Tour de France : les féministes veulent interdire aux demoiselles de faire la bise aux cyclistes !

Avec les Jeux olympiques et la finale de la Coupe du monde de football, le Tour de France est l’un des événements sportifs les plus regardés de la planète. Mieux : il est éminemment français. Encore mieux : il s’agit du rendez-vous populaire par excellence. Toujours mieux : il est gratuit, personne ne paie sa place pour regarder pédaler les cyclistes ; un pliant et une glacière emplie de bières demeure le seul ticket d’entrée pour ce sport hors du commun, véritable « tragédie antique », pour reprendre les mots d’Antoine Blondin dans L’Équipe et qui, en la matière, en connaissait plus qu’un rayon. De bicyclette, of course.

L’argent roi n’a d’ailleurs pas encore réussi à subvertir cette magnifique discipline, au contraire du rugby, depuis maintenant un paquet d’années. Ce qui explique peut-être qu’elle soit victime désignée des ayatollahs de la lutte antidopage. On jette un Richard Virenque aux chiens. Mais si on avait fait un test de dépistage dans les vestiaires de notre équipe de foot, lors de la fameuse finale de 1998…

Voilà qui explique aussi que le féminisme bourgeois fasse de la petite reine son actuelle cible de prédilection. C’est toujours plus facile de s’en prendre au sport des pauvres qu’à celui des riches, de stigmatiser une Nadine Morano plutôt qu’une Sibeth Ndiaye. La première est fille du peuple et la seconde de la grande bourgeoisie. Que l’une soit française et l’autre sénégalaise n’y change fondamentalement pas grand-chose et il n’est pas besoin de relire l’intégrale de l’œuvre de Pierre Bourdieu pour comprendre que les rapports de classes se rient à la fois des frontières et des couleurs de peau.

Ainsi, les ligues de vertu féministes s’en prennent-elles, maintenant, à ces charmantes demoiselles qui, le plus souvent court vêtues, embrassent ces champions ayant gravi, au prix d’efforts surhumains, cols alpins ou pyrénéens. Tant d’efforts ne vaudraient-il pas un gros bisou ? Il est à croire que non, à en lire une certaine Fatima Benomar.

Cette dame, Française de très fraîche date, venue chez nous militer pour un féminisme de combat qui, chez elle, au Maroc, a de quoi laisser sceptiques les autochtones - ce que l’on peut légitimement comprendre -, estime donc : « Les femmes ne sont pas des prix, des récompenses, des potiches, ou des objets sexuels. »

On remarquera que depuis au moins trois ans que les chaisières féministes se sont lancées dans la Brigade de la répression du vice et de la promotion des bonnes mœurs – tout comme en Arabie saoudite –, les jupettes de ces beauté locales n’en finissent plus de rallonger, tandis que les décolletés sont en voie de finir comme peau de chagrin. À ce train, c’est bientôt en col roulé qu’elle bisouteront les champions. En attendant tchador ou burkini laïques, gratuits et obligatoires ?

En attendant, 26.000 citoyennes concernées par ce combat si crucial et dont on sait bien qu’il empêche tous les honnêtes gens de dormir auraient déjà signé la pétition de Fatima Benomar. Pourtant, une autre féministe tout aussi plausible, Eugénie Bastié pour ne pas la nommer, fait entendre un son de cloche légèrement dissonant : « Bravo à ce féminisme qui veut mettre des femmes au chômage. Et si on demandait leur avis aux concernées ? »

Et puis quoi, encore ? Depuis quand les féministes s’encombrent-elles de l’avis des femmes ? Pourtant, les principales intéressées, lorsque les médias prennent la peine de les interroger, répondent inlassablement la même chose. En substance : « Laissez-nous travailler et arrondir nos fins de mois ! » Il est vrai que lorsque l’on vit sous les ors de la République, grassement payés par l’argent du contribuable, via des associations humanistes toutes plus dispensables les unes que les autres, de telles préoccupations pécuniaires sont d’un vulgaire…

Heureusement qu’Yvette Horner, historique Castafiore de la Grande Boucle, a rendu l’âme avant d’assister à tel spectacle. Heureusement, aussi, pour Fatima Benomar, d’ailleurs… Car la mère Yvette, elle aurait bien été capable de lui faire avaler son piano à bretelles entre deux lancers de saucisson Cochonou™.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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