[Tribune] À Malte, l’Agence européenne pour l’asile cultive l’immigrationnisme

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« Tous ceux qui veulent relever les défis de la migration ne peuvent le faire qu’ensemble, dans l’Union européenne », concédait, le 8 juin dernier, comme dans un aveu de culpabilité, le chancelier allemand Olaf Scholz, dans un déplacement à Rome - le même jour où le Conseil de l’Union européenne se mettait d’accord sur deux volets du funeste pacte Asile et Migration de la Commission. L’objectif est on ne peut plus évident : faire de l’Europe le laboratoire planétaire d’intégration des migrants. L’action de l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (AUEA), basée à Malte, où je me suis rendue en mission officielle, du 19 au 21 juin dernier, le démontre bien : loin de vouloir arrêter l’immigration, l’Union européenne l’organise. Et elle le revendique ! J’en veux pour preuve le calendrier choisi pour organiser cette mission : un certain 20 juin, Journée mondiale des réfugiés, dont l’Agence dit vouloir « garantir la protection aujourd’hui et chaque jour ». L’immigrationnisme est une nouvelle religion.

L’AUEA, ou le pacte des migrations en personne

Cette Agence de l’Union européenne pour l’asile, lancée l’an dernier, a pour mission (officielle) d’aider les États membres à mettre en œuvre la législation européenne en matière d’asile, ainsi que d’accroître la convergence des procédures d’asile et des conditions d’accueil entre eux. Sans surprise, sa création intervient dans une période où la Commission européenne peaufine la recette de son pacte Immigration et Asile préparé en 2020, qu’elle ambitionne de conclure avant la fin du mandat. Avec un budget (en hausse) de 181 millions d’euros, la directrice de l’agence, Mme Nina Gregori, nous explique que de nouvelles responsabilités et tâches lui seront attribuées à l’occasion du déploiement du pacte précité. Ne nous y trompons pas : en lieu et place de soutenir les États dans la gestion de l’asile, l’AUEA participe, au contraire, à la submersion migratoire de l’Europe par l’exécution des directives de son supérieur hiérarchique à Bruxelles : la Commission. Cette agence, qui disposera sûrement, demain, de méthodes harmonisées et d’agents certifiés, fait ainsi planer le risque, pour les États, de se voir ôter leur compétence migratoire, pourtant essentielle, en plus d’être régalienne.

La « convergence », pour ne pas dire la contrainte

À partir de 2024, l’Agence sera chargée du « Monitoring Mechanism », un nouvel artifice qui porte bien son nom. Ce mécanisme, décrit dans le pacte d'Immigration, doit, en effet, permettre d’évaluer le respect des directives et des droits de l'homme par les États membres, avec un objectif explicite de « convergence » des méthodes d’accueil et d’accompagnement, critères d’attribution ainsi que de respect des droits des demandeurs d’asile dans l’UE. Pour y parvenir, l’Agence dépêchera des équipes sur place qui, après évaluation de la situation, remettront un rapport à l’État concerné et, à l’issue d’éventuels échanges avec ce dernier, lui attribueront des recommandations qu’il devra bien sûr… mettre en œuvre. Le tout, sans aucun recours possible. Et dans l’opacité la plus totale, car les rapports et échanges resteront entièrement confidentiels, seules les recommandations seront accessibles. Transparence démocratique, avait-on dit… Pire encore, « la Commission se réserve le droit d’intervenir si un pays refuse d’adhérer aux recommandations de l’Agence » - de la propre bouche de Mme Gregori. La convergence est le discours officiel, la surveillance est l’objectif officieux. Herr im eigenen Hause, chacun est maître dans sa maison… sauf quand c’est l’empire européiste, par définition impérialiste, qui applique sa dangereuse oraison.

Un nouveau « joujou » de la Commission contre les États

Cette lubie de la convergence n’est donc pas autre chose que le flicage de la politique migratoire des États sur leur propre sol. Il est organisé par tout un écosystème d’acteurs qui va, en effet, de l’Agence aux tribunaux en passant par les associations pro-migrants et autres « avocates » de la notion floue des droits fondamentaux. L’AUEA organise ainsi des séminaires de formation – comme en France en 2022, avec les juges du Conseil d’État et de la Cour nationale du droit d’asile - pour tendre vers la « convergence dans les pratiques et les jugements » (M. Nicolas Jacobs, chef du Secteur des cours et tribunaux de l'AUEA). L’Europe se fera « par des réalisations concrètes », prévenait l’un des pères fondateurs de l’Union européenne, Robert Schuman, dans un discours depuis resté célèbre, le 9 mai 1950 ; l’harmonisation du droit, devenu tentaculaire, à l’échelle européenne, en est un parfait - si j’ose dire - exemple. Le pacte des migrations prévoit, en effet, un véritable droit d’asile européen unifié, affaiblissant ainsi les États dans leur bon droit de décider en matière migratoire. Réciproquement, il y a fort à parier que la liste d’établissement des « pays sûrs », préalable aux procédures de renvoi chez eux des migrants déboutés, deviendra, par la même occasion, européenne et non plus nationale. Les peuples auront-ils encore le droit, demain, de dire « non » au chaos migratoire qu’ils subissent ?

