyennes communes doivent en effet enfin reprendre la main sur l’aménagement de leur territoire urbain et périurbain. Il s’agit d’un enjeu de civilisation, à l’heure où l’hégémonie des grandes surfaces sans âme érode chaque jour un peu plus le lien social, affectif et presque charnel qui unit les Français aux cœurs urbains historiques.

Dominique Bilde
Dominique Bilde
Députée européenne du FN

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