Vers un « Mouvement 5 étoiles » à la française ?
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C’est une hypothèse qu’envisagent plusieurs commentateurs, malgré tout ce qui différencie les gilets jaunes du M5S, à commencer par l’inexistence d’un Beppe Grillo français.
Le style de Beppe Grillo est très italien ; il n’y aura pas de "Grillo français" mais les deux mouvements ont les mêmes origines et portent la même détestation d’une classe politique et médiatique inféodée aux puissances financières. Les gilets jaunes abhorrent non seulement Macron, le politicien qui a été banquier, mais aussi plus largement les partis politiques, le système représentatif et tous les corps intermédiaires impliqués depuis des lustres dans le statu quo politique (à commencer par les syndicats). Quant aux journalistes, ils sont confrontés concrètement pour la première fois à la mauvaise opinion que les Français ont d’eux (plus des deux tiers des Français les jugent dépendants du pouvoir politique et un peu moins des puissances d’argent, selon un sondage Kantar de janvier 2018).
Les deux mouvements sont motivés par la priorité donnée aux intérêts des plus riches (cadeau fiscal de cinq milliards d’euros aux 5.000 foyers fiscaux les plus riches, absence de mesures visant à mettre un terme à la fraude fiscale, laquelle serait de l’ordre de 80 milliards d’euros par an) et par le constat de la nature non démocratique du système représentatif. Ils sont partisans de l’introduction d’une forte dose de démocratie directe.
Ce mouvement compte des gens ayant des sensibilités diverses : 78 % des Français le soutiennent contre 22 % (le socle libéral) qui lui sont opposés. On y trouve beaucoup d’électeurs du RN et de LFI, mais aussi de nombreux abstentionnistes. Ouvriers, salariés, artisans et travailleurs indépendants constituent le gros de la troupe. Ces catégories sont les plus hostiles à l’immigration (sondage Fractures françaises 2018), les plus attachées à la nation (le drapeau et l’hymne nationaux sont les symboles de ce mouvement) et les plus enracinées dans nos terroirs. On pourrait penser que ce mouvement typiquement populiste (il dénonce les élites qui refusent de prendre en compte les revendications populaires) constitue un vaste réservoir d’électeurs pour le RN et DLF, mais ce n’est pas certain du tout parce qu’une grande partie de ses partisans (hormis ceux qui sont déjà de fidèles électeurs du RN) est méfiante à l’égard de tout ce qui ressemble à la droite, laquelle est supposée être liée aux puissances d’argent, et au RN qu’ils soupçonnent souvent d’avoir des arrière-pensées. Ils ne se satisfont pas non plus de LFI, même si une partie d’entre eux votent pour cette dernière (faute de mieux).
Il n’a échappé à personne que les populations immigrées sont absentes du mouvement et que les manifestations d’hostilité aux immigrés ont été nombreuses ; or, La France insoumise est en train de devenir le parti des immigrés (bien que 40 % de ses électeurs soient hostiles à l’immigration ; Mélenchon fait le grand écart).
Que pouvons-nous conclure de tout cela ? Que nous allons peut-être vers la formation d’un M5S à la française, favorable à la démocratie directe (introduction du référendum d’initiative populaire) et à une redistribution plus large des richesses, eurosceptique (ce sont ces catégories sociales qui sont les moins favorables à l’Union européenne), attaché à la nation (la nation est la seule richesse des pauvres ; elle est toujours livrée par les riches mais sauvée par les pauvres) et aux racines locales.
Vers un scénario à l’italienne ?
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