Suicide du chef de l’État islamique lors d’une opération des forces turques
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De la maison au toit ocre où il se terrait dans le nord-ouest de la Syrie, il ne reste plus grand-chose, sinon des murs effondrés. Samedi dernier, Abou Hussein al-Qourachi, le chef de l'État islamique, s’est lui-même donné la mort en déclenchant une ceinture d’explosifs après avoir refusé de se rendre, lors d'une opération réalisée par les services de renseignement turcs. Le président Erdoğan, actuellement en pleine campagne électorale, a sobrement annoncé qu’il avait été « neutralisé ».
Si l’organisation djihadiste ne règne plus, comme à son apogée en 2014, que sur un territoire comprenant environ un tiers de la Syrie et 40 % de l'Irak, elle n’a pas pour autant disparu. En février dernier, un rapport de l’ONU estimait que la menace présentée par l’État islamique restait préoccupante et ne se réduisait pas à l’Irak ou à la Syrie.
En Afrique et notamment dans la zone sahélienne, l’organisation et ses affiliés progressent de façon inquiétante. Les combats contre les forces armées gouvernementales s’accompagnent de violences exercées sur les civils et de déplacements de populations comme dans le nord-est du Mali, où les combattants du groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS) se sont récemment emparés de la localité de Tidermène, étendant ainsi leur emprise sur la région.
En Afghanistan, l’État islamique du Khorassan combat les talibans et multiplie les attentats depuis plusieurs années. Fin avril, la Maison-Blanche a annoncé que le chef de la cellule terroriste responsable de l'attentat suicide à l'aéroport international de Kaboul, en août 2021, avait été tué par les talibans. 13 soldats américains et environ 170 civils avaient trouvé la mort lors de cette attaque qui avait eu lieu dans les derniers jours du départ chaotique des troupes américaines.
De l’Irak à l’Afghanistan en passant par la Syrie et la Libye, les conséquences désastreuses des déstabilisations géopolitiques provoquées par les États-Unis et leurs alliés occidentaux restent toujours d’actualité.
« Moins de deux ans après que le président Biden a retiré le personnel américain d'Afghanistan, le pays est devenu un site de coordination important pour l'État islamique alors que le groupe terroriste planifie des attaques à travers l'Europe et l'Asie et projette des complots d’envergure contre les États-Unis », rapportait récemment le Washington Post sur la base d’une évaluation classifiée issue des Pentagon Leaks. Les documents divulgués décrivaient différents projets : envoi d’un kamikaze lors de la Coupe du monde de football au Qatar l’été dernier, tentatives de recrutement d’un expert en Angleterre pour réaliser des armes chimiques ou encore des plans d’enlèvements.
Loin d’appartenir au passé, l’État islamique, bien qu’affaibli, est actif au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie, mais reste aussi un danger persistant en Europe. Ce que confirme le rapport de l’ONU qui insiste sur les risques présentés par des individus auto-radicalisés, des « revenants » susceptibles d’agir comme recruteurs pour former des cellules locales ou encore des femmes rapatriées développant des actions de propagande. La question des détenus et de leurs familles reste en effet fortement problématique, comme le reconnaissait, le 16 mars dernier, aux États-Unis, devant la commission des forces armées du Sénat, le général américain Michael Kurilla, qui dénombrait environ 10.000 combattants de l'État islamique incarcérés dans des centres en Syrie et environ 20.000 en Irak. « Une véritable armée de l’EI en détention », constatait-il. Sa plus grande inquiétude concernait cependant « la prochaine génération potentielle de l’EI » avec, notamment, plusieurs dizaines de milliers d’enfants entassés dans le camp syrien d’Al-Hol. « Pendant quatre voyages au camp d'al Hol en 11 mois, j'ai vu de première main que ces enfants sont des cibles de choix pour la radicalisation de l'EI », indiquait le général, qui offrait comme solution de les rapatrier au plus vite dans leur pays d’origine...
Le 25 janvier dernier, la France, soumise à une forte pression médiatique et diplomatique, a procédé au rapatriement de quinze femmes et trente-deux enfants détenus dans des camps de prisonniers djihadistes en Syrie. Comme le soulignait, à l’époque, dans Le Figaro, Laurent Lemasson, docteur en droit public, le dilemme moral lié à ces retours ne se pose que parce que le gouvernement français ne s'est pas donné les moyens juridiques de priver de leur nationalité les Français djihadistes partis en Syrie. « Nous aurions ainsi pu mettre le droit en accord avec la réalité en constatant que ces individus se sont exclus d'eux-mêmes de la communauté nationale. En ne l'ayant pas fait, nous entretenons une fiction qui leur permet d'utiliser à leur profit toutes les ressources d'un État de droit, qu'ils ont pourtant essayé de détruire », ajoutait-il.
Il est en effet à craindre que nous n’ayons pas encore fini de payer au prix fort nos faiblesses, des engagements géopolitiques inconséquents et les compromissions de toute une partie de notre classe politique avec un islamisme conquérant et violent dont l’État islamique n’est qu’une des manifestations.
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9 commentaires
Bah ! Quoi qu’on dise ou quoi qu’on pense, il y a quant même des bonnes nouvelles. Ça nous change un peu d’être satisfait de quelque chose.
Le problème des djihadistes (femmes et enfants) rapatriés « par humanisme » (!!??) n’est qu’une plaie ouverte en voie de réinfection à plus ou moins court terme …
Malheureusement pour notre pays le Gouvernement a prouvé qu’il n’y a en son sein aucun médecin compétent capable de stopper l’infection.
Mais les droits de l’homme détruiront nos démocraties, encouragées par la NUPES, et bien d’autres étrangers devenus FRANÇAIS par le droit du sol. C’est extraordinaire qu’un peuple que beaucoup de Nations enviés, se soient détruits en 50 ans.
Constat implacable. Jean-Henti Fabre : »L’homme succombera tué par l’excès de ce qu’il appelle la civilisation” On peut remplacer « civilisation » par « droit de l’hommisme ».
Contrairement à Macron, les Turcs avec Erdoğan en tête jouent bien leur partition au niveau anti-terroriste. On peut penser qu’il à marqué ainsi un gros point pour sa réélection.
Le suicide est interdit dans l’islam tout comme dans d’autre religions, il n’ira pas au paradis du grand guide de la secte.
Sauf si les turcs l’ont un peu aidé.. »le fil rouge sur le bouton rouge , le fil vert sur le bouton vert »
Bref , le plus immonde reste quand même ces milliards de $ de matériel militaire abandonné par la fuite calamiteuse des troupes US .
Excellent ! Vous avez probablement raison, les Turcs ont du l’aider dans son câblage.
On récolte ce qu’on a semé ! Partout, où passent les US, c’est le chaos !