[Tribune] Violences faites aux enfants : la médiocrité du plan Borne

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Après des annonces particulièrement anémiques pour contrôler les violences urbaines, effectuées il y a quelques semaines à la Sorbonne, Élisabeth Borne vient de présenter le plan de son gouvernement pour lutter contre les violences faites aux enfants. Et une fois encore, on ne peut que constater l’absence de vision à long terme et d’efficacité prévisible d’un projet qui s’inscrit, en réalité, dans de la communication et de la propagande gouvernementale.

Sujet extrêmement sensible sur lequel le général de Gaulle, alors chef du gouvernement provisoire, s’était penché avec l’ordonnance de 1945, il apparaît comme une évidence que les propositions retenues par Mme Borne ne résoudront en rien ce qui s’avère être un véritable fléau pour une partie de notre jeunesse.

Selon les chiffres connus, en France, aujourd’hui, un enfant meurt chaque semaine sous les coups de ses parents. En 2022, pas moins de 40.534 dossiers d’enfants en danger ou en risque de danger ont été traités par le « 119 », service national d’accueil téléphonique dédié*. 370.000 enfants ont fait l’objet d’une prise de mesure de protection au titre de l’ASE (aide sociale à l’enfance) qui, rappelons-le, est de la compétence des départements. Quant au coût financier de cette politique, il représentait en 2021, pour l’ensemble des départements, plus de neuf milliards d’euros, en croissance quasi constante.

Ainsi, derrière un discours socio-politique éculé, hérité en droite ligne des années 1980, le Premier ministre, entouré de onze membres de son gouvernement, a présenté ses objectifs pour la période 2023-2027.

Parmi eux, le renforcement de l’Office des mineurs (OFMIN), lequel devrait passer de 35 à 85 policiers et gendarmes. Créé en août 2023 afin d’améliorer le traitement des violences commises contre les mineurs, ce nouvel office verra donc ses moyens humains renforcés. Dans le contexte de la suppression de la direction centrale de la police judiciaire à laquelle il était rattaché, on ne peut toutefois que s’interroger sur la cohérence de ces décisions.

La création de dix postes de « délégués départementaux » dédiés au pilotage de la protection de l’enfance et interlocuteurs privilégiés des préfets et des conseils départementaux. Là encore, en dehors du flou entourant leurs compétences réelles et la faiblesse du nombre des postes créés, comment ne pas y voir une mesure aussi redondante que superfétatoire.

Également annoncé, un « coup de pouce de 1.500 euros » aux jeunes sortants de l’ASE à leur majorité. Sachant que près de 35.000 jeunes bénéficiaient, en 2021, d’un « contrat jeune majeur », il est facile d’imaginer le coût de cette mesure pour la collectivité nationale. Coût d’autant plus interrogeant que l’on ne sait pas si ce « coup de pouce » sera ou non conditionné à un quelconque projet d’insertion ou professionnel.

D’autres mesures, souvent déjà existantes sous d’autres formes ou d’autres appellations, font partie de ce plan gouvernemental. De nombreuses associations spécialisées dans l’aide à l’enfance n’y voient donc rien de nouveau et de vraiment innovant et, surtout, considèrent que ce texte est sans portée réelle sur un phénomène qui prend de l’ampleur chaque année. Un plan de communication, alors qu’il aurait fallu un plan d’urgence. Un ensemble de « mesurettes », alors qu’il aurait fallu rechercher des mesures à même de s’attaquer à ces violences qui rongent une partie de notre jeunesse souvent la plus déshéritée. Élisabeth Borne, malgré les nombreuses propositions présentées par les professionnels du secteur dans le cadre de travaux préparatoires, s’est contentée, une fois de plus, du minimum minimorum. Mais n’est-ce pas la marque de fabrique de ce pouvoir en place ?

*Pour un tiers des enfants victimes de violences, les parents sont auteurs présumés (pères à 36 % et mères à 50 %). Dans 95 % des cas, les violences contre les mineurs sont le fait du cercle familial proche.

