« Tu vas la fermer » : la gauche à l’Assemblée nationale, toujours plus bas

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Au fond, comment en vouloir au député de Guadeloupe, Olivier Serva, qui n'en pouvait plus de l'obstruction de Renaissance ? Il demandait la réintégration des soignants non vaccinés, ce qui est une évidence absolue. En répondant ainsi, dans la nuit de jeudi à vendredi, au député Maillard (Renaissance) qui lui coupait la parole, il n'a d'ailleurs pas « perdu ses nerfs », comme l'affirme bêtement la presse du jour. Il est même resté relativement calme et il est probable que le député, dans un contexte moins formel, n'aurait pas mérité d'autre réplique.

Il y a, en revanche, deux vrais problèmes dans les conséquences de cette petite sortie de route. D'abord, le député Serva n'a pas été sanctionné. Il n'est pas dans le camp de la haine, lui. Et il n'a pas prononcé le mot « Afrique ». Donc, quand on n'est pas RN et qu'on ne parle pas d'immigration, on peut dire ce qu'on veut. Son groupe, LIOT, est l'allié objectif de Renaissance dans plus d'une circonstance. Il n'y a donc, aux yeux de la Macronie, aucune similitude entre les deux affaires - à part le côté ridicule des deux présidentes, l'une de la séance de jeudi, l'autre de l'Assemblée tout court, qui ressemblaient toutes deux, au moment de sévir, à des profs principales de collège complètement aux fraises.


L'autre problème est plus fondamental et remonte à plusieurs années. Il y a eu les coups de casque du député El Guerrab à l'un de ses collègues, les hurlements de LFI sans cravate, Louis Boyard chez Hanouna, Sandrine Rousseau dessinant un vagin avec ses mains sur les bancs de l'Hémicycle. Il y a désormais le « Tu vas la fermer » qui, encore une fois, n'est ni injustifié ni aussi grave que beaucoup d'autres débordements. Ce problème, c'est celui de la tenue. Quand on a l'honneur d'être l'employé du peuple, des « gens » comme dit Mélenchon, on se fait beau pour eux. On met une cravate, on « cause riche », on se tient bien. C'est une forme de respect pour les gens qui vous ont élu et qui ne voudraient pas avoir honte de vous. Le Sénat romain était décrit par le négociateur de Pyrrhus comme une « assemblée de rois », vous vous souvenez ?

Désormais, on aurait du mal à trouver dix rois en puissance dans le triste ramassis de vulgarité et d'inculture qui siège à la chambre basse.

« Quand les peuples cessent d'estimer, ils cessent d'obéir », disait Rivarol. Je crois que l'on n'a jamais été aussi près de l'un comme de l'autre. Et tout est de la faute de ceux qui ont voulu se prévaloir du beau titre d'élu du peuple.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

38 commentaires

  1. Revu dans une émission. Il recadrait la ministre qui créait un tumulte … Sans être remise en place par la présidente de l’assemblée ! Il aurait été du RN … que se serait il passé ?

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