Certes, le grand amour est loin d’être la norme, chez nos amis écologistes. Mais, à l’occasion de cette manifestation interdite et ayant malgré tout rassemblé de quatre à sept mille personnes à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, afin de protester contre le projet de création de seize super-bassines censées permettre aux paysans de stocker de l’eau pour l’été, nous sommes encore montés d’un cran dans le désamour.

Ainsi, au-delà des habituelles algarades de tribune et bisbilles de couloir, Yannick Jadot, vainqueur de la primaire d’EELV et candidat à la dernière élection présidentielle (4,63 %), n'a pas seulement été hué par ses camarades de parti : les deux flancs de sa voiture ont aussi été tagués de l’inscription « crevure », ce qui n’est pas exactement un mot doux.

Sandrine Rousseau, interrogée ce dimanche sur BFM TV, le dit tout net : « Je pense qu’il faut que Yannick Jadot entende que là, on a besoin d’aller et de retrouver une écologie de combat qui a été l’écologie pendant des années. […] Je pense qu’il paye la manière dont il présente l’écologie. Ça interroge des manifestants qui, eux, s’engagent pleinement dans ces luttes-là. » Il est un fait que des centaines de « manifestants » cagoulés se sont « pleinement engagés » contre les forces de l’ordre, blessant une soixantaine de gendarmes, contre seulement trente chez les militants écologistes.

Mais, dans son style inimitable, Sandrine Rousseau poursuit, estimant que ces derniers « défendent l’idée que nous ne pouvons plus continuer ce système libéral, capitaliste. On atteint les limites de la planète. C’est ça qu’ils disent et moi je dis qu’ils ont raison de le dire. Nous sommes à la limite de notre système. » Et quand les limites sont franchies, il n’y a plus de bornes et c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres, serions-nous tenté d’ajouter. D’ailleurs, poursuit-elle, il faut « entendre le message qu’il y a derrière. […] À force d’avoir des espèces d’indignations sur la méthode, on ne se pose pas la question du fond. » Voilà qui tombe sous le sens. Se montrer violent pour faire avancer la cause de la non-violence, c’est être non violent ; ce qui n’a rien à voir avec la violence. Ça coule de source.

La direction d’EELV raisonne pourtant un peu autrement, en assurant : « Le combat écologiste est non violent et rien ne saurait justifier des insultes et des dégradations. » Bref, le parti n’aurait aucunement vocation à sombrer dans la violence. Vous suivez ?

Même Aymeric Caron paraît avoir saisi l’impasse sémantique, lorsqu'il tweete : « Je suis opposé à la ligne de Jadot. Favorable à la désobéissance civile, je milite pour une écologie radicale. Pour autant, je ne comprends pas qu’une responsable politique puisse insinuer que des militants ont eu raison de s’en prendre à son véhicule. Ce n’est pas sérieux. »

Du coup, histoire d’en rajouter dans ce même sérieux, Sandrine Rousseau tweete en retour : « L’écologie est non violente. On peut être contesté pour des positions politiques mais pas insulté. Yannick Jadot n’avait pas à être insulté. »

Alors, pourquoi avoir auparavant prétendu le contraire ? Même le regretté José Bové n’y retrouverait pas ses biquettes.

En revanche, il est sûr que ce qui pourrait passer pour dingueries à répétition chez Sandrine Rousseau obéit, en fait, à une implacable logique. À chaque nouvelle provocation, elle pousse toujours un peu plus les curseurs vers la gauche, imposant ainsi ses propres thématiques dans le débat. Mais de là à l'emporter dans les urnes…

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31 octobre 2022 à 18:30

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19 commentaires

  1. J’estime que l’ insignifiante dame rousseau fait l’objet de beaucoup trop d’articles de presse , elle m’agace à un point …

  2. L’irresponsabilité de ces pseudos écolos et surtout leur violence masque en fait un problème qui les dépasse mais qui mérite réflexion. En effet, l’agriculture a modifié considérablement son environnement pour pouvoir être rentable et les paysans sont asphyxiés par les crédits contractés pour s’équiper en machines de plus en plus grosses afin d’être efficients. C’est le serpent qui se mord la queue et les politiques sont les responsables de cette dérive suicidaire. Les haies ont été détruites pour gagner du temps, mais la faune a disparu (oiseaux, insectes dont abeilles); les fossés ont été comblés et lors de fortes pluies, la terre n’est plus retenue. Enfin, la terre n’a plus le temps de se reposer.

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