Une Anne Boleyn noire, symbole du complexe indigéniste

ANN BOLEYN

Le Monde vient de nous apprendre qu'une série consacrée à Anne Boleyn, éphémère épouse du roi d'Angleterre Henri VIII, était diffusée en ce moment même sur la chaîne britannique Channel 5. L'interprète du rôle-titre est l'actrice Jodie Turner-Smith. « Hyphened name : very good family » (nom à tirets : très bonne famille), diraient spontanément nos voisins anglais, qui sont snobs, comme on sait.

Jodie Turner-Smith est noire, poursuit le grand quotidien du soir. La belle affaire. On ne fait plus que hausser les épaules à ce genre d'annonce. Le même choix a été fait pour le rôle d'Achille, en 2017, pour celui d'une guerrière viking, plus récemment, ou encore dans la série Netflix La Chronique des Bridgerton. Les gens finiront par y croire. Le rôle de l'Histoire officielle est de politiser le passé, quitte à mentir. On n'avait jamais fait aussi gros, mais ça passera, vous verrez.

Je ne reviens pas sur le sens unique de cette affaire : le racisme ne semble s'exercer que contre les Noirs. Pour ne pas être accusés de racisme, par exemple, nos amis américains sont prêts à toutes les absurdités : dans Gran Torino, de Clint Eastwood, les méchants sont une bande de racailles hmong (les célèbres bandes de Hmong qui foutent la pagaille, comme on en croise aussi sur nos lignes de RER ) ; dans Equalizer, face à un vétéran des forces spéciales afro-américain, les méchants sont des Russes (les célèbres mafieux russes qui ont mis l'Amérique en coupe réglée). Dans les deux cas, débauche de clichés : les Hmong vivent en vase clos, chiquent et crachent par terre (ah, ces Asiatiques...), les Russes sont des barbares sadiques couverts de tatouages de taulards (« Oh those Russians », comme disait Boney M. dans « Raspoutine »...) Mais là, on peut.

Ne parlons pas non plus, une nouvelle fois, du fait qu'on n'imagine pas Brad Pitt jouer Mandela, alors qu'on verra sans doute un jour Omar Sy en de Gaulle (avec Jamel Debbouze en Malraux...). Sens unique, là encore.

Non, les deux questions que je me pose sont plutôt celles-ci : d'abord, Jodie Turner-Smith est-elle une bonne actrice ? Apparemment oui, si l'on en croit les critiques. Mais surtout : pourquoi ne nous propose-t-on pas, carrément, un biopic de deux heures sur un héros africain qui a marqué l'Histoire du monde ? Tant qu'à faire...

Eh bien, c'est typique de nos indigénistes complexés : pour détruire ou tordre le patrimoine blanc, il y a du monde. Mais pourquoi ne proposent-ils pas leurs héros ? On attend.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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