Ensemble on est… moins forts

« Il n’est pas normal qu’en fonction du pays où il arrive, le demandeur d’asile n’ait pas les mêmes droits ni chances d’obtenir l’asile. Cela est un grand problème aujourd’hui qui fait que des demandeurs d’asile circulent dans l’UE d’un pays à l’autre… », selon Ward Lutin, chef du Centre de connaissances sur l'asile et chef intérimaire du Centre de soutien opérationnel à l'Agence. L’argument – ou plutôt le chantage - est toujours le même : l’Union européenne n’avance pas dans ses objectifs, car on ne lui donnerait pas assez de compétences. Tartuffe ! C’est au contraire parce qu’elle dépouille aujourd’hui les États de certaines de leurs compétences les plus essentielles, que l’Europe n’a plus prise sur son destin. À force de s’affaiblir, l’Europe deviendra le symbole d’un vaste eldorado à conquérir ; si l’on en suit, en effet, le précepte du philosophe Aristote selon lequel l’admiration est toujours mêlée de crainte, le Vieux Continent risque, dès lors, de ne plus être admiré, ni même redouté, ce qui serait sinistre. La constitution de cette Agence, qui va permettre à l’UE de maîtriser toute la chaîne de gestion des demandes d’asile sur son territoire, démontre que les technocrates de Bruxelles l’ont bien compris et le mettent en œuvre. La stratégie qu’ils s’apprêtent à concrétiser permettra, à terme, de mesurer facilement si un État membre respecte ou non les directives en matière de migrations, de manière à mieux lui opposer des contraintes ensuite. Folie.

Une idée de la démocratie à géométrie variable

L’Agence vient de recruter, enfin, M. François Deleu en tant que premier « Fundamental Rights Officer » (officier des droits fondamentaux), dont l’aval sera nécessaire pour les recommandations émises aux États et qui définira, avec pas moins de 102 ONG et autres représentants de la société civile européenne, les modules de formation des techniciens et spécialistes de la même Agence, en plus de devoir vérifier (tenez-vous bien) que tout document amené à être publié par l’Agence « intègre et respecte bien les droits fondamentaux des réfugiés ». S’il ne s’agit pas, de toute évidence, de contester les droits fondamentaux qui incombent, par nature, à tout être humain, la migration ne doit pas pour autant devenir un droit. Absolument pas. Les États ont le droit de s’opposer à l’immigration, comme les peuples ont le droit de ne pas en vouloir. Il y a d’ailleurs là un droit consubstantiel aux peuples : le droit, bien connu, des peuples à disposer d’eux-mêmes. La démocratie, comme son nom l’indique (dêmos - kratos), c’est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Plutôt que d’organiser la submersion migratoire du Vieux Continent, par des organes qui sont, par essence, non démocratiques et non élus, Bruxelles doit laisser, de toute urgence, aux États le soin d’appliquer la loi qu’ils veulent pour leur territoire et ses habitants.

Patricia Chagnon-Clevers
Patricia Chagnon-Clevers
Député européen, délégation française du groupe « Identité et Démocratie »

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Affolement général dans les instances dirigeantes de l’UE , les prochaines élections risquent de voir arriver de nombreux opposants à l’immigration.
    Les pays scandinaves ont déjà revu leur politique migratoire dans le sens restrictif , La Pologne , la Hongrie aussi , des dirigeants de droite arrivent au pouvoir en Italie et demain en Espagne .
    Tous ces pays devraient s’entendre pour s’opposer aux apprentis sorciers à pulsions suicidaires de la Commission et autres instances européennes en particulier les judiciaires

  2. L’idéologie de l’UE est pro-migratoire. Bien qu’aucun livre d’école ne parle de Kalergi, ce sont ses idées qui ont inspiré l’Union Européenne d’aujourd’hui. Sa conviction que les peuples européens devaient être métissés pour détruire leur identité et créer une unique race métissée, est à la base de toute la politique européenne face à l’intégration et à la défense des minorités. Tout cela n’est pas décidé pour des raisons humanitaires. Ces directives sont promulguées, avec une détermination impitoyable, pour réaliser le plus grand génocide de l’histoire. Le prix européen Coudenhove-Kalergi a été institué en son honneur. Tous les deux ans, il récompense les européistes qui se sont particuliè- rement distingués dans la poursuite de son Plan criminel. Parmi eux, nous trouvons des personnes du calibre d’Angela Merkel ou d’Herman van Rompuy. Le prochain sera Macron ?

  3. Il sera intéressant de voir le résultat des européennes, pour savoir quel sera le désir de la majorité des français. jusqu’à présent, j’ai été assez déçu.

  4. Lors des prochaines élections Européennes, seule l’élection de candidats souverainistes permettra de mettre un frein à cette dérive qui démontre tous les jours sa nocivité.

  5. En ces jours de villégiatures le français moyen n’a que faire de cette Europe immigrationiste. Nous le voyons bien dès que l’on aborde ce thème les progressistes européens on les manettes en mains avec les lois idoines pour arrêter le processus notre souveraineté nationale et mise à mal. A quoi sert de voter si les élus ne peuvent pas exécuter des décisions nationales. l’Europe devient un immense foutoir

  6. C’est juste le plan du Nouvel Ordre Mondial sans lequel les USA n’ont aucune chance de devenir leader de la planète nonobstant Poutine et la Russie.

  7. Une question me vient à l’esprit : combien de français sont informé de ce mauvais coup fait contre le peuple dans l’ile de Malte ? Ce n’est ni BFM , ni LCI qui vont mettre cela sur la table. Ils vont plutôt nous montrer des français en vacance à la plage pour rassurer le chaland. Tous les mauvais coups se font en juillet les augmentations comme les décisions néfastes. C’est une guerre qui nous est déclarée à nous qui ne voulons plus d’immigration mais au contraire une réduction drastrique de celle ci par le renvoie d’étrangers délinquants qui sont la preuve que la politique d’immigration déjà en vigueur est un échec et aussi un danger pour les population autochtones . Et les gugus que nous n’avons même pas élu se permettent d’en rajouter une couche ! Juste après les émeutes , je ne sais pas comment cela va être reçu par les français . Une provocation?

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