Me Gilles-William Goldnadel : « On se souvient, il y a quelques jours, des drapeaux algériens ! À ce degré de deux poids deux mesures… »

Goldnadel

Jeudi soir, dans le cadre du match opposant le Racing Club de Strasbourg à l'équipe du Maccabi Haïfa (ligue Europa de football), les supporter israéliens ont eu l'interdiction d'arborer leurs couleurs et leurs drapeaux dans certains endroits de la ville. Gilles-William Goldnadel réagit à cet arrêté préfectoral qui est, pour lui, une « immense bourde ».

Le match opposant le Racing club de Strasbourg au Maccabi Haïfa dans le cadre de l’Europa League va se dérouler sous certaines contraintes.
Les supporters Israëliens n’auront pas le droit d’arborer leurs couleurs et leur drapeau dans certains endroits de la ville.
Comment accueillez-vous cet arrêté préfectoral ?

C’est une immense bourde. L’arrêté préfectoral précise expressément dans ses motivations que la prohibition des drapeaux et des déplacements de supporters du club israélien dans la ville de Strasbourg est motivée par l’antisémitisme. Le mot est expressément prononcé. Pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre que Strasbourg est une ville où les sympathisants des Frères musulmans par exemple sont nombreux. De là à penser qu’il peut y avoir des exactions, il n’y a qu’un pas qui peut être franchi.
En principe, lors de tels matchs, on essaie de retrancher la racaille et les hooligans. Là, c’est le contraire. On retranche les proies éventuelles. C’est une singulière inversion des normes.
Cet aspect heurte le bon sens et le sens de la justice. Le contexte ne peut évidemment être ignoré. Nous gardons tous en tête le souvenir de ces manifestants d'Algériens ou de Franco-Algériens arborant librement les étendards et les bannières de l’Algérie sans qu’on leur dise quoi que ce soit. Dans certains cas, pourtant, on était loin d’être dans quelque chose de festif et pacifique.
À ce degré-là, on peut parler de deux poids, deux mesures. Les mots sont même déjà dans l’euphémisme. Je ne sais pas si on est dans la bêtise ou dans la provocation, encore que les deux fassent la paire.

On reconnaît tout simplement l’existence d’un antisémitisme lattant dans certains quartiers…

Malheureusement, c’est une reconnaissance un peu banale. Je ne dis pas du tout que le préfet est animé par de mauvais sentiments, mais il faut savoir ce que l’on veut dans la vie.
C’est une constatation d’évidence. Cela se passe à Strasbourg et non à Saint-Flour.
En même temps, je considère que proscrire les drapeaux israéliens à des supporters israéliens qui ont bien le droit de manifester leur soutien à l’équipe de leur pays est d’une certaine manière, c’est accepter la défaite.

Cela pourrait être motivé par le fait que certains hooligans du Maccadi Haïfa sont connus pour leur grande motivation à soutenir leur équipe.

Je le sais pour le Beitar de Jérusalem. Je le sais moins pour le Maccabi Haïfa. Si vous le dites, pourquoi pas ? Les clubs sportifs sont rarement composés de pianistes distingués. Je pense au Paris Saint-Germain ou d’autres. Le Maccabi Haïfa n’aurait certainement pas le monopole.
Si c’est le cas, qu’on les surveille ! Au nom de quoi, priverait-on l’usage du drapeau ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 27/07/2019 à 7:28.
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G.-W. Goldnadel
Avocat et essayiste - Président de Avocats sans frontières.

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