Vaccins : l’obligation en questions

Dans les colonnes du Parisien, deux cents médecins viennent de lancer un appel en faveur de la vaccination obligatoire contre onze maladies, afin de soutenir la proposition que le ministre de la Santé avait exprimée lors de sa prise de fonction, faisant suite à celle émise par son prédécesseur.

Actuellement, trois vaccins sont obligatoires : le tétanos la diphtérie et la polio. Devant la recrudescence de certaines maladies infantiles comme la rougeole et la coqueluche, dont la vaccination n'est que conseillée, et comme, paraît-il, 41 % des Français sont méfiants face à la vaccination, les autorités proposent de rendre obligatoires onze vaccins, soutenues en cela par ce collectif de médecins.

Certes, il ne s'agit pas de remettre en cause les bienfaits de la vaccination, qui a permis d'éradiquer des maladies dramatiques comme la variole, la polio ou le tétanos, mais on peut se poser des questions sur la nécessité d'obliger les parents à faire vacciner, dès le plus jeune âge, leurs enfants contre certaines maladies telles que l'hépatite B en l'absence de tout risque familial.

Certains peuvent voir dans cette obligation une atteinte au libre choix, mais en dehors de la vaccination contre le tétanos, qui n'implique que soi-même, il faut se souvenir que la vaccination protège aussi les autres en évitant d'être contagieux ! Argument en faveur de l'obligation vaccinale.

Peut-être aurait-on pu proposer une liste moins longue de vaccins obligatoires, ce qui eût été mieux accepté par l'opinion publique, qui ne manquera pas de voir derrière cette démarche la puissance du lobby industriel pharmaceutique pour imposer ses directives et élargir son marché.

On aurait pu, également, profiter de cette occasion pour reparler de l'incidence peut-être néfaste de la présence de sels d'aluminium dans les vaccins, de leur nécessité ou non, et de leur possible toxicité à long terme. Il est très difficile d'avoir un avis tranché sur ce sujet car les prises de position, pour ou contre, semblent souvent plus dogmatiques que réellement scientifiques.

Quant à proposer l'obligation pour une période transitoire, c’est un peu surréaliste. Si la plupart de ces vaccins sont, comme je le crois, utiles et nécessaires pour la collectivité, il faut vacciner et ne pas s’arrêter à une mesure transitoire.

Mais, faute d’avoir su convaincre, l'obligation risque donc d'être ressentie comme une atteinte au libre arbitre, même si elle se justifie sur le plan de la santé publique, et les médecins doivent faire leur mea culpa pour n’avoir pas su être suffisamment convaincants auprès de leurs malades.

Il faut dire, à leur décharge, qu'ils n'ont pas été aidés par les autorités lors de la catastrophique gestion de la campagne de vaccination anti-grippe de 2009, qui a tourné à la pantalonnade.

Dr. Jacques Michel Lacroix
Dr. Jacques Michel Lacroix
Médecin - Médecin urgentiste et généraliste

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