Yvan Colonna toujours entre la vie et la mort : la Corse en voie d’embrasement…

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La tentative de meurtre commise par le djihadiste franco-camerounais Franck Elong Abé contre Yvan Colonna, figure du nationalisme corse purgeant une peine de prison à perpétuité dans la maison centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône) pour l’assassinat du préfet Claude Érignac, le 6 février 1998, n’en finit plus de faire des vagues dans l’administration pénitentiaire. Une enquête vient de s’ouvrir ; elle pose les questions qui fâchent.

Tout d’abord, la place des islamistes radicalisés en prison. Les soigner ? Mais on ne « soigne » pas une idéologie, fût-elle radicale ou simplement tenue pour telle. Les regrouper n’aboutit, le plus souvent, qu’à les radicaliser davantage. On se souvient que les fondateurs de l’État islamique s’étaient monté entre eux turban et bourrichon dans les prisons américaines de Bagram et d’Abou Ghraib. Les mettre à l’isolement, alors ? Lors de l’élection présidentielle de 2017, le candidat Emmanuel Macron s’était engagé à construire 1.500 places « étanches ». Seules 350 l’ont été. Nous sommes loin du compte.

Ensuite, comment expliquer qu’un Franck Elong Abé, ayant fait ses classes à Bagram, puisse être employé à ces tâches ménagères généralement réservées aux prisonniers modèles, comme Yvan Colonna ? Pis, comment expliquer encore qu’on puisse laisser le Corse seul avec Elong Abé huit minutes durant, même dans une pièce filmée en permanence par des caméras de vidéosurveillance, sans qu’aucun gardien ne s’alarme de la tragédie en train de se jouer ?

Nul doute qu’à l’instar de toute administration incriminée, la pénitentiaire fera patte douce, profil bas et dos rond. En effet, avant même de répondre aux questions de Yaël Braun-Pivet, président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, elle a déjà discrètement exfiltré un autre islamiste de poids, Ali Aït Belkacem, artificier des attentats du RER parisiens de Saint-Michel, en 1995. Motif officieux évoqué à demi-mot par Le Figaro du 9 mars : « Prévenir des représailles sanglantes de la part des autres détenus du milieu corse ou marseillais. »

Nous en sommes là. Au lieu de résoudre les problèmes, l’État en est réduit à gérer la crise, les plans quinquennaux de jadis laissant la place à la politique de l’urgence au doigt mouillé. En revanche, il est de plus en plus à craindre que les compatriotes de la victime fassent preuve de moins de circonvolutions et de bienveillance…

D’où un Jean Castex, le Triboulet d’Emmanuel Macron, d’annoncer à la hâte le possible rapatriement d’Yvan Colonna dans une prison corse. Ce que demandent, en vain, ses proches et ses avocats depuis maintenant des années. Non point en raison d’une politique raisonnable et raisonnée entre Paris et l’île de Beauté, mais juste pour parer au plus pressé. Stratégie de gribouille, une fois de plus.

Car là-bas, la colère gronde et les manifestations se multiplient, à tel point que l’évêque local, cité par Le Parisien d’hier, prend la peine de pondre un communiqué rappelant que « l’esprit de vengeance et de violence engendre la barbarie », tandis que Gilles Siméoni, président du Conseil exécutif de Corse, déplore de voir l'île arriver à une sorte de « point de bascule ». Dans la foulée, les plastiquages de villas appartenant aux « pinesutes », soit les « Français du continent », reprennent de plus belle, tandis que le Front de libération nationale corse menace de revenir à la lutte armée.

Le préfet Amaury de Saint-Quentin a été d’urgence envoyé à Ajaccio afin d’y éteindre l’incendie qui couve. Il assurait, lors de sa prise de fonction : « Je peux comprendre la colère et la douleur mais l’urgence est de retrouver la voie de l’apaisement. Je ne viens pas en Corse comme un proconsul ou un gouverneur. » Fort bien. Mais si l’État français commençait par ramener ce même « apaisement » dans les prisons et dans le reste de la société, sa parole n’en serait que plus convaincante… Voilà qui n’est pas gagné, dirons-nous.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

37 commentaires

  1. A Grasse, de l’aveu gêné des magistrats eux mêmes, les populations carcérales doivent être séparées pour éviter que le blancs ne soient réduits en esclavage par une communauté arabo-africaine aux ordres des caïds. Et ce cas doit être à peu près général. Pas d’amalgame ! Pas de discrimination !

  2. Cela fait des années que l’énorme population carcérale arabo-islamique pose de très graves problèmes qui se sont maintes fois traduits par des violences intolérables allant jusqu’au meurtre. Que l’on se souvienne d’un meurtre commis à Fleury Mérogis au moment de la promenade un groupe de détenus arabo-islamiques formant écran autour de la victime pour dissimuler l’assassin. L’administration dissimule les réalités.

  3. je suis surpris que les corses ne demandent pas à voir physiquement YVAN COLONNA ..est-il encore vivant et dans le coma (en vie végétative )? ou est-il mort ? Cache-t-on la vérité aux CORSES? afin que celle-ci ne s’enflamme pas

  4. « les plans quinquennaux de jadis laissant la place à la politique de l’urgence au doigt mouillé ». Ils ne laissent pas la place, ils persistent en pleine forme. Demandez à Bayrou.

  5. Au lieu de se retourner contre l’état, qu’ils regardent vers les islamistes, ça me semble plus juste.

  6. Est-ce un hasard si les médias nous focalisent sur la Corse au moment où le ministère russe de la Défense va apporter la preuve des laboratoires biologiques américains présents en Ukraine. Il a aussi transmis les documents prouvant qu’une attaque ukrainienne contre le Donbass était prévue le 8 mars…

  7. L’attitude pour le moins curieuses de Gâteau sec dans cette affaire n’a pas été relevée et pourtant elle le méritait. Voilà un président qui négocie le rapatriement de Colonna et ? contre un soutien électoral. Dans d’autres endroits on appellerait ça du chantage mais chez nous il semble que ce soit une normalité !

  8. L’état français est responsable ou plutôt irresponsable d’avoir laissé Yvan Colonna seul avec ce fanatique islamiste. Il y a bien longtemps qu’il aurait du être rapatrié dans une prison corse avec les deux autres condamnés. L’administration pénitentiaire connaît fort bien la main mise des Caïds et autre islamos dans les prisons où ils règnent en maîtres. Et si la Corse s’embrase on sait qui en est responsble.

  9. Il y a longtemps qu’en France on ne gère plus les problèmes. On invente des solutions bancales pour faire avec et ce dans tous les domaines.
    Les gérer voudrait dire poser les données à plat et affronter.
    Maintenant on tourne autour du truc on fait des contours, des tours de cons. Le problème est toujours là et en réponse une usine à gaz.

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