Soirées électorales : à quand, les coups ?

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Il arrive un moment où les maux sont tels qu’on n’a plus de mots pour les dire…

On se réjouit, ce lundi matin, de la progression du nombre des votants pour une élection qui, traditionnellement, en attire chez nous assez peu : + 9 % de participation par rapport au dernier scrutin, en 2014. Les Français, pourtant, vont de plus en plus souvent voter en traînant des pieds, et ce n’est pas le spectacle d’après-vote sur les plateaux de télé qui pourrait leur rendre l’enthousiasme.

On regarde, fasciné telle la souris devant le serpent, incapable de se détacher de ces jeux du cirque que sont aujourd’hui les soirées électorales. C’est, maintenant, un champ de foire où volent les injures en attendant les coups qui, demain, ne manqueront pas de pleuvoir.

On s’accroche, on veut être sérieux, on se doit de regarder. Je ne peux pas dire « écouter », puisque c’est inaudible. On se rabat sur les « gueules », ce qui est, au fond, le plus parlant : les représentants LR regardent leurs chaussures, ceux de La France insoumise sont au bord des larmes, les Verts volent sur un nuage sans pollution et Raphaël Gluksmann a l’air d’un jeune père portant sur les fonts baptismaux son premier enfant… Le ravi de la crèche, c’est lui !

Sur France 2, Léa Salamé a cédé la place à Anne-Sophie Lapix pour cause de concubinage avec la politique. C’est Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, qui est là pour ce grand moment d’autosatisfaction. Lui fait face Sébastien Chenu qui porte, lui, les couleurs du RN, vainqueur de la soirée. Mais tout le temps où elle sera sur le plateau, Sibeth Ndiaye refusera d’appeler son parti par son nom, martelant que « le Front national est toujours le Front national », repaire d’extrême droite, etc., et bla-bla-bla. Quarante ans que ça dure et on n’en sort toujours pas. Et puis le ton commence à monter et les injures à voler avec le mélenchoniste Alexis Corbière : « Menteuse ! », « Je vous interdis de me traiter de menteuse » … Comme un disque rayé, ça tourne en boucle et monte en décibels. Sa voisine Karima Delli (EELV) s’accroche tout aussi violemment avec la représentante du gouvernement, qu’elle accuse elle aussi de mensonge. Cacophonie garantie. Ces deux-là sont prêtes à s’écharper.

Alors, on zappe, on s’en va voir sur la chaîne d’à côté…

Et là, que trouve-t-on ? Sur TF1, on trouve Daniel Cohn-Bendit et Gilbert Collard qui s’invectivent de la pire façon. On a fait enfiler au premier le costume de « grand témoin » de la soirée. Caution morale, en quelque sorte, mais Collard veut lui retirer son faux nez et lance : « Il y a deux représentants de La République en marche sur le plateau. Tu es de trop. » Et ça monte tout de suite dans les tours : « faux-cul de la politique », « vendu à Macron », dit le député RN ; l’autre répond « ignoble ordure », puis « connard ». Il s’en faut de peu que ces deux-là en viennent aux mains.

Écœuré, on retourne voir ailleurs… où rien n’a changé. C’est maintenant Julien Sanchez qui s’est assis dans le fauteuil de Sébastien Chenu. Le RN est toujours en accusation, cette fois pour l’absentéisme de ses députés au Parlement européen. Sibeth Ndiaye est rentrée au palais fêter la victoire et c’est Marlène Schiappa qui siège maintenant pour l’accusation. Julien Sanchez voudrait parler mais Olivier Faure, patron d’un Parti socialiste devenu totalement inexistant, ne le laisse pas répondre. Depuis dix minutes qu’il est là, Sanchez n’a pu placer un mot, alors il s’en va.

Dimanche soir, Les Bronzés 3 ont battu en audience la soirée électorale de France 2, qui a battu celle de TF1… Qui s’en étonnera ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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