Trafic de stupéfiants : Marseille, première ville mexicanisée de France

L'assassin du chauffeur de VTC a 14 ans. Capture écran BFMTV
L'assassin du chauffeur de VTC a 14 ans. Capture écran BFMTV

Ce mercredi 9 octobre, le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, était l’invité du journal télévisé de 20 heures sur France 2. Il est revenu sur l’importance du trafic de stupéfiants dans la deuxième ville de France. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le constat est alarmant.

Le magistrat annonce tout d’abord que « cent vingt-huit points de deal ont été référencés », au cœur de la cité phocéenne. Il dénombre également « 2.000 personnes mises en examen pour des faits liés au narcotrafic et aux narchomicides, et 795 personnes en détention provisoire ». Il le dit, le phénomène est « massif », il est même « mafieux ».

Une ville gangrenée

Pour le procureur, la vidéo publiée par la DZ Mafia pour démentir son implication dans le meurtre du chauffeur VTC en est la preuve : « S’il s’agit véritablement, comme on peut le penser, de personnes de la DZ Mafia, on a basculé [dans un système mafieux]. Qui revendique ou dément ses crimes ? Ce sont les organisations terroristes qui sont dans une idéologie du faire savoir. » Ce passage de cap ne serait pas sans conséquence sur la population locale : « Quand vous êtes dans une logique mafieuse, vous avez le contrôle du territoire, vous dominez la population locale mais vous lui faites aussi ruisseler quelques miettes car vous avez besoin d’un consensus social. » Le démenti de ce cartel issu des quartiers nord pourrait avoir « eu pour objet de contrer la révolte populaire de ce type d’agissement ». Autrement dit, les trafiquants savent que pour continuer à prospérer, ils ne doivent pas avoir les Marseillais à dos.

Interrogé par BV, Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police, partage cet avis : « Ça a tendu beaucoup de gens, dans les cités des quartiers nord, parce que le chauffeur était un gars sans histoire et très impliqué dans la vie associative. C’était catastrophique pour eux, en termes d’image, donc ils ont voulu se dédouaner. » Selon lui, cette vidéo a également montré que la DZ Mafia était très structurée. Au fil du temps, elle s’est professionnalisée.

Une ville corrompue ?

Autre bascule, « l’ultra-rajeunissement » des personnes impliquées dans le narcotrafic, comme évoqué par Nicolas Bessone. Pour rappel, le tueur à gages, auteur présumé du meurtre du chauffeur VTC, n’avait que 14 ans. Quant à l’adolescent retrouvé brûlé vif, deux jours plus tôt, lui aussi engagé pour exécuter un contrat, il était âgé de 15 ans.

Tous les ingrédients de la mexicanisation sont réunis. Rudy Manna le confirme : « Pour nous, la mexicanisation était inéluctable. La première fois que j’en ai parlé, c’était il y a deux ans. » Il explique ce phénomène : « La mexicanisation se fait parce que les réseaux sont multimillionnaires. Ils achètent la paix sociale dans les quartiers, ils achètent peut-être des dockers sur les ports, peut-être des policiers, des surveillants de prison, des greffiers, des avocats ou des juges… Tout est possible, même la corruption d’élus. » Le policier n’accuse personne, mais il n’écarte aucune piste. Le trafic de stupéfiants a pris tellement d’ampleur, à Marseille, qu’il y a en effet de quoi se poser des questions.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 12/10/2024 à 10:33.

Vos commentaires

28 commentaires

  1. On devrait prendre exemple sur l’Indonésie, tout trafiquant est passé par les armes en place publique, mais nous sommes les inventeurs des « droits de l’homme », alors on se contente d’un petit tour derrière les barreaux et retour à la case départ.

    • On peut toujours rêver, dans ce pays de lâches, on préfère voir mourir des innocents plutôt que d’appliquer des peines dissuasives, moi j’en connais.

  2. En Indonésie le trafic de drogue c’est la peins de mort. En France, c’est un simple rappel à la loi. Cherchez l’erreur.

