Un 11 novembre 1919 occulté par les ouvriers imprimeurs

11 novembre Hoff

Que s’est-il passé, le 11 novembre 1919 ? Comment a-t-on commémoré le premier anniversaire de l’armistice en France, et particulièrement à Paris ? À vrai dire, il existe peu d’archives sur ce sujet. Les journaux nationaux et locaux ne relatent aucun événement majeur dans leurs éditions du lendemain et même celle du surlendemain. Pour cause, les ouvriers imprimeurs sont en grève. L’Express du Midi du 11 novembre relate que « les employés et ouvriers de toutes catégories des imprimeries de journaux, typographes, linotypistes, rotativistes, opérateurs […] se sont réunis cet après-midi, [10 novembre, NDLA] dans la grande salle de la Maison des Syndicats […] Les assistants ont pris connaissance de la réponse patronale au sujet des 5 francs d’indemnité de cherté de vie que réclament les ouvriers. Cette réponse étant défavorable, la grève a été votée par acclamation […] »

Cette grève, qui devait vite se terminer, va se durcir, prendre de l’ampleur au point de s’étaler sur près de trois semaines. Même les employés des Grands magasins du Louvre se sont joints au mouvement. « Les portes sont restées fermées. Seule une des portes donnant rue Marengo a été ouverte. C’est par là que s’est effectuée la rentrée des employés non grévistes. »

Le Journal des débats parlementaires n° 334 daté du mercredi 12 novembre au mardi 2 décembre 1919 y va aussi de explication : « La grève du personnel des imprimeurs ne nous visait pas particulièrement : nous avons été touchés, ni plus ni moins que tous nos confrères, et nous nous sommes associés à eux pour que le public eût à souffrir le moins possible d’un cas de force majeure au premier chef […] la grève qui vient de finir ne laissera entre collaborateurs de l’œuvre commune aucun sentiment d’amertume. »

Les journalistes, qui ne reviennent pas sur les éléments passés, sont en fait beaucoup plus focalisés sur les élections municipales qui se déroulent les 30 novembre et 7 décembre. Elles devaient se tenir en 1916, mais pour cause de guerre, les municipalités élues en 1912 sont restées en place.

Tout juste apprend-on que la journée du 11 novembre 1919 devait être chômée, mais « à la dernière le gouvernement [de Georges Clemenceau, NDLA] a décidé que non. Seulement une messe solennelle sera célébrée aux Invalides, en présence du maréchal Foch », rapporte La Croix du 11 novembre.

C’est à l’occasion du premier anniversaire de l’armistice qu’a aussi eu lieu, pour la première fois en France, une minute de silence, un peu partout en France. Une minute de silence qui n’a pas lieu devant les monuments aux morts car, à cette époque, seul un seul monument de ce type a été érigé le 11 novembre 1919 : dans l’Ain, à Peyrieu, grâce aux dons d’un couple d’Américains, John et Grace Hoff. Propriétaires d’un château dans la commune, ils veulent rendre hommage aux 38 soldats défunts de Peyrieu… Un superbe geste en l’honneur, également, de l’amitié franco-américaine.

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