Renaud Muselier quitte LR… en attendant de voir comment le vent tourne ?

Muselier

Mardi, Renaud Muselier, président de la région PACA, annonce dans Le Parisien qu'il soutient Xavier Bertrand pour le congrès d'investiture des Républicains. Mercredi, sur le plateau de LCI, il déclare qu'il quitte le parti. Vous verrez qu'il décidera bientôt de soutenir Macron s'il a le vent en poupe. Ne vous étonnez pas de cette inconstance, rien n'est plus naturel chez nos politiciens.

Hier, Muselier faisait l'éloge de Bertrand, « son homologue des Hauts-de-France pour la course à la présidentielle » : il avait « l'expérience nécessaire » et respectait « les valeurs du parti ». « Je sais qu'en votant Xavier Bertrand, je vote pour un homme qui n'aura jamais la main qui tremble face à l'extrême droite », estimait-il. Las ! L'intéressé a refusé son allégeance, comme s'il ne souhaitait pas s'encombrer d'un tel boulet : « Ses attaques contre Éric Ciotti et David Lisnard sont inacceptables », a-t-il expliqué. Pas question, pour Bertrand, de se faire des ennemis sur sa droite ! Il pourrait en avoir besoin au second tour.

Il faut dire que lorsqu'on veut se donner l'allure d'un opposant résolu du Président sortant, difficile de copiner avec un homme qui, pour se faire élire, a pris sur sa liste des macroniens pur jus. Xavier Bertrand, c'est bien connu, n'a pour adversaire qu'Emmanuel Macron. Le baiser équivoque de Renaud Muselier pouvait le tuer. Il n'était pas opportun, quelques jours avant le congrès, de l'accepter de bonne grâce. Mais plus tard ? Car, si l'on y réfléchit bien, Muselier et Bertrand sont interchangeables : de véritables clones !

Le premier, Muselier, dénonce une « dérive politique » dans son ancien parti, assure vouloir s'en tenir à la « ligne rouge » et exclut donc tout accord avec « l'extrême droite ». Pour justifier son retrait, il reproche à sa famille politique de franchir cette ligne et de commettre « une faute morale ». Avez-vous jamais entendu le second, Bertrand, défendre une autre position ? Au soir du premier tour des régionales, il s'était félicité, ce nouvel Hercule, d'avoir « desserré, pour les briser, les mâchoires du FN ». En 2017, il s'était empressé de déclarer qu'il voterait, au second tour, pour Macron, « sans état d'âme » et « sans ambiguïté ». Au lendemain de la victoire de Laurent Wauquiez, il avait, lui aussi, annoncé son « départ définitif » de la formation de droite.

Ces jeux de rôle sont dictés par leurs intérêts immédiats et ne visent qu'à donner le change. Si Xavier Bertrand, qui se veut aujourd'hui le bon élève de la droite, n'est pas choisi par le congrès des Républicains, il est à parier qu'il divorcera à nouveau de son parti et commencera à courtiser Macron. Si, d'aventure, un candidat LR est susceptible de l'emporter sur Macron, Muselier lui trouvera toutes les vertus. Si Marine Le Pen se retrouve face à Macron, tous deux seront les premiers à soutenir Jupiter contre la diablesse. L'appétit du pouvoir conduit à manger à tous les râteliers.

Renaud Muselier, provisoirement SDF, continuera de « se mêler de la vie politique » et de donner « son avis ». Il attend de voir le résultat du congrès et « si Macron est candidat et sur quelle base » pour décider de son prochain domicile. Sous le vernis de l'intégrité morale et du refus des compromissions, c'est le parfait modèle du politicien qui veut d'abord savoir d'où vient le vent pour décider de la direction qu'il prendra.

 

 

 

 

 

 

 

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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