La plate-forme numérique Netflix diffuse depuis peu la série Notre-Dame, la part du feu, interprétation libre de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, survenu le 15 avril 2019. Un calvaire en six épisodes, chemin de croix de cinq heures pour qui s’attendrait à une mise en scène globale et un peu élevée des éléments de ce drame : une intrigue, des références religieuses, historiques, culturelles, son clergé, ses fidèles, les pompiers (la BSPP), le public. Ce n’est pas du tout le sujet de cette série d’invraisemblances et de clichés à la mode bien-pensante.

Avec le film de Jean-Jacques Annaud, Notre-Dame brûle, sorti en salles en mars dernier, on avait déjà eu droit à un récit spectaculaire au style très pompier, à grand renfort d’effets spéciaux, film-catastrophe style La Tour infernale, version cathédrale. Le créateur et réalisateur de cette nouvelle série, Hervé Hadmar, reconnaît qu’elle « parle surtout de nous tous », une galerie de personnages aux prises avec leur propre « feu intérieur, leurs problématiques ». « J'avais envie de montrer ce côté universel de l'émotion. » L’écran affiche la mention « 18+, sexe, drogue, automutilation ». On est prévenus, mais on ne s’attendait pas tout à fait à ça.

Côté « émotion », on est servis, principal ingrédient d’un drame psychologique de personnages perturbés aux profils divers et stéréotypés, pour qui la religion est apparemment une cause majeure de leur mal-être, voire de traumatismes qui remontent à l’enfance : général d’origine maghrébine commandant la BSPP au bord de la démission après le décès de son fils pompier mort au feu ; colonelle en second de souche française et lesbienne en quête désespérée de rédemption ; jeune officier de coordination nigaud (« Le feu est habité, il a une âme ») et distrait par la présence de la journaliste de BFM TV dont il est épris, laquelle, en proie à des dilemmes éthiques, met sa vie en danger (et celles des pompiers) ; jeune femme pompier traumatisée par la mort de son amant marié (le fils du général) et qui désobéit pour se sacrifier quitte à mettre ses collègues en péril ; prostituée droguée (mais soutenue par un enfant d’origine africaine) que son père, pourchassé par la pègre, recherche pour qu’elle se rende au chevet de sa mère ; ouvrier immigré syrien présent sur le chantier au démarrage de l’incendie, qui entre par effraction chez une voisine ressemblant comme deux gouttes d’eau à son épouse noyée lors de leur « traversée » (tous deux chirurgiens, une chance gâchée pour la France). Finalement, il est très peu question de Notre-Dame, simple décor.

Les « relecteurs de sensibilité », qui délivrent désormais (ou pas) l’imprimatur moral à tout ouvrage et film, ont bien fait leur travail. Rien à redire à l’entreprise d’ingénierie sociale Netflix dont le cocréateur en 1997, Marc Randolph, est l’arrière-petit-neveu de Sigmund Freud et d’Edward Bernays. Les films et les documentaires diffusés par Netflix sont des vecteurs très aboutis et séduisants de cette reprogrammation par déconstruction (wokisme) selon les valeurs et les codes progressistes.

Enfin, on attend toujours avec une impatience légitime le rapport final sur les responsabilités et les culpabilités de cet incendie d’une cathédrale construite il y a huit cents ans, qui n'aurait pas dû se produire compte tenu des moyens modernes de prévention. Tant du côté du personnel de l'Église que des autorités de l'État. Par incompétence et négligence criminelles, involontaires ou intentionnelles ? Pour éluder la question, cette série commence avec l’image d’une flamme apparue soudainement dans la charpente… comme par autocombustion, ou miracle ? Lors de l’une des trois seules apparitions (réelles et peu flatteuses) d’un homme d’Église, celui-ci, hébété, insinue que l’incendie serait dû au retrait récent, pour entretien, des douze statues des apôtres du Christ « censés protéger la cathédrale ». Consternant.

En attendant mieux, on trouvera des éléments d’explication non officiels mais convaincants dans Notre-Dame, le brasier des vanités, livre-enquête écrit par Laurent Valdiguié en mars 2020 et rarement évoqué, accablant pour les parties prenantes - autorités religieuses, publiques et civiles. Le dossier n'est pas clos…

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23 octobre 2022 à 19:30

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25 commentaires

  1. Quoi attendre d’ autres avec cet exemple de propagande subventionnée par les mondialistes

  2. A mon sens, l’incendie de Notre-Dame annonce de manière visible la dégradation de notre civilisation. Une mise à feu qu’on peut croire organisée, pour donner le signal au monde du démarrage des hostilités, absurdités, inversion des valeurs, privations des libertés, … qui ont pu s’afficher ensuite librement. L’indifférence et même le sourire de notre président et de sa clique, l’annonce presque immédiate d’une absence d’attentat terroriste, confortent l’hypothèse d’une préméditation. Non, un simple mégot de cigarette ne met pas en feu en si peu de temps une telle charpente, d’autant plus qu’un système d’alarme et de détection d’incendie maille l’ensemble des locaux. C’est vrai que le surveillant de sécurité ce soir maudit était un nouveau inexpérimenté, par hasard peut-être ?
    Faire des films avec obligation d’y insérer le wokisme et la bien-pensance sur le sujet est aussi un indice qu’on ne veut pas développer le sujet sous l’angle de la recherche de la vérité. D’ailleurs, je ne regarde plus de nouvelles productions de films, étant donné qu’ils ne peuvent être financés, produits et diffusés que sous la condition qu’ils banalisent et même fassent la promotion de pensées et comportements décadents. Je fais confiance à Jean-Michel Lavoizard sur ce qu’il a observé dans ces films, ce qui m’évitera de perdre mon temps à les visionner.

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