Tout est bon chez Toubon

Tout est bon chez lui, il n’y a rien à jeter… tout est bon chez lui, il faut tout emporter , chantonnait, à peu près dans ces termes, Georges Brassens. Plus précisément, tout est devenu bon chez Jacques Toubon quand il a basculé, il y a quelques années, du bon côté de la Force. Quand un homme de droite est proche de passer l’arme à gauche, il devient toujours plus royaliste que le roi. Était venu le temps du repentir pour recevoir, en dernier sacrement, l’absolution du clergé psalmodiant les préceptes de la doctrine progressiste en méthode Coué. Comme il dut en rajouter pour se dédouaner de son passé entaché de mortels péchés !

Le Défenseur des droits, chien de garde de la doxa de l’homme universel, distilla en vieux sage la juste et vraie morale. N’ayant pu être le mâle Alpha dans la meute post-gaulliste, il rongea avec hauteur l’os de son ultime promotion. Il est des placards dorés qui ressemblent à des niches où le médiocre se sent enfin puissant. Encore un effort avant la retraite définitive ; les clefs du paradis sont à portée de langue : la CEDH, Olympe européenne des droits de l’homme. Sous ce chêne bonzaï aux tentaculaires racines, il pourrait, tout en majesté, rendre la sainte justice en projetant ses reproches de gland sur le moindre récalcitrant… comme autant de punitives châtaignes.

Mais ce serait lui faire un bien mauvais procès de ne pas reconnaître que la quête de légitimité est un caractère bien français. Il convient d’enfiler l’habit avec fébrilité, quitte à retourner sa veste toujours du bon côté. Il est loin d’être le seul à avoir basculé dans l’excès avec la foi du converti. Pierre Moscovici, exfiltré à Bruxelles, n’avait-il pas aussitôt endossé le corset de fer de la rigueur budgétaire, abandonnant la carotte socialiste pour manier avec délices le bâton européiste ? Afin de le féliciter de l’ensemble de son œuvre, Macron vient de le nommer à la présidence de la Cour des comptes (promotion ou rétrogradation, au vu des pouvoirs de cette dernière ?).

Jacques Toubon, parvenu en fin de mandat, libère son poste en juillet 2020. En un ultime éclair de conformisme bien-pensant, il désire que son trône soit repris par une femme, n’osant tout de même pas suggérer qu’il serait bon qu’elle appartienne à une minorité visible ou sexuelle, ce qui aurait l’avantage de cocher deux cases dans son logiciel de gaulliste défroqué.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois