Vite, une cellule psychologique pour Gérard Collomb !
Le Canard enchaîné révèle, ce mercredi, que ce pauvre Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, aurait confié à ses proches en "avoir un peu marre de passer pour le facho de service". Dans toute institution, et donc dans un gouvernement, il faut un gentil et un méchant, c’est bien connu. Un classique que le patron de toutes les polices de France devrait tout de même connaître, et on ne nous fera pas croire qu’il n’a jamais vu un film policier de sa vie, au moins la veille de sa prise de fonction, histoire de se documenter sur les habitudes de la maison.
Il faut un gentil. Il faut un méchant. C’est comme ça. Regardez, sous Chirac, le gentil Raffarin avait pour ministre de l’Intérieur le méchant Sarkozy qui voulait "kärcheriser" tout partout. Et ça plaisait beaucoup aux gens. Jean-Marc Ayrault était gentil, brave – comme on dit par chez nous –, et Valls pouvait s’en donner à cœur joie en fronçant les sourcils place Beauvau. Comme il ne sait pas faire autre chose, lorsqu’il rejoignit Matignon, il garda le rôle du méchant et c’est Cazeneuve qui récupéra en toute logique le rôle du gentil à l’Intérieur. Et l’on pourrait multiplier les exemples. C’est presque une loi physique.
Or, dans le casting actuel, le gentil, c’est Édouard Philippe. Et apparemment, cet homme, qui semble fait pour le bonheur, préfère le rôle du gentil. Il est Premier ministre, donc c’est lui qui décide de son rôle. Ça aussi, c’est un truc vieux comme le monde : c’est le chef qui décide. Et ça aussi, Gérard Collomb, qui a vu couler beaucoup d’eau entre Rhône et Saône, devrait le savoir. Donc, Gérard, avec ta face de Carême, tu vas te coltiner le rôle du méchant, et si t’es pas content, y a un TGV pour Lyon toutes les heures… Parce que le gentil sait aussi être méchant quand il faut. Mais là, j’invente.
Au fait, pourquoi "facho de service" ? Les annonces du gouvernement sur la future politique d’immigration et d’accueil des migrants, évidemment. Comme on dit, les critiques fusent d’un peu partout : à gauche, mais aussi dans les rangs composites de La République en marche. L’ex-camarade de jeu socialiste Benoît Hamon a même parlé, la semaine dernière, de politique « infâme ». "Le procès que l’on me fait est assez malhonnête", aurait confié Gérard Collomb. On devine que le grand humaniste qu’il est a du mal à endosser le pardessus de l’« infamie » ! Du reste, explique-t-il, cette politique, c’est pour "protéger les migrants" qu’elle sera mise en œuvre : "Si l’on veut vraiment agir pour protéger les migrants qui risquent leur vie dans les pays dont ils viennent, il faut bien savoir qui est qui." C’est vrai, mais les naïfs qui imagineraient une seconde que c’est d’abord pour protéger la France, son identité et les Français que cette politique sera mise en œuvre devraient y réfléchir un instant.
Espérons, néanmoins, qu’il ne sera pas nécessaire de mettre en place, au sein du cabinet de Gérard Collomb, une cellule psychologique pour soutenir le ministre. Il devrait se dire qu'on a connu pire, à l’Intérieur. Tenez, en 1947, l’année de naissance de Gérard Collomb. Grandes grèves en France, notamment dans le bassin minier du Nord. La CGT et le Parti communiste attisant le feu. Une répression policière sévère. En première ligne, le ministre de l’Intérieur socialiste Jules Moch. À l’Assemblée, qui ne ressemblait pas encore à un congrès de télévangélistes, les communistes se déchaînent. Florilège : "Chiens couchants !", "Vous avez soif de sang !", "Émule de Goebbels". La presse n’était pas mal non plus. Dans L’Humanité : "L’Histoire stigmatisera la conduite de ce perroquet vaniteux, technocrate et synarque." Ou encore : "Tous les Français dignes de ce nom vous haïssent […] vous plus que tout autre, Jules Moch qui faites pire que les nazis."
Le "facho de service" Gérard Collomb peut toujours se réconforter en lisant les journaux de son année de naissance.
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