Olivier Damien
Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Mais dans quel monde vivent ils tous ces nantis qui s’imaginent qu’en distribuant de l’argent ils résoudront tout . De plus ils sont déjà les champions de la violence faite à nos petits : masques inutiles , vaccin covid , vaccin contre le cancer de l’utérus pour les garçons , intervention de personnes inapropriées dans les crèches et les écoles et j’en oublie . Des incapables .

  2. Entre autres mesures urgentes à mener c’est un audit indépendant de la fameuse ASE : 50% des enfants n’y ont pas leur place mais un certain nombre d’officines qui gravitent autour y ont tout intérêt financièrement, voir l’article Nexus numéro 148 d’octobre 2023

  3. Et les masques qui ne servent à rien pour les enfants depuis la maternelle, et les cours de sexualité qui les perturbent… La Borne ne les voit pas ou bien ces violences sont pour elle acceptables?
    Les masques sont des violences physiques (problèmes respiratoires et énormes risques d’infections respiratoires et buccales, mais aussi psychiques.
    Quand aux cours poussant à la sexualité débridée…..

    • ils s’ attaquent aux années d’innocence et de candeur auxquels ont droit tous les petits enfants, jusqu’à l’adolescence. Ou même plus tard. Ils sauront se poser des questions lorsque le moment viendra,, et ils les poseront,, à leur parents, de préférence, qui, mieux que personne, sauront leur dire ce qui doit être dit.

  4. Que peuvent-il faire, la situation de la France dans tous les domaines est tellement dégradée et certains sujets sont des barils de poudre, que nos « gouvernants », si tant est qu’ils gouvernent encore quelque chose, sont tétanisés par ce qui pourrait mettre une étincelle dans le baril, alors faire des projets à long terme relève de vœux pieux. L a dégringolade ne peut que s’accentuer, quelle que soit la formation politique qui serait à l’Élysée.

  5. Je me demande dans quelle monde ces gens là vivent et cette première ministre en premier. La tout d’ivoire est leur lieu privilégiés alors ne nous étonnons pas de voir la France dirigées par de tel personnages issus de grande écoles se liquéfier autant à grande vitesse.

  6. Quand on n’a pas où qu’on ne veut pas créer les conditions d’un redressement du pays dans tous les domaines on saupoudre avec de l’argent que l’on emprunté alourdissant la dette qui s’envole. Nous le paierons un jour.

  7. Neuf-9 Milliards? Combien dans la poche de ses soit disante aide à l*enfance. Journaliste, faite votre petite enquête. Car on va connaître les vrais frais de prise en charge de ces pauvres gosses.

  8. Pourquoi s’étonner ? Cette femme est une fonctionnaire qui n’a connu que cela. La vie réelle lui est étrangère. Elle ne sait que pleurnicher et martyriser les français. Elle ne décide sûrement pas. Elle ne fait qu’appliquer ce qu’on lui dit de faire. A nous répéter qu’elle est super intelligente, cela doit cachet quelque chose. Ministre du travaill, elle a inventé (?) la suspension des salariés, sans possibilité de travailler ailleurs. On ne retrouve cela que dans les pires régimes dictatoriaux. Il faudra la juger.

  9. Elisabeth Borne ne semble plus croire elle-même à l’efficacité de son action.
    Plan vélo, plan serviettes hygiéniques, chèques réparation fermeture éclair,… N’en jetez plus, on ne sait plus où donner de la tête tellement ce gouvernement nous impressionne par son talent !
    Il est fort probable que notre première ministre soit débranchée après le vote, ou le non vote, de la loi immigration. N’oublions pas qu’elle avait pour mission d’élargir sa majorité, ce dont elle a été incapable.
    Cela dit, je n’aimerais pas être à sa place alors que Macron ne lui laisse que quelques miettes de pouvoir.

  10. Depuis Mitterrand seule la com pour se faire mousser intéresse ceux qui gouvernent. Plutôt que de créer des énièmes « structures » nouvelles, si on commençait plutôt par demander à ceux dont c’est le métier comment ils voient les choses ? Mais ce serait admettre qu’il existe des domaines dans lesquels il existe des domaines où on peut trouver des gens plus compétents que nos ministres. Or si on sort de l’X comme Borne ou de l’ENA comme Narcisse, on sait forcément tout sur tout.

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