Antonio Gramsci a expliqué que les élites s’appuient sur une culture dominante pour préserver leur hégémonie. Cette domination métapolitique permettait, au début du XXe siècle, à la bourgeoisie de résister aux tentatives révolutionnaires. En mai 68, la jeunesse révolutionnaire contesta l’ordre moral imposé par l’Église catholique. À partir de cette année, la prédominance d’une contre-culture libertaire s’installa. L’élection de Valéry Giscard d’Estaing, en 1974, permit, pour ses promoteurs, des « avancées » : abaissement du droit de vote à 18 ans et loi sur l’interruption volontaire de grossesse. En 1976, un décret autorisa le regroupement familial pour satisfaire le patronat. Mais le pouvoir échappait encore aux forces de gauche. Un Programme commun avait été conclu en 1972 entre le PCF, le Parti socialiste et les Radicaux de gauche. Le succès électoral arriva en 1981 alors que l’économie française enregistrait une hausse du chômage due aux chocs pétroliers de 1973 et de 1979.

À présent, la pandémie du coronavirus constitue un choc qui renverse la domination de l’idéologie soixante-huitarde. La thèse de la mondialisation heureuse est contredite par la propagation d’un virus parti de Chine. La société ouverte est manifestement ouverte à des dangers mortels. Les adeptes de l’ultralibéralisme sont sur la défensive. Les libéraux sont d’accord pour distribuer des centaines de milliards de subventions, en contradiction avec l’orthodoxie libérale. L’illusion de la mondialisation heureuse s’est évanouie. Les chefs de guerre du passé sont à nouveau mis à l’honneur. Emmanuel Macron essaye de se hausser au niveau de Georges Clemenceau et de Charles de Gaulle.

On a assisté à un anti-Mai 68 : les Français souhaitent désormais des frontières protectrices et des dirigeants qui défendent les intérêts de la France. C’est la morale étouffante du « politiquement correct » qui est rejetée aujourd’hui. Les deux conditions sont réunies pour une victoire électorale des partis d’opposition : un changement du paradigme dominant et une crise économique.

Le Rassemblement national se trouve dans la posture du PCF d’après-guerre. Il a de bons résultats auprès de l’électorat populaire. Mais il ne peut pas accéder seul au pouvoir car il se situe à une extrémité du spectre politique. Le RN est incontournable mais il a besoin d’alliés. Le Parti socialiste et Les Républicains sont déconsidérés par la participation de certains de leurs membres au pouvoir macronien. Toutefois, il existe de petits partis qui pourraient permettre une véritable alternance politique. Ces petits partis sont encore peu connus et ils pourraient incarner le renouveau.

Dans ce nouveau contexte métapolitique et économique, il suffit de mettre en œuvre une stratégie adéquate pour renverser le système. Il faut d’abord rejeter toutes les injonctions des inquisiteurs soixante-huitards. Ensuite, il faudrait combattre les fondamentaux de l’idéologie mondialiste. La République macronienne promeut le vivre ensemble, l’ultralibéralisme et le cosmopolitisme. Mais cette République a des valeurs antinomiques aux valeurs de la République française :

- la liberté n’existe plus quand le Président est aux ordres d’institutions supranationales et du grand capital, les Français sont alors soumis à des intérêts étrangers ;
- l’égalité est bafouée par l’instauration de discriminations au profit de minorités labellisées par la morale « politiquement correcte », en contradiction avec le principe d’égalité des citoyens français ;
- la fraternité a disparu à cause du mépris des « élites » à l’encontre des Français.

Ainsi, les valeurs de la République française sont dévoyées. De plus, il faudrait dénoncer l’utopie du paradis multiculturel. Il faudrait, ainsi, proposer aux Français de sauver la France en restaurant sa souveraineté et en préservant son identité !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 04/06/2020 à 18:21.

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30 mai 2020 à 18:52

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