Chaque jour apporte son lot de révélations au sujet de l'exploitation de centaines d'enfants en Grande-Bretagne. L'envergure des abus découverts laisse penser qu’il s’agit du plus brutal et du pire scandale de pédophilie connu outre-Manche. De nombreuses questions se font jour face à ce qui apparaît comme un crime majeur, laissant certains des membres les plus vulnérables de la société être la proie de criminels sans pitié.

Le journal britannique Sunday Mirror a publié, le 11 mars dernier, une enquête évoquant le "pire" scandale d'exploitation d’enfants révélé en Grande-Bretagne. Les faits sont terribles. Ce sont des centaines de jeunes filles violées, frappés, vendues et mêmes tuées. Pendant au moins quarante ans, les autorités sont restées passives en dépit des nombreux avertissements des travailleurs sociaux. Plus de 1.000 enfants et jeunes filles, certains âgés d’à peine onze ans, ont été victimes de ces abus sexuels. Après dix-huit mois d’enquête, le journal présente les auteurs de ces crimes sur mineurs comme étant "majoritairement des hommes asiatiques". D'après le Sunday Mirror, les agresseurs sont issus de la communauté pakistanaise. Que ne les a-t-on dénoncés plus tôt ?

Les journalistes ont découvert les premiers cas dès 1981. De nombreuses victimes ont témoigné, des suspects ont été identifiés et des lieux précis ont été cités. Il s'agit des villes d’Oxford, de Rochdale, de Rotherham, de Telford... Dans son enquête, le Mirror révèle que des assistants sociaux étaient au courant depuis les années 1990. Les autorités justifient leur absence de réaction par le fait que les enfants ont longtemps été considérés comme des "prostitués" plutôt que comme des victimes et que les autorités ont souvent préféré taire les détails concernant les auteurs de ces abus par peur de "racisme". Comment cela a-t-il pu durer si longtemps ?

Pendant des années, le réseau criminel a agi en toute impunité. Outre les centaines de victimes de viols et d'agressions sexuelles, il serait lié à plusieurs morts. En 2000, Lucy Lowe, 16 ans, a succombé aux côtés de sa mère et de sa sœur, après que son violeur Azhar Ali Mehmood, 26 ans, eut mis le feu à leur maison. Elle était sous son emprise depuis ses 14 ans et avait donné naissance à une fille issue d'un de ses viols. L'agresseur a été emprisonné pour le meurtre de la jeune fille, sa mère et sa sœur. Mais il n'a jamais eu à répondre de la moindre accusation de viol. Leur mort sera ensuite utilisée par les violeurs comme une menace contre les autres victimes. D'autres meurtres sont liés à ce réseau de prostitution. Or, la police a refusé à cinq reprise d'ouvrir une enquête. Pourquoi ?

Il aura fallu toute la détermination de Lucy Allan, députée Tory (conservateur) de la circonscription de Telford, pour obtenir la réouverture du dossier de cette sordide affaire. À sa demande, le Premier ministre Theresa May vient finalement d'ordonner l'ouverture d'une enquête indépendante. Elle aura pour but d'"obtenir la vérité, de montrer ce qui n'a pas fonctionné", et "de tirer des leçons pour l'avenir". Elle devra déterminer si les institutions ont suffisamment protégé les enfants de Telford.

Il faudra bien qu'un jour nous connaissions les raisons de la faillite des services anglo-saxons et que, dès maintenant, nous nous assurions qu'aucun délit de ce genre ne soit perpétré en France.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:03.

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26 mars 2018 à 20:27

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