Treize soldats français morts au Mali : il n’y a pas d’accident bête au combat
Ce lundi 25 novembre, en début de nuit, deux hélicoptères militaires français se sont percutés en vol au Mali lors d’une opération de traque de djihadistes, causant la mort de treize militaires français, équipages et commandos .
On sait qu’aujourd’hui, les médias de masse, selon une logique de profit financier, ne recrutent plus de « grands reporters » ni de véritables spécialistes, trop coûteux. Ils interrogent des consultants externes, bons communicants bénévoles au degré d’expertise et à la liberté de parole très variables.
Mais, même généralistes, les médias pourraient faire preuve d’un peu plus de discernement, de professionnalisme, voire de pédagogie, quand ils relatent ce qu’ils nomment faussement « une information strictement factuelle » alors que l’objectivité n’existe pas. On voit bien l’effet de sensationnalisme recherché à évoquer « un double accident » entre deux aéronefs, comme pour en doubler la charge émotionnelle. Parle-t-on d’un double accident lorsqu’un véhicule en percute un autre sur la route, ou un train à un passage à niveau ?
Il est vrai que le ministre des Armées a publié officiellement et très rapidement la liste nominative des victimes, qui s’ajoute à celle des 549 morts de « la quatrième génération du feu » gravée sur le mur du mémorial inauguré, le 11 novembre dernier, à Paris. On a déjà questionné ici la pertinence de figurer un cercueil par le vide, « meilleure forme symbolique pour rendre hommage à nos soldats disparus », selon le sculpteur.
Cette dramaturgie incite à focaliser l’attention et l’émotion publiques sur des cas personnels, plutôt qu’à soulever des questions de fond. Car le vide symbolique de la représentation mortuaire ne doit pas occulter les questions, légitimes, sur le sens de l’événement et celui de l’engagement.
Quant à l’événement, il n’y a pas « d’accident bête » au combat. Si le terme « accident » suggère qu’il n’y avait pas d’intention spécifique de provoquer cette collision mortelle entre deux hélicoptères, l’hostilité ambiante était si intense qu’elle a évidemment conditionné le comportement des équipages en état d’extrême tension. Sans exclure, à ce stade, une possible défaillance technique ou humaine, les pilotes ont dû prendre des risques dont personne ne peut critiquer la justesse pour remplir au mieux leur mission tout en assurant autant que possible la sauvegarde des hommes à bord. D’autant que ces soldats étaient en mission périlleuse d’appui ou de secours au profit de troupes au sol en danger immédiat. Même involontaire, cette collision ne peut donc être réduite à un simple accident.
Quant à l'engagement, on considère, à l’armée, que « la mission est sacrée » et mérite qu’on y risque sa vie s’il le faut. Ceci peut paraître décalé, voire dérangeant, dans une société qui a gravé le principe de précaution dans le marbre de sa Constitution, qui calcule en permanence l’intérêt personnel et couvre tout risque par une assurance. Avec leur devise « Sauver ou Périr », seuls les pompiers partagent volontairement le même degré d’engagement ultime, dans un contexte certes très différent. Pour ces derniers, dans les zones sauvages de non-droit de la République. Soldats au feu, pompiers du feu. Mais l’engagement individuel du soldat français questionne aussi la mission qu’il remplit à cinq mille kilomètres de l’Hexagone, à traquer des terroristes islamiques dans l’immensité du Sahel alors que les fous d’Allah passent de plus en plus à l’acte chez lui, se multipliant comme par une génération qu’on voudrait nous faire croire spontanée, ou désespérée.
Il est temps de songer à mettre les États africains face à leurs responsabilités, en première ligne politique et militaire dans leurs pays, tout en les soutenant, pour renforcer la base arrière française menacée par des ennemis intérieurs. Le concept de défense opérationnelle du territoire a été créé pour ça.
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