C'est ce qu'on serait tenté de dire à Didier Deschamps qui, refusant d'évoquer son salaire devant les journalistes du Parisien au motif qu'il le juge « indécent », crée le scandale du jour.

Quoique plaçant le football en tête de mes envies de zapper (juste derrière Cyril Hanouna et les pandas du zoo de Beauval), impossible d'ignorer que l'homme est fin stratège, et c'est bien pour cela qu'il évite le sujet comme la peste : « Je pourrais argumenter, mais M. et Mme Tout-le-Monde ne peuvent pas entendre ça, parce qu'ils sont dans la difficulté. Je ne suis pas là pour faire mal ou pour choquer. J'ai pris une position : tant que je suis dans le sport, je ne donnerai aucun avis politique, social ou quoi que ce soit. Je ne veux pas mélanger. J'estime avoir bien conscience de la réalité. Je connais le prix du SMIC, combien coûte une baguette, le prix d'un litre d'essence. »

Tout le contraire de la palanquée de personnages du monde artistique qui, le cœur en bandoulière et entre deux jets privés, nous assènent régulièrement leurs avis sur Trump, Poutine, Orbán, le sauvetage de la planète ou les causes de la misère du monde, voire sur Macron, que beaucoup d'entre eux ont vigoureusement soutenus… jusqu'au mois dernier. Il est vrai que la plupart étaient hollandistes sous Hollande et sarkozystes sous Sarkozy !

Deschamps a bien compris que, dans l'idéologie française, "égalité" venait loin devant "liberté", que notre devise nationale était mal hiérarchisée et que les mots "envie" ou "jalousie" pourraient y figurer en bonne place.

C'est tout de même curieux, tout le monde veut "réduire les inégalités" mais personne ne nous dit jamais jusqu'où ? Et alors que nous ignorons généralement le patrimoine de nos proches, voire des membres de notre famille, depuis Cahuzac, rien ne nous est caché de la fortune de ceux qui nous gouvernent, encourageant ainsi l'amertume concevable des moins bien lotis envers leurs élus. D'où, peut-être, certains gilets sur les ronds-points ?

De plus, cette tyrannie de la transparence a tout pour décourager l'engagement politique de ceux qui, au lieu de faire l'ENA, ont brillamment réussi professionnellement dans leur domaine et apporteraient très certainement au pays des compétences et une connaissance des hommes supérieures à celles de bien des ministres.

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25 décembre 2018 à 19:33

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