Révolution 3D : pour une renaissance industrielle française !

car-3075480_960_720

Des lampes aux montures de lunettes en passant par des technologies de pointe, l’impression 3D s’est imposée comme l’innovation en passe de conquérir l’ensemble du marché manufacturier.

En témoignent la multiplicité des secteurs d’application de ces imprimantes du futur, capables de sculpter des objets à partir de matières plastiques ou métalliques, ainsi que la complexité et les dimensions toujours plus imposantes de ses créations visionnaires. En témoignent, également, tant de vies bouleversées, comme celle de la petite Américaine Mia Gonzalez, sauvée in extremis d’une grave malformation cardiaque grâce à la modélisation 3D de son cœur, à même de guider, avec une précision inédite, la main du chirurgien chargé de l’opérer. À l’institut Wake Forest de Caroline du Nord (États-Unis), le docteur Anthony Atala a même réussi à calibrer une imprimante 3D pour recréer un rein à partir de cellules humaines. Pour Jeff Lipton, de Seraph Robotics, c’est tout simplement la cuisine qui pourrait être investie par cette innovation majeure : les imprimantes 3D, armées de leur précision scientifique, réussiraient ainsi mieux un gâteau au chocolat que le plus étoilé des chefs.

Autant de succès spectaculaires qui attestent des ressources inépuisables de cette industrie d’avenir qui, selon l’étude réalisée en 2017 par le cabinet américain A.T. Kearney, devrait voir sa valeur de marché mondiale tripler pour atteindre 26 milliards de dollars en 2021. À la fin de la décennie, 42 % de la production dans des secteurs aussi divers que l’automobile, la santé ou l’aéronautique seraient ainsi concernés par cette technologie révolutionnaire avec, à la clef, près de cinq millions d’emplois qualifiés pour les États-Unis et, espérons-le, un nombre comparable en Europe. Un horizon qui n’est peut-être pas si lointain : le cabinet PriceWaterhouseCoopers soulignait déjà, en 2014, que 11 % des entreprises, sur un échantillon d’une centaine, avaient intégré l’impression 3D dans leurs processus de production. Or, selon l’institut d’analyse Gartner, une technologie est considérée comme d’usage courant à partir d’un seuil d’utilisation de 20 %.

Derrière cette révolution silencieuse se profile un changement fondamental de notre modèle économique. En effet, en industrialisant la production d’une multitude de marchandises à des coûts toujours plus négligeables, l’impression 3D représente la promesse d’une relocalisation massive d’emplois perdus ces dernières décennies au profit de pays à bas salaires. Car si cette concurrence féroce ne cessera pas du jour au lendemain, a fortiori en l’absence de changement de paradigme économique, ce modèle devra coexister avec une production croissante de biens manufacturés mécaniquement. L’impression 3D permettra même l’émergence d’un nouveau marché : celui de la commande de biens personnalisés, notamment via des applications.

Le message a, d’ailleurs, été parfaitement reçu par certains établissements d’enseignement, des écoles d’ingénieurs à l’apprentissage, qui ont vu fleurir ces dernières années les formations spécialisées, à l’instar de la grande école Arts et Métiers ParisTech, dont le campus de Lille dispense, depuis 2014, un cursus destiné aux salariés et chefs d’entreprise.

Reste que la France a encore du pain sur la planche pour tirer le meilleur parti du potentiel de croissance considérable du secteur. Selon le Comité économique et social européen en 2014, elle ne comptait, en effet, que 3,38 % des imprimantes 3D installées dans le monde, contre 4,41 % pour le Royaume-Uni et 9,44 % pour l’Allemagne - soit une modeste septième place mondiale.

Les répercussions de cette technologie sont certes, pour l’heure, méconnues. On ne peut, pour autant, s’empêcher de comparer son irruption au bouleversement provoqué par Internet et le Wi-Fi, que l’on percevait déjà dans les années 1990 sans en imaginer l’ampleur. De même, l’impression 3D recèle un potentiel considérable : celui de voir enfin les promesses liées aux « emplois d’avenir » se concrétiser, notamment pour les Français. Pour que le rêve devienne réalité, il faut, bien sûr, que la France prenne son destin en main et ne reste pas sur le bord de la route de l’innovation technologique mondiale.

Dominique Bilde
Dominique Bilde
Députée européenne du FN

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois