[Tribune] L’Ocean Viking vogue, l’Union européenne sombre

drapeau européen

Après avoir débarqué son groupe d’immigrants « clandestins » à Toulon, l’Ocean Viking fera relâche dans un port français avant de retourner croiser en Méditerranée pour poursuivre « ses activités de recherche et de sauvetage » conférées par SOS Méditerranée (site de l’association). Ces navires autoproclamés humanitaires jouent en effet un jeu dangereux avec les réseaux de passeurs, comme une enquête de la police italienne et un rapport de Frontex l’ont démontré. C’est à juste titre que Jordan Bardella a demandé au Parlement européen « la constitution d’une commission spéciale d’enquête sur la collusion entre certaines ONG et des filières de passeurs ».

Ces ONG usent du chantage émotionnel comme arme de communication et de l’interprétation du droit maritime comme arme juridique. La définition du « port sûr » le plus proche est au centre du débat. Aucun port africain ne serait donc sûr ? Car, dans la mesure où ces navires croisent à proximité de la Libye, la terre la plus proche est le contient africain. Au demeurant, nous sommes en présence non de « fortunes de mer » mais de gens qui se mettent eux-mêmes en difficulté. Il s’agit d’une confrontation idéologique et politique entre des États qui entendent rester maîtres de leurs frontières et de leur destin et des ONG de gauche, adeptes de l’idéologie immigrationniste.

L’événement que nous venons de connaître est donc appelé à se reproduire et, une fois encore, l’Union européenne a révélé son impuissance. La question du droit d’asile est régie, mais à l’évidence non réglée, par le système de Dublin (règlement Dublin et base de données biométriques Eurodac) qui devait déterminer quel État est compétent pour traiter la demande d’asile. Deux critères ont été retenus : l’État avec lequel le demandeur d’asile a le plus de liens, notamment familiaux, ou le premier État sur le territoire duquel il est arrivé. Il est évident que ce dernier critère a eu pour effet de faire peser un poids très lourd sur la Grèce, Malte et l’Italie. Et l’on comprend la réaction du gouvernement italien, qui a dû recevoir 72.726 migrants illégaux en 2022 (Département de la sécurité publique d’Italie), déjà bien plus que pour 2021 (47.959). Depuis 2020 est en discussion à Bruxelles un nouveau « pacte sur la migration et l’asile » qui remplacerait le système de Dublin. Aucun accord n’est en vue car les États membres ne veulent pas abdiquer leurs droits souverains entre les mains de l’Union européenne qui déciderait en leur lieu et place. On se souvient que la volonté de répartition arbitraire de quotas de migrants avait été très fortement contestée par certains États.

Les dernières controverses entre la France et l’Italie manifestent un conflit idéologique entre un gouvernement mondialiste et euro-béat et un gouvernement national et euro-réaliste mais, plus profondément, il s’agit d’un conflit entre la légitimité démocratique et un système juridique et idéologique. Jean-Claude Juncker en avait dressé les contours lors d’un entretien au Figaro (28/1/2015), lorsqu’il avait déclaré : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. » Ainsi, donc, l’Union européenne, par la voix du président de la Commission, déclarait pouvoir passer outre les choix démocratiques qui ne lui convenaient pas.

La question n’est pas théorique. Mme Meloni a été élue notamment pour endiguer l’arrivée massive d’immigrants illégaux sur le sol italien. Or, les règles européennes, les ONG et l’interprétation du droit maritime prétendent l’en empêcher ! En démocratie, le peuple est censé être la source de la loi. C’est même la caractéristique d’un « peuple souverain ». Si le libre choix d’un peuple est rendu inopérant du fait d’un système juridique, on perçoit bien que l’on se trouve dans une situation intenable qui peut être mortifère pour la démocratie elle-même. Car si le peuple constate que ses choix ne sont pas respectés au nom d’une construction juridique préexistante, il se détournera d’une démocratie impuissante et illégitime, puisque bafouant la volonté du peuple.

Si les règles sont mauvaises ou paralysent l’action, il convient de les faire changer, mais dans l’urgence, le dernier mot ne peut que revenir qu’au gouvernement concerné et certainement pas à la Commission européenne (élue par personne), aux ONG ou à d’autres États. Dans un tout récent entretien à Radio Classique (14/11/2022), Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration, mettait en garde sur le fait que l’immigration est « la projection du chaos du monde et peut nous emmener au chaos ». Peut-être faudrait-il l’écouter et se souvenir que l’Histoire est impitoyable pour les faibles et les naïfs.

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

33 commentaires

  1. « une fois encore, l’Union européenne a révélé son impuissance. » Pas son impuissance, sa veule complicité, sous les ordres de Soros.

  2. Je vous remercie pour votre article . ceci étant je pense que vous enfoncez des portes ouvertes : « si le peuple constate que ses choix ne sont pas respectés, il se détournera d’une démocratie impuissante  » !! alors pourquoi le peuple ne s’est pas détourné lors des présidentielles du 2eme mandat de Macron ! vous voyez bien que ça ne tient pas la route à moins de considérer qu’il y a eu fraude ! et alors ? nous avons vu très vite comment fonctionnait ce gouvernement et les « sujets » que nous sommes, ont réitérés !! l’affaire Benalla, les vaccins et tant d’autres choses auraient dû amener sa destitution ! et alors ?

  3. Un naufrage est très souvent accompagné d’une catastrophe en vies humaine. En revanche, que le « machin europe » madr in CIA sombre, serait plutôt un bien pour la démocratie et les peuples qui souhaitent la faire vivre.

  4. Ce ne sont pas les lecteurs de BV, de FP, ou de VA qui entraînent bêtement la France à la catastrophe, ce sont les bobos faibles d’esprit qui élisent la macronie!
    Mais comme les moutons de Panurge , dont ils ignorent évidemment l’histoire, car il faut savoir lire et avoir un minimum d’esprit, ils sautent de la falaise à pieds joints sans même s’en rendre compte!
    Le problème c’est qu’ils acceptent l’aide des gauchistes, ultra destructeurs, qui leur est utile mais qui les condamne eux-mêmes comme ils trahissent la France.

  5. La reflexion de Juncker concernant la prédominance des traités européens sur la voix démocratique est insupportable ;
    Quitter cette Europe au plus vite , car c ‘est elle qui nous précipitera dans le chaos

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois