[Tribune] Accident de Boissy-la-Rivière : une histoire de violence ordinaire

homme au volant voiture

C’est un accident de la route dont les médias nationaux ont peu parlé. Il s’est passé dans la nuit du 9 au 10 décembre dernier, sur la D721, à hauteur de Boissy-la-Rivière, dans le département de l’Essonne. Un couple a perdu la vie et un adolescent de 15 ans était, hier encore, entre la vie et la mort.

Sauf à l’occasion d’événements exceptionnels, on parle assez peu des 3.500 à 4.000 personnes qui décèdent chaque année sur nos routes. Pourtant, parmi celles-ci, un certain nombre s’avèrent être les victimes d’une délinquance qui, à bas bruit, alimente et illustre un autre volet de la violence qui s’est emparée de notre société.

L’auteur de l’accident mortel survenu cette nuit-là est un jeune de 15 ans. Selon les premiers éléments de l’enquête, il aurait, pour des raisons qui restent encore à élucider, perdu le contrôle du véhicule qu’il conduisait et aurait heurté de plein fouet la voiture qui arrivait en face. Le jeune âge du conducteur et sa présence au volant d’une voiture qu’il conduisait sans permis interrogent sur un phénomène qui, certes, n’est pas nouveau, mais qui tend à se développer, ces dernières années.

Selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, près de 800.000 personnes roulent sans permis, en France, chaque année. Parmi ceux-ci, un certain nombre de mineurs, pour diverses raisons, se rendent coupables d’une infraction dont la sanction peut aller jusqu’à un an de prison et 15.000 euros d’amende.

Si certain de ces mineurs ne font « qu’emprunter » la voiture de leurs parents ou d’amis, les voleurs de voitures sont également fortement représentés. Quatre-roues et deux-roues sont en effet les cibles d’une partie de cette jeunesse délinquante qui, souvent pour commettre d’autres infractions, tel le trafic de stupéfiants ou les vols par effraction, n’hésite pas à voler des véhicules pour s’adonner à leurs activités criminelles.

Les raisons de la présence de ce mineur à bord du véhicule meurtrier de Boissy-la-Rivière restent pour l’heure inconnues. Cet adolescent était-il connu des services de police ? Le véhicule à bord duquel il circulait était-il volé ? À quel usage cette voiture était-elle destinée ? Autant de questions auxquelles il appartiendra aux enquêteurs de la gendarmerie de répondre.

On ne peut toutefois s’empêcher de faire la relation entre ce type d’infraction de comportement et l’augmentation importante du nombre des refus d’obtempérer observée au cours de ces dernières années. Proche de la barre des 30.000, ils ont progressé de près de 20 % depuis 2020. Et l’on sait les conséquences parfois dramatiques qui sont attachées à ce type de délit.

Infraction d’une rare banalité dans la vie d’un policier de terrain, la conduite sans permis d’un mineur au volant d’une voiture « empruntée » ou volée débouche souvent sur des drames. Accidents mortels de la circulation, notamment dus à l’inexpérience et à la non-maîtrise du véhicule ; conséquences mortelles liées à un refus d’obtempérer… Ces comportements qui n’attirent l’attention que lorsqu’ils débouchent sur de véritables tragédies humaines hautement médiatisées viennent néanmoins conforter le climat d’insécurité qui s’est désormais emparé de notre pays.

Certainement devenue l’une des missions les plus délicates, tant les suites sont aujourd’hui imprévisibles, le contrôle de la voie publique par les forces de l’ordre reste pourtant l’un des derniers remparts pour la sauvegarde de la paix publique. Mais là encore, il est permis de s’interroger sur l’efficacité d’un arsenal législatif dont on mesure combien la mise en œuvre est loin de répondre à la gravité de la situation.

Olivier Damien
Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

Vos commentaires

33 commentaires

  1. J’ai déjà écris à la prévention routière et sur certains sites: là où je suis, au Québec, Canada; le permis de conduire, la carte grise et l’assurance sont à renouveler chaque année. Il n’est donc pas possible de conduire sans rien et s’il y en a un qui le fait le propriétaire du véhicule est civilement responsable. Amendes persuasives et saisie du véhicule sont au menu par la police. Prenez exemple.

  2. « . Parmi ceux-ci, un certain nombre de mineurs, pour diverses raisons, se rendent coupables d’une infraction dont la sanction peut aller jusqu’à un an de prison et 15.000 euros d’amende ». Ouh là là, je meurs de peur.

  3. Si on veut que les gens roulent avec le permis, il faut que ce permis soit accessible au plus grand nombre. Le permis, c’est comme l’IVG selon Macron, c’est un droit constitutionnel, celui de pouvoir se déplacer sans entraves. Il permet de pouvoir travailler, dans le cas d’un emploi difficilement accessible en transports en commun.

    • C’est l’évidence ! Passer le permis coûte plus d’un SMIC, et est devenu plus difficile que le baccalauréat. C’est délirant !

  4. dans ceux que vous citez, il y a ceux qui tous les jours prennent leur voiture pour aller travailler et si « on » leur enlève ce précieux sesame, souvent ils n’ont d’autre choix que de rouler sans le papier rose, dans lequel, comme nous tous, ils ont investi du temps et de l’argent. il faut les comprendre. je les comprend. mais de ceux là on n’en entend pas parler car ils ont tout intérêt a se faire discrets. ce ne sont pas des délinquants.
    mais ceux des quartiers (pas les beaux…), mineurs parfois, ils n’ont pas cette excuse, et pourtant ils ne se privent pas

  5. Une sanction qui « peut aller » jusqu’à un an de prison et quinze milles € d’amende ne semble pas très disuasive. Surtout quand on est pas solvable et que la prison est la résidence secondaire.

    • En cas d’insolvabilité tapez sur le famille et retirez tout ce qui n’est pas essentiel par huissier de justice (portable, tablette, ordi, canapé, etc…).

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