Une messe le 15 août à la télé ? Quelle audace !
Dans un communiqué de presse daté du 16 juillet, la chaîne C8 a annoncé proposer, pour la première fois, la messe du 15 août de Cotignac : « Cette année, pour la solennité de l’Assomption, la messe sera célébrée en direct à 11 h par Mgr Dominique Rey, évêque du diocèse de Fréjus Toulon, accompagné de frère Hubert-Marie, recteur du sanctuaire Notre-Dame de Grâces. »
Sur Twitter, Jean-Michel Aphatie ironise : « Quelle audace dans la programmation, quel spectacle, quelle modernité. Bravo C8. Étonnant, non ? »
Le 15 août, devant la télé, à 11h. Quelle audace dans la programmation, quel spectacle, quelle modernité. Bravo #C8 Étonnant, non? pic.twitter.com/T7S9spWxkh
— jean-michel aphatie (@jmaphatie) July 28, 2021
Non, ce n’est pas étonnant. Et pas seulement - le sous-entendu est si clair - parce que la chaîne appartient à la « galaxie Bolloré » : le 14 juillet, il y a un défilé militaire retransmis à la télé, le 1er janvier, on fête la nouvelle année sur tous les plateaux avec force paillettes et cotillons, alors pourquoi, le 15 août, jour férié en même temps que fête religieuse - étonnant, non ? Et si les racines chrétiennes de la France n'étaient, finalement, pas une « fake news » de la fachosphère ? -, serait-il illogique qu’il y ait une messe…
Oui, c’est audacieux, spectaculaire et moderne. Car il n’y a rien de plus transgressif que de s’afficher catholique, de plus conformiste que de faire montre d’un anticléricalisme usé jusqu’à la corde. Je l’ai déjà dit, je crois, il est bien plus punk d’aller à la messe qu’à la Gay Pride. La preuve ? Vous pouvez vous vanter, le lundi matin, auprès de votre prof ou votre patron, de vous être rendu à la seconde. Pas à la première.
On pourrait rétorquer à celui qui a été baptisé, comme tant de sa génération, sous le double patronage d’un évangéliste - pas n’importe lequel, le préféré du Christ - et d’un archange - pas n’importe lequel non plus, celui qui, précisément, est apparu à Cotignac - qu’il pourrait avoir au moins la reconnaissance du ventre : si l’on en croit sa fiche Wikipédia, il a commencé sa carrière, jadis, comme garçon de café à Lourdes. Gageons que, le 15 août, les pourboires devaient peser plus lourd.
On pourrait se demander si Jean-Michel Aphatie ne nourrit pas une rancune secrète particulière contre les pèlerinages, Louis XIV et, par ruissellement, pour reprendre un mot cher à notre Président, la France : n’avait-t-il pas déclaré que sa première mesure, s’il devenait président de la République, serait de « [raser] le château de Versailles », « pour que nous n’allions pas là-bas en pèlerinage cultiver la grandeur de la France » ? C’est en effet par l’intercession de Notre-Dame de Grâces de Cotignac que Louis XIII et Anne d’Autriche donnèrent enfin naissance à un hériter : le 20 février 1660, Louis XIV se rendit donc à Cotignac, au sanctuaire Notre-Dame de Grâces, remercier la Vierge Marie du don de sa naissance.
On pourrait, enfin, lui faire une suggestion : de tourner le bouton, le 15 août, pour aller sur une des nombreuses autres chaînes. C’est l’avantage de la pluralité des programmes. Mais il est vrai que pour Jean-Michel Aphatie comme pour beaucoup de journalistes de sa génération, toutes les diversités sont enrichissantes, sauf la diversité d'opinions, spécialement dans les médias.
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