[Tribune] La CNIL « déplore » mais plie sur l’hébergement américain de données de santé françaises

data center

La CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés), exprimant néanmoins un regret, a donné son feu vert (publié le 31 janvier dernier, soit 41 jours après la délibération…) pour que la solution d’hébergement en nuage de Microsoft stocke et opère bien des données de santé des Français sur le projet bien connu maintenant, le très gaulois Health Data Hub.

Certains diront « hébergement européen » et non américain, mais rappelons que les lois d’extraterritorialité, jadis honnies par la CNIL elle-même sont effectives. Les lois sécuritaires états-uniennes peuvent rendre nécessaire l’accès à des données de toutes sociétés américaines sur les contenus, même hébergés en France.

Le Data Privacy Framework de l’Union européenne prévoit juste une voie de recours, ce qui a suffi à « notre » pouvoir fédéral, la Commission européenne, en juillet 2023, pour rouvrir le canal de transfert de données États-Unis/UE alors stoppé par l’arrêt dit « Schrems II ». Les sociétés « françaises » écartées de ce choix glosent, se questionnent, veulent se rebeller, mais ignorent la stratégie, habituelle, globale et mondiale, ici à l’œuvre.

La CNIL pointe la contradiction entre le fait d’acter l’hébergement par Microsoft et notre doctrine nationale « Cloud au centre » qui pose le principe que les données d’une sensibilité particulière ne soient pas soumises au droit extra-européen. Une mission d’expertise a conclu en décembre 2023 qu’aucun prestataire potentiel ne propose d’offres d’hébergement répondant à l’ensemble des exigences techniques et fonctionnelles du projet de ce Health Data Hub. Rajoutons que nos acteurs français ont également des failles de dépendances sur leurs infrastructures hardware et software qui les rendent dépendants des États-Unis.

Ainsi, la CNIL donne un avis favorable à Microsoft pour être choisie, conservée, et ce, afin de ne pas retarder de plusieurs années le projet…

Ne serait-ce pas alors là l’occasion, pour nos champions français (en cette année olympique), de relever le défi sous le haut patronage de notre État et de nos élites techniques pour mener cette course de trois ans ?

Comme pour beaucoup d’autres sujets (l’intelligence artificielle et le rapport Villani de 2018, la recherche sur l’hydrogène pour application automobile, l’ordinateur quantique), en dehors d’annonces médiatiques, il n’y aura rien de tangible et d’efficace qui n’en ressortira, si ce n’est des dépenses françaises dont tirent parti, à terme, des acteurs étrangers aussi bien extra qu’intra-européens !

Microsoft est un des trois hébergeurs américains majeurs, avec Amazon et Google, à détenir 70 % du marché du cloud. Géant qui, par le rôle très politique et assimilable au messianisme de Bill Gates, s’attache à obtenir des clients cruciaux : ministères, institutions, santé, armées…

Mais notre commissaire européen français, notre ministre délégué, les dirigeants français au pouvoir ont-ils réellement le souhait que ce soit une structure française qui l’emporte à terme ? La souveraineté numérique a bon dos !

Nous sommes pourtant encore capables, par notre puissance universitaire, d’ingénierie et nos infrastructures, de conduire une volonté et d’obtenir des résultats pour être une nation majeure en hébergement et en services informatiques. Faisons-le avant qu’il ne soit trop tard et que tout cet écosystème ait été démantelé, vendu, spolié, mis sous domination par volonté politique de mise en dépendance totale étrangère.

Lionel Mazurié
Lionel Mazurié
Vice-président de Debout La France, chargé du Numérique

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Etant gouvernés par d’éminents collaborateurs qui auraient pu solliciter, entre autre, la firme OVH pour un « cloud » Européen, dont le titre a perdu plus de 40 % en bourse, Il s’agit d’une trahison de plus. Nos paysans sont là pour se battre, et nous ?

  2. Là encore _ et selon moi_ la CNIL qui devrait être très indépendante au service du pays, est composée de politiciens. Elle « semble » donc fonctionner comme une Agence ( d’Etat ). La France perd sur tous les tableaux, petit à petit…

  3. Il fallait déjà refuser la carte vitale. A partir du moment où nos données de santé sont numérisées, il était parfaitement évident que le monde entier y aurait accès sans vous demander votre avis. Maintenant c’est trop tard pour pleurnicher. Le même sujet arrive avec le financier. Toutes nos données financières numérisées entraineront automatiquement une disparition de l’argent liquide et la traçabilité de toutes nos transactions (même les plus petites) avec culpabilisation publique si ces transactions ne sont pas conformes aux idéologies dominantes. Et je parie que la CNIL, là-aussi, se couchera.

  4. Ces  » méchants » américains qui veulent récupérer nos données personnelles ?
    Et pourtant, s’ils ont fait fortune ( qui sert à influencer ou plutôt  » acheter » les décisions des politiques) c’est parceque le public n’a jamais assez de  » réseaux sociaux » pour y exposer sa vie et donc ses données personnelles, jamais assez de QRcodes, jamais assez d’applis etc…
    Il ne leur manquait plus que nos données de santé, pourtant confidentielles,pour accumuler quelques centaines de milliards supplémentaires et finir de développer l’IA!

  5. Un hébergement en nuage il ne peux se dissimuler, un nuage extrêmement noir et orageux qui avance sur nous en toutes visibilités impressionnantes , déjà nos ancêtres les Gaulois avaient peur que çà leur tombe sur la tête, çà n’augure rien de bon et déjà je ne répond pas aux messages spontanés qui me demande des sauvegardes. Les logiciels offert gratuitement (restons discret) à certains sous conditions ne datent pas d’aujourd’hui. C’est pas beau l’informatique.

  6. Comme moi, refuser le Dossier Médical Partagé (DMP) c’est aussi simple que ça, il suffit de le faire sur monespacesante.fr !

    • Oui, je l’ai fait et ai eu, lors de la covidémence le triste constat qu’il avait été remis sans mon consentement. j’ai pu recommencer à annuler (il y avait même mon N° de téléphone Liste rouge que j’avais enlevé qui été revenu! Depuis je n’ai aps revérifié. Mais cela laisse songeur. Maintenant, si on lit bien ce que disent les présidents de partis politiques français, à part trois, les autres ne sont pas gênés par ce fait!

  7. La CNIL, c’est comme l’ARCOM, le Conseil Constitutionnel, le Conseil d’Etat, et même l’Assemblée Nationale et le Sénat, on y croit plus vraiment. Pouvoir législatif, contre-pouvoirs ou organismes de tutelle, même combat … perdu d’avance. La Macronie a tout dévoyé.

  8. « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. » Boileau serait comme moi. Il trouverait cet article infumable et écrit avec les pieds.
    Il semble évident que ce monsieur, comme beaucoup dans la droite nationale, n’a jamais entendu parler de la théorie des avantages comparatifs de Ricardo. Le problème pour l’état, comme pour toute entreprise, est de choisir les meilleurs fournisseurs possibles. Et si en l’occurrence, c’est Microsoft qui faisait la meilleure offre, alors va pour Microsoft.

  9. complétement à la rue, c’est maintenant les américains qui décident de la santé des français, après avoir mis la main sur la sécurité par l’OTAN, ils visent la main mise sur notre santé, et dire que le général De Gaulle avait refusé que la France soit sous protectorat américain, on y est presque avec la carpette de macron. Au secours je ne veut pas être islamise, et non plus américain, je veut rester français, on se bouge ou on est mort.

    • Hélas, avec un président tels que le nôtre, on n’est pas sorti de l’auberge ! Encore trois ans à le subir à moins que…..

      • Navré d’apporter une précision, ce n’est pas Macron qui est à la base des maux de la France, mais une frange du peuple Français qui par veulerie, dogmatisme, a voté pour un homme ! qui est plus un chef de bande qu’un chef d’état.

    • Les Français sont toujours en Vacance, RTT, maladie ou télétravail et tout juste bons à faire des marches blanches.

    • à lire nombre de commentaires on a l’impression que nos entreprises de cloud sont aussi bonnes que les GAFAM. Si tel était le cas, ce serait ces entreprises Françaises qui seraient les GAFAM…

  10. Ils arrivent à tout délocaliser , tout sous traité , à croire qu’en France il n’y a que des idiots et des incapables . Il faudra un jour se poser la bonne question : ou se situe les incapables dans ce pays . Beaucoup d’entre nous ont la bonne réponse mais chut .

    • Oh, je pense que, simplement, non seulement nous ne sommes plus qu’une région de l’Europe, mais qu’en plus l’Europe est la nième étoile du drapeau EU!

    • Oui ! En France il n’y a plus que des idiots et des incapables. L’affaire des deux conseillers de Macron qui ont invité les Soulèvements de la terre au salon l’agriculture l’illustre de manière caricaturale. Je vous conseille vivement l’article du Figaro de ce dimanche qui affichent la photo de ces deux artistes. Photo qui vaut tous les articles…
      Nos grandes écoles ne sont que des usines à fabriquer des têtes bien pleines et non des têtes bien faites. Il suffit de citer quelques noms de personnes sorties de l’ENA, de l’X ou de Normale Sup pour en prendre conscience. Des Minc ou des Attali ne sont pas autre chose que des boussoles à indiquer le sud. Ces gens se sont trompés sur tous les sujets avec la régularité d’un métronome depuis qu’ils sévissent dans la haute fonction publique. Et je ne parle même pas de l’Ecole de « Déconnomie » de Paris qui fut un temps dirigée par Piketty ou de Pisani Ferry qui voulait l’année passée que la France dépense 50 milliards par an, pendant 30 ans, pour la fumeuse transition énergétique.
      Tant que, de la maternelle jusqu’au doctorat, on n’étudiera que des sottises, on continuera à fabriquer des crétins à la chaine !

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