En voyant la catastrophe causée par ce coronavirus, catastrophe sanitaire, économique et sociale, qui met notre système de santé et toute notre organisation sociale à genoux, on pouvait se demander, puisque le confinement nous permet de réfléchir au monde d'après, mais aussi à celui-ci, ce qu'il se passerait si d'autres facteurs de désorganisation plus graves s'ajoutaient à la situation actuelle.

Exemples : si, un jour, en pleine catastrophe sanitaire - celle-ci ou une autre - un séisme frappait Nice, si plusieurs banlieues s'enflammaient, plusieurs attaques au couteau, des attaques de commissariats, des pillages de magasins avaient lieu ici ou là. À un moment où l'économie mondiale subit aussi une quasi-paralysie.

En médecine, cela s'appelle, je crois, une surinfection. Et en Histoire, en politique ? Un scénario-catastrophe, sans doute.

Mais, en tout cas, cela se prévoit, s'anticipe. C'est même le devoir du politique que d'envisager le pire, la superposition des crises, et de faire une place à l'inattendu et au pire.

Il est clair, vu l'état actuel de pénurie en matière de médicaments et d'équipements dans des hôpitaux submergés dans ces temps de « guerre » contre le coronavirus, qu'un tel scénario ne pourrait que conduire à une sur-catastrophe.

Samedi matin, un drame est venu nous rappeler qu'une autre guerre n'est pas terminée : celle que les islamistes mènent depuis 2012 sur notre sol, celle que, depuis 2015, la France est censée mener, celle qui était passée à l'arrière-plan depuis ces dernières semaines.

À Romans-sur-Isère, dans la Drôme, en plein centre-ville, en pleine période de confinement, un demandeur d'asile soudanais a attaqué au couteau des passants, en tuant deux et en blessant très grièvement trois autres, placés en urgence absolue, un autre blessé étant en urgence relative. L’auteur présumé, âgé de 33 ans, a agi dans un commerce et dans la rue avant d’être interpellé vers 11 heures, selon les sources de l'AFP. Selon France Bleu, qui cite plusieurs témoins, l’homme aurait crié « Allahou akbar » en se précipitant sur ses victimes.

À l'heure où nous écrivons ces lignes, on sait seulement que le parquet national antiterroriste (PNAT) est « en évaluation actuellement ». Se saisira-t-il de l'enquête ?

Alors que Christophe Castaner lançait le tweet habituel tout prêt : « Toutes mes pensées vont aux victimes de l’attaque de #RomansSurIsère et à leurs proches. L’auteur présumé a été interpellé par la @PoliceNationale. La DIPJ de Lyon est mobilisée, sous l’autorité de la Justice, pour établir la nature et les circonstances de cet acte odieux », Damien Rieu, lui, écrivait ceci : « Si jamais le terroriste islamiste de #RomansSurIsere a été libéré d’une prison ou d’un centre de rétention dernièrement, on veut la démission de @NBelloubet. »

Même si ce n'était pas le cas, le gouvernement aurait aussi à rendre des comptes sur cette autre guerre.

Afin de lutter contre le coronavirus, il a été autorisé à légiférer par ordonnances, restreignant comme jamais une liberté fondamentale : celle d'aller et venir. N'est-il pas grand temps de prévoir des dispositions spécifiques pour cette autre guerre que l'on avait voulu nous faire oublier et qui semble loin d'être gagnée ?

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04 avril 2020 à 16:43

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