    • Exactement, idem en arabie .
      Aux émirats arabes unis c’est 20 a 30 ans selon les quantités saisies voir la peine de mort

  3. Concernant les « jeunes consommateurs récréatifs impénitents » : Comme pour la conduite automobile : contrôle de « dope » inopinés, dans la rue, sorties de boîte, concerts, sorties de fac, etc, au su et aux vues de tous, avec PV à la clé et payable sur place, bien entendu. Sans doute cette disposition (provisoire) paraîtrait abusive, à l’égard des Français – qui veut la fin, veut aussi les moyens – mais contribuerait certainement à diminuer la consommation de beaucoup de jeunes indifférents ou simplement inconscients face à leur responsabilité ou devoirs civiques. En guise de mesure de protection de santé au moment du Covid19, le gouvernement n’a pas hésité à « enfermer » la population à domicile. A cette époque, presque tout le monde à trouvé cette mesure justifiée sans broncher (alors que pour autant qu’elle ne l’était absolument pas)
    Quelque soit les mesures d’urgence à prendre contre le narco trafic, il s’agit surtout selon moi, d’’appeler la population (et pas seulement la police) à se mobiliser contre « l’ennemi », comme en temps de guerre. Parce que çe phénomène ressemble effectivement à une attaque en règle en provenance d’un pays étranger qui se garde bien de dire son nom…

  4. Les consommateurs sont aussi coupables que les dealers. Je vois une solution radicale : peine plancher de 50 ans de travaux forcés à Cayenne pour les deux camps. Avis aux amateurs. Tu as 20 ans, tu ressors à 70 ans. Il suffit d’essayer la méthode et elle fonctionnera efficacement. Une France saine ne peut s’accommoder d’un trafic de drogue qui n’existe que supporté par les consommateurs. On vote la Loi et on applique c’est tout. A Cayenne on emploie les détenus à la construction de nouvelles prisons. Après tout, ceux qui vendent de la mort et ceux qui veulent mourir par la drogue meneraient ainsi une vie saine. En France si tu roules à gauche la mort t’attend donc tout le monde roule à droite. Pour la drogue c’est pareil tu as le choix : 50 ans de travaux forcés ou une vie citoyenne paisible. Alors l’État, chiche ou pas chiche ?

  5. Donc dans quelles poches tombe tout l’argent distribué avec une infinie générosité par le gouvernement ?
    Sur le site de l’Elysée :
     » 26 au 28 juin 2023 Marseille en grand.
    Depuis septembre 2021, plus de 90% des projets annoncés ont été engagés, grâce à une enveloppe de cinq milliards d’euros mobilisée par l’État.  »
    Ça fait énormément d’argent pour qu’a l’arrivée une jeune fille se prenne une balle perdue ( L’auteur présumé du tir mortel avait 16 ans au moment des faits ) ou qu’un criminel puisse commanditer un meurtre depuis sa « cellule » à un enfant de 15 ans là aussi, sans oublier les dizaines d’autres décès dus à la drogue, sans oublier non plus que les trafiquants sont parfaitement identifiés.
    Alors qu’en ce moment on nous bassine grave avec les économies et hausses en tout genre à venir pour équilibrer le futur budget je suis heureux de constater que l’argent des Français est dépensé judicieusement.

  6. La véritable question à se poser : y-a-il une ferme volonté de bloquer les trafics ? Laisser les consommateurs, surtout festifs, abuser de la consommation de stupéfiants ne semble pas nous orienter vers cette voie. La sanction financière devrait être proportionnelle au « revenu fiscal ». Les insolvables ou impayés se verraient soustraits sur leur compte bancaire ou privés d’objets liés aux loisirs : télé, smartphone, voiture en fourrière pendant x temps, etc. Toucher au « portefeuille » est la seule sanction dissuasive. De même pour les trafiquants.

    • Quand on voit les peines a Singapour , dans les pays du golfe, Indonésie Vietnam et Chine…nos peines sont bien trop douces pour les dealers

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