En 2022, dans quelques mois, le gouvernement va développer un programme appelé « Mon espace santé » ou Espace numérique de santé (ENS) qui est destiné, d'après les autorités, à permettre aux usagers de « prendre leur santé en main » et aux professionnels d'exercer leur métier dans « des conditions plus fluides ».

Les usagers pourront donc, selon les termes de l'assurance maladie, gérer leur santé depuis leur smartphone ou ordinateur ; pour cela, ils pourront bénéficier de quatre fonctionnalités :

- une messagerie sécurisée pour recevoir des informations personnelles en provenance des professionnels de santé ;

- l'accès à leur dossier médical partagé (DMP) pour le compléter, stocker des documents et les partager avec les professionnels de santé ;

- un agenda de santé pour enregistrer tous les rendez-vous médicaux et recevoir les rappels personnalisés pour les vaccins ou les dépistages divers et variés ;

- enfin, un catalogue de service pour avoir un accès direct à des applications recommandées (?).

La sécurité et la protection des données figurant dans « Mon espace santé » sont garanties par l'État et l'assurance maladie sous le contrôle de la CNIL et de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information, bien évidemment, mais déjà, certains se sont émus que ces données soient gérées par des data centers américains (qui devraient cependant les rapatrier sur le sol français dans un proche avenir : à voir).

Ce programme informatique (dont on a tout de suite compris l'intérêt pour le malade) comprendra aussi et surtout le dossier médical partagé (DMP), qui est un carnet de santé numérique contenant les examens de prévention, les éléments du suivi médical, social et médico-social du sujet, ainsi que toutes les informations que le titulaire voudra bien y ajouter. Il pourra être consulté par les professionnels de santé après obtention du consentement du patient, mais une fois que ce dernier aura autorisé un professionnel de santé à accéder à son DMP, il ne pourra plus s'opposer, sauf motif légitime, à ce que celui-ci dépose dans le dossier les données qu'il jugera utile, et si un professionnel considère qu'une donnée sur l'état de santé ne doit pas être portée à la connaissance du patient, il pourra cependant la verser dans le DMP et la rendre inaccessible au patient.

Toutes les actions réalisées sur le DMP dans le cadre de « Mon espace santé », quel qu'en soit l'auteur, seront notées avec la date, l'heure et l'identification de tous ceux qui ont consulté ou alimenté ce DMP.

La création de ce dossier médical peut se faire à la demande du patient, par un médecin ou une structure de soins. Le patient doit en être informé et, éventuellement, peut s’y opposer, pour l’instant, mais une fois le dossier créé, il est à peu près impossible de le supprimer, à moins d'une procédure administrative très lourde.

On comprend mal l'intérêt de ce DMP pour le patient. Par contre, on comprend très bien son intérêt pour tout ceux qui sont intéressés par notre état de santé et les répercussions qu'il peut avoir sur notre mode de vie (emprunt, assurances, etc.).

Jusque-là, le dossier médical était encore couvert par le secret, et il fallait fracturer la porte du bureau du médecin pour y accéder. À partir du moment où il sera stocké dans des centrales de données, il est bien évident que n'importe quel hacker pourra y avoir accès. Mais c'est un progrès, nous dit-on !

 

 

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16 octobre 2021 à 11:05

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