Elle a toujours été comme ça, Ségolène Royal : elle veut le beurre, l’argent du beurre, le pot de miel et la peau de l’ours. « Et en même temps », comme dirait son bienfaiteur.

Car Emmanuel Macron fut son bienfaiteur, mais la gratitude en politique, hein…

Cette métaphore n’a d’autre but que de rappeler combien l’ex-dame du Poitou se réclame de l'écologie. Elle en fut ministre sous le règne de François Hollande et porte, depuis, sur la poitrine, tel un maréchal soviétique, sa bimbeloterie décorative, ses médailles de la COP21. C’est pour cela que le jeune Macron, tout frais émoulu Président, lui offrit sur un plateau, en décembre 2017, le titre éminemment honorifique d’ambassadrice des pôles.

Il convient de rappeler ici que Ségolène Royal, pensant la récompense à la hauteur de ses ambitions démesurées, l’avait soutenu contre les candidats de sa propre famille politique. Ça valait bien un strapontin, à défaut d’un maroquin. Mais Macron est un bleu qui pèche par excès de confiance, et s’il croyait la tenir avec ça, il n’allait pas tarder à déchanter.

En décembre 2018, écrivait alors Le Parisien, il la trouvait déjà « ingérable, incontrôlable ».

De fait, tous ceux qui l’ont approchée le disent : Ségolène Royal n’en fait qu’à sa tête. Peut dire tout et son contraire, s’engager et se dédire, s’imposer ou se décommander dans la minute si tel est son plaisir. Et son plaisir, aujourd’hui, c’est d’envisager un retour au premier plan.

Alors, elle flingue tous azimuts. Dégaine à tout propos contre le gouvernement, ce, d’autant plus qu’elle est elle-même dans le viseur pour son investissement très minimaliste dans sa fonction. Sa mission d’ambassadrice des pôles n’est pas rémunérée, certes, mais elle lui offre une tribune, des possibilités de déplacement et trois collaborateurs financés par le ministère des Affaires étrangères. Toutes choses dont elle userait pour ses propres intérêts, négligeant de se rendre aux réunions officielles du Conseil de l’Arctique.

En décembre dernier, on apprenait sa convocation pour audition devant l’Assemblée nationale. Une convocation qu’elle affirme n’avoir jamais reçue, dénonçant une « opération de communication » destinée à la faire taire, alors elle multiplie les commentaires assassins contre l’exécutif. Courant télés et radios, elle accuse : « >Tout cela est fait pour décrédibiliser ma parole politique qui est une parole forte, expérimentée par rapport aux reculs sociaux et aux reculs environnementaux. […] La polémique continue pour me faire taire, pour m’intimider. »

Et de pointer, pêle-mêle, « l’ego machiste » du chef de l’État et du Premier ministre, puis, oubliant sans doute sa propre carrière entamée dans le giron de Mitterrand, « la concentration du pouvoir entre les mains de quelques-uns qui décident pour 60 millions de Français ».

Plus fort encore, alors que le chef de l’État annonçait renoncer à sa future retraite de Président, Ségolène Royal l’a taclé sur Twitter : « La vraie question, c’est de savoir s’il renonce à retourner après l’Élysée dans le monde du business mondialisé avec les énormes retraites-chapeau qui vont avec et dont les montants sont sans commune mesure... » À quoi d’aucuns lui ont répondu : « La vraie question, c'est : et vous ! À quoi servez-vous ? »

Trop, c’est trop. On commence à s’énerver au sommet de l’État. Élisabeth Borne, le ministre de la Transition écologique et solidaire, a lancé, ce week-end, une mise en garde : « Je pense que Ségolène Royal va devoir faire un choix : soit elle veut rester ambassadrice, et évidemment il y a un devoir de réserve, soit elle veut avoir sa liberté de parole […] et dans ce cas il faut qu’elle ne soit plus ambassadrice soumise à une obligation de réserve », a-t-elle dit sur BFM TV.

Et un petit séjour dans le silence de l’Antarctique, sur la base Dumont-d’Urville, ça ne serait pas une bonne idée ?

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13 janvier 2020 à 15:01

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