C'est comme dans nos collèges et nos lycées : quand on est passé à la semestrialisation, il a fallu instituer des « bilans de mi-semestre » car la période devenait trop longue pour qu'on laisse nos chérubins sans évaluation intermédiaire. Sinon, il était trop tard pour éviter les dérives et redresser la barre. Avec le passage au quinquennat, et plus encore peut-être pour l'élève Macron que pour les autres, un bilan de mi-mandat s'impose aussi. Et le conseil de classe, c'est l'IFOP qui l'a organisé avec Fiducial, Sud Radio et CNews.

Le constat est net, et guère étonnant : Emmanuel Macron est impopulaire, et plus qu'il y a un an. Les sondages mensuels tentaient de nous faire croire à des rebonds, voire des remontadas. L'analyse au long cours montre au contraire une tendance lourde : « Seuls 35 % des Français se déclarent satisfaits de l’action du président de la République, contre 42 % en avril 2018 pour sa première année de mandat. » 35 % de satisfaits quand on a été élu avec 66 % des suffrages exprimés, cela traduit un sacré retournement !

Ce qui accrédite l'idée que cette impopularité est profonde et durable, c'est la perception des Français sur cette première partie du mandat : pour eux, l'événement le plus important de ces deux ans et demi, c'est, pour 77 %, la révolte des gilets jaunes. L'opinion a perçu le caractère inédit et significatif du mouvement. Nul doute qu'il laissera des traces, dans les mémoires, mais aussi dans l'image négative que les Français garderont d'Emmanuel Macron.

Il est révélateur que les traits qui plombent le plus l'image d'Emmanuel Macron soient ceux qu'a révélés cette crise : Emmanuel Macron n'est ni sympathique ni honnête pour 58 % des Français, il n'est pas « sincère » pour 64 %, pas « juste » pour 70 %. Enfin, nous sommes 76 % à ne pas le juger « proche des préoccupations des Français » et 78 % à le juger incapable de « rassembler les Français ».

Si l'on passe à l'évaluation de son action, là aussi, tous les clignotants virent au rouge. Et notamment dans deux domaines où il était pourtant donné favori au départ : l'image internationale de la France et l'économie. Relations avec l'Union européenne : -11. Lutte contre le terrorisme : -2. Image de la France à l'étranger : -17 ! Lutte contre la dette et les déficits : -18 !

Quant aux domaines où il n'était pas crédible, sans surprise, il s'effondre. Défense de la laïcité et lutte contre l'insécurité : -9. Maîtrise de l'immigration : -5, son plus mauvais score, à 24 % de satisfaits... Il n'est pas garanti que la communication actuelle sur ces sujets suffise à inverser ces tendances.

Tout cela est inquiétant pour lui et l'on comprend que sa seule stratégie soit, désormais, celle d'une élection par défaut, avec la réactivation d'un « front républicain » contre Marine Le Pen.

Ce sondage est une mine d'informations, non seulement sur la perception d'Emmanuel Macron, mais aussi, en creux, sur les attentes des Français et le profil alternatif qu'ils ne trouvent pas encore dans l'offre qui leur est proposée.

On pourrait même dessiner le portrait-robot de celui qui serait un véritable challenger pour Emmanuel Macron et sortirait cette élection du schéma tout tracé : ni jeune premier arrogant (et l'expérience Macron a, à mon avis, vacciné les Français contre ce profil pour un moment), ni Parisien, ni énarque ou inspecteur des finances mais un homme issu de milieux populaires ou des classes moyennes, ayant vécu et fait autre chose dans sa vie que de la politique, ayant une bonne connaissance des angoisses populaires, une crédibilité locale, l'audience des peuples de droite, un parler simple et vrai.

Pour 2022, un peu comme Diogène qui cherchait un homme avec sa lanterne dans les rues d'Athènes, ou plutôt l'Idée platonicienne de l'Homme, pour dire qu'il ne croyait pas aux Idées, les Français vont arpenter leurs rues pour trouver ce challenger, cet anti-Macron, ni Idée, ni algorithme, mais un homme bien concret : ça tombe bien, les municipales vont nous permettre d'en croiser quelques-uns.

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28 octobre 2019 à 8:35

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