RN : Le changement, c’est maintenant

© Geoffroy Antoine
© Geoffroy Antoine

À la veille de leur week-end de rentrée à Agde, dans l’Hérault, les députés du Rassemblement national affichent leur détermination. À l’image des comptes du parti assainis par d’excellents scores aux élections législatives et de la future élection pour la présidence du parti, Marine Le Pen et ses troupes actent une forme de « reset ».

Ce ne sera pas à Fréjus, comme d’habitude, mais à Agde. Comme pour acter un changement majeur dans le parti qui va célébrer en toute discrétion son demi-siècle d’existence. Exit la ville de David Rachline, et après avoir un temps hésité avec Arcachon, terre d’élection de la prometteuse Edwige Diaz, le RN va finalement tenir sa rentrée à Agde, autre terre d’élection d’un jeune élu du RN, Aurélien Lopez-Ligori.

« L’objectif, c’est d’être prêt à monter au créneau sur les gros dossiers tels que la crise énergétique, industrielle et celle du pouvoir d’achat. » De Sète, où il attend le président par intérim Jordan Bardella, le député du Gard Nicolas Meizonnet se veut confiant. « Ce sera l’occasion d’ajuster les derniers détails de l’organisation du groupe », admet celui qui possède un avantage certain sur l’immense majorité de ses collègues : trois ans d’expérience parlementaire. Du côté de sa collègue Laure Lavalette, élue dans le Var, les attentes diffèrent légèrement : recevoir davantage de formation sur le fonctionnement, « un peu abscons au début », de l’Assemblée nationale. Des députés secoués par une entrée en matière dense avec un premier mois sur les chapeaux de roue, entre élections internes des présidences de commissions, questures et vice-présidents, immédiatement suivies d’un examen du projet de loi sur le pouvoir d’achat. « Des miettes », s’agace Meizonnet. Sur les réseaux sociaux, ce vendredi, les députés ont en tout cas opté pour une communication souriante et enthousiaste dans une ambiance très « team building ». Portés en tout cas par des sondages flatteurs et l’élévation de Marine Le Pen dans les rangs des personnalités politiques préférées des Français, les cadres du parti à la flamme semblent aborder cette rentrée avec optimisme et détermination. Pour autant, les dossiers ne manquent pas, les écueils non plus.

Une guerre de succession évitée ?

L’élection à la présidence du parti opposera donc Jordan Bardella et Louis Aliot. Si celle-ci se réglait au nombre de parrainages obtenus, la défaite aurait été cinglante pour le maire de Perpignan, mais ce sera aux militants de se prononcer. Un affrontement qui n’aurait dû être qu’une simple formalité mais qui a failli s’envenimer au début de l’été avec une série « d’attaques et de mots malheureux mais anecdotiques », d’après un député RN qui ne voit pas « de différence de ligne entre les deux candidats ». À l’image de Marine Le Pen, tous jouent la carte de l’apaisement. « Soutenir l’un ne veut pas dire s’opposer à l’autre », affirme Meizonnet. « Personne ne veut d’un bain de sang », abonde Laure Lavalette. L’une des raisons de ces tensions ? La guerre larvée et largement commentée qui oppose le président par intérim au clan d’Hénin-Beaumont animé par le tandem Steeve Briois-Bruno Bilde.

« Où vous penserez-vous le mieux accueilli ? Aux universités d’été de Reconquête ou à Hénin-Beaumont ? » demandait innocemment à Jordan Bardella, et dans un éclat de rire général (le premier intéressé compris), le journaliste de Libération Nicolas Massol. « À Hénin-Beaumont, quand même », sourit Bardella, mais le message est passé. « Le conflit entre Jordan et le Nord naît surtout de la crainte d’une perte d’influence de ceux qui entourent Marine Le Pen », analyse un cadre du parti. Un député soutien de Bardella abonde : « On pourrait être surpris du soutien massif d’Hénin-Beaumont à la candidature de Louis Aliot quand on connaît les positions des uns et des autres sur les questions sociétales », s’amuse-t-il. « Peut-être que ce soutien démontre que les positions de Louis ont évolué… Ou alors que les idées sont assez secondaires à côté de l’instinct de survie », sourit-il, grinçant.

La fin de vie et la corrida

C’est un taureau que Marine Le Pen va devoir prendre par les cornes. Car ces deux sujets sont loin de faire consensus dans son groupe. Le député du Gard Nicolas Meizonnet en a conscience : « Mes collègues du Gard et des territoires dont la corrida relève de la tradition fermement enracinée défendront cet art. Dans un même temps, nous voyons certains de nos collègues militer pour son interdiction au moins pour les mineurs », affirme-t-il. « Sur la fin de vie, ce sera à nous de démontrer à nos concitoyens et nos collègues pourquoi il ne faut pas légaliser l’euthanasie », reconnaît, pour sa part, Laure Lavalette. Toutefois, la présidente du groupe RN semble avoir conscience des enjeux. Est-ce pour cela que, interrogée sur le service public sur l’euthanasie, elle a assuré « y être personnellement opposée » mais considère « qu’une telle décision ne peut passer que par le référendum ». Un habile moyen de faire passer un signal positif à sa frange conservatrice tout en rassurant son aile plus progressiste sur le fait qu’elle ne les enverra pas dans une sorte de « croisade ».

Objectif 2027

École des cadres, première force d’opposition. Les mots choisis par Jordan Bardella en cette rentrée étaient clairs : le RN est aux portes du pouvoir et doit se tenir prêt à le prendre et surtout à l’exercer. Du côté du jeune président par intérim, l’identité du candidat à l’élection présidentielle ne fait pas mystère : « Ce sera Marine Le Pen. » On retrouve le même son de cloche chez Aliot. Pour la principale intéressée c’est plus flou, dans un entretien paru, ce vendredi, chez Ouest-France, Marine Le Pen se fait plus vague : « Il ne faut jamais dire jamais en politique, mais il faudrait vraiment des circonstances exceptionnelles pour que je reparte pour une quatrième présidentielle », affirme-t-elle à nos confrères. Reste à déterminer ce que « circonstances exceptionnelles » veut dire. En tout cas, la porte est ouverte.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Si ces ego démesurés (MLP, EZ et leurs soutiens respectifs) acceptaient, tout en admettant leurs divisions, de travailler ensemble, avec intelligence et bonne volonté, notre pays ne pourrait qu’en tirer bénéfice. C’est à se demander si notre pays les intéresse.

  2. Je reste médusée par les commentaires de propagande pro-Zemmour , lui qui n ‘est que la cararicature d ‘ un homme politique ; c ‘est de l ‘ intox ?
    Le RN , au bout de cinquante ans est devenu un parti fiable et crédible dont les idées portées avec courage pendant si longtemps et tellement décriées , sont reprises par des concurrents sans scupules ;
    Souhaitons lui de concrétiser son effort et des ‘ emparer du pouvoir sans « l ‘aide » de ses détracteurs

  3. Comme dit maintes fois, c’est « RECONQUÊTE » qu’il nous faut ou rien ! Ce parti est le meilleur, il est sincère et puissant. Il connaît notre passé, à compris le présent qu’il saura renverser pour assurer le FUTUR que nous souhaitons et attendons tous vivement, ce FUTUR que nous avions il ya une cinquantaine d’années avant que les Gouvernements successifs ne s’ouvrent au monde entier sans même prendre conscience que cela ne pouvait que déboucher sur des conséquences désastreuses dans lesquelles nous sommes. Pour nous en sortir, il n’y a que « RECONQUÊTE », son programme est adapté, solide et équilibré.

  4. Un demi siècle d’existence, et jamais au Pouvoir, alors que l’on dit la France plutôt de Droite !! Et sincèrement bien qu’à Droite je ne me fais aucune illusion pour 2027. Je mange mon chapeau (en chocolat) si MLP est élue Présidente, ou alors elle ne fera pas ce qu’elle a dit. Bien s’appuyer sur le R.N. certes, mais diversifier avec du sang nouveau c’est préférable. Reconquête est là pour ça…Pour une France dans les ETATS Union de l’U.E., et non Mme VDL et le CETH qui nous gouvernent depuis Bruxelles, alors que l’U E a été faite pour le Grand Marché, pour le Commerce, pour le Développement, et nous sommes en guerre avec Macron, déjà 2 en 5 ans, et en Dette énorme, énorme, énorme…

  5. simple question de forme: une bonne fois pour toutes j’aimerais que femmes et hommes soient évoqués de manière similaire soit prénom et nom pour les deux sexes.;;.ou alors seul patronyme pour tout le monde!!!!

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