Tartuffe chez les financiers : parlons-en !
« Selon divers besoins, il est une science/D'étendre les liens de notre conscience/Et de rectifier le mal de l'action/Avec la pureté de notre intention » (Molière, Le Tartuffe, acte IV, scène 5).
Molière avait tout compris de la comédie humaine et les milliardaires de la « société de l'information » ont, eux, capté le message. Fini le caricatural capitaliste en haut-de-forme, cigare entre les dents ! Ça, c'était SO ancien monde. Place au bienfaiteur, cœur sur la main et larme facile. De gauche, même - antinationaliste et antiraciste monochrome. Une mutation largement facilitée et vantée par des médias qui - amusante coïncidence - sont souvent à eux. Oui, mais : humanisme sincère ou mimétique bienséance ? Observons de près certains des voyants santons de la crèche Soros-Davos.
Lehman Brothers, financiers amnistiés
Automne 2008, krach de Wall Street. Au cœur de la pire crise financière mondiale en 70 ans, la banque d'affaires Lehman Brothers coule à pic. Discrédit fatal pour l'ex-géant financier ? Non : Wall Street ne lâche pas les siens. Dix ans plus tard, la pièce de théâtre en vogue à New York est The Lehman Trilogy, encensée par les médias : « Le rêve américain incarné... Des visionnaires ayant financé l'aviation civile, l'essor de la télé, le cinéma d'Hollywood », on en passe. Or, des esprits fâcheux rappellent que si les frères Lehman ont enfin choisi New York, ils ont, avant la guerre de Sécession, fondé leur négoce de coton à Montgomery, Alabama. Et possédaient, alors, sept esclaves. Imaginez un politicien ou banquier de droite aux ancêtres esclavagistes : crises de nerfs, tintamarre médiatique, réseaux sociaux convulsés. Or, là, unanimes dithyrambes, pas un mot sur le sujet. Mot d'ordre : « une pièce inoubliable » - esclaves non compris.
Benetton, affichage-camouflage ?
Voici les géniaux inventeurs d'une globale fraternité unisexe, si belle qu'on oublie qu'en fin de compte, il s'agit de fourguer des pulls bas de gamme. Et pire, encore. Ce pire, on l'apprend lorsque s'effondre, à Gênes, le pont Morandi (août 2018, 43 morts). Ce pont et la moitié du réseau d'autoroutes d'Italie appartiennent à Autostrade per l'Italia, société qui, selon les experts, « tond ses usagers comme des moutons », tandis que les gouvernants du pays regardent ailleurs, après avoir accordé en des termes « écœurants » - jusqu'en 2038 - une léonine concession à Autostrade. Maintenant, le pompon, combine si énorme (interdite partout au monde) qu'à Palerme, l'« honorable société » suffoque d'admiration.
La société contrôlant le pont Morandi appartient à la holding d'Autostrade et y a ses bureaux. Autostrade salarie ceux qui auditent ses propres autoroutes ! Titre d'un quotidien : « Nous payons, le pont s'effondre, ils encaissent. » Ils, c'est qui ? Carlo, Luciano, Gilberto et Giuliana Benetton, possédant la majorité du capital d'Autostrade. Le pont effondré, silence des Benetton, « en signe de respect », bien sûr. Depuis, les fusibles tiennent. Nul Benetton inculpé. Et si la Justice approche, des affiches d'androgynes bigarrés-mélangés suffiront sans doute à leur tirer des larmes...
Niel - l'enchanteur et son école magique
L'École 42 est fondée en 2013 par Xavier Niel pour former à la cyber-programmation des « jeunes des ghettos en échec scolaire ». La Silicon Valley à l'aide du 9-3 ! Conte de fées ! Réussite formidable... référence mondiale ! Des médias à sa botte encensent Niel en des termes à faire rougir Ceaușescu (« Ces génies qui ont fait de grandes choses »). Premier fan de l'École phare de la start-up nation, le Président Macron, « proche de Xavier Niel ».
Or, en octobre 2018 et en grand silence, le directeur de l'École 42 - payé 460.000 euros l'an - est viré, révèle le courageux Mediapart. Motifs : diplômes bidon du directeur (Stanford, etc.) ; « fessées érotiques » sur (au moins) un étudiant ; « ambiance porno » et flicage illicite par caméras ; fausses factures, obscurs bakchichs sur des marchés, paiements en cash et comptes en Suisse. Le Sentier, plus que Silicon Valley. M. Niel est affligé, bien sûr. Il ignorait ça. Sa bonne foi est surprise ! Il voulait juste bien faire.
Pauvre lecteurs de la presse « d'information » ! Rien de ces tristes nouvelles n'est venu vous choquer. Pas troubler ces braves électeurs français, surtout ! Dormez, braves gens.
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