Renaud Muselier prêt à soutenir Christophe Castaner pour les municipales à Marseille ? Valérie Boyer crie au loup !

Il n'en parle pas. Mais il ne pense qu'à ça. Il ? Emmanuel Macron, bien sûr. Ça ? Les prochaines échéances électorales. Les européennes de juin 2019. Mais aussi les municipales de 2020. Pour les premières, après les ouvertures d'un Alain Juppé souhaitant la constitution d'un grand axe central, le message est clair : la droite centriste et juppéiste apportera son soutien au parti du Président. Et les dernières déclarations de M. Raffarin sur l'Europe l'ont confirmé.

Pour les municipales, les tractations (restons polis) ont aussi bien commencé. À Paris, Benjamin Griveaux est piloté pour prendre la succession d'Anne Hidalgo. Et à Marseille, Renaud Muselier, président de la région par la grâce des arrangements de MM. Estrosi et Castaner, a déclaré jeudi sur BFM TV :

Moi, je ne veux pas des Insoumis ou du Front national : à partir de là, on peut discuter. La région ne peut pas se permettre d'avoir un schéma où Marseille tombe aux mains des extrêmes.

Discuter ? Valérie Boyer, député LR de la 1e circonscription de Marseille, et possible tête de liste en 2020, a immédiatement traduit la prose de M. Muselier :

Marseille mérite mieux que des enjeux de tambouilles politiques.

Valérie Boyer a raison, mais il ne lui a sans doute pas échappé que, depuis les « arrangements » entre MM. Estrosi et Castaner de 2015 jusqu'aux coups de couteau lancés par le même Estrosi dans le dos du candidat Fillon en 2017, la politique LR dans sa région n'est, depuis des années, que... « tambouille ».

En tout cas, si l'on suit la logique de MM. Macron, Castaner, et Muselier, toutes les grandes villes seront, en 2020, aux mains de LREM, que la tête de liste s'appelle Juppé, Castaner ou Muselier. Deux ans avant la présidentielle de 2022, ce serait de très bon augure pour la réélection du Président.

Voilà pour le plan de campagne. Oserons-nous entrevoir quelques ombres à ce glorieux tableau ?

D'abord, les campagnes, justement. Ou, plus exactement, la France périphérique des villes moyennes, qui ne marcheront peut-être pas aussi facilement que les grandes métropoles dans cette recomposition. Il n'est, par exemple, pas évident du tout que Béziers – prenons cette ville au hasard – tombe dans le macronisme dans deux ans. Il serait même judicieux – faisons un rêve ! - que toutes ces petites villes délaissées se cherchent une recomposition, non pas à la Macron, mais à la Ménard … Et là, la balle est dans le camp des responsables de droite locaux, à la base, puisque les élites, les têtes, les Juppé, Muselier et autres, ont déjà négocié, eux, leurs petits arrangements.

Ensuite, il y aura nécessairement, à droite, une clarification. Il serait bon qu'elle intervienne avant ces municipales si M. Wauquiez va jusqu'au bout de sa logique, en excluant les Juppé, Muselier qui, pour conserver leur siège, souhaitent « additionner des victoires » pour le Président Macron. Et Marseille servira peut-être de laboratoire. Ou de détonateur.

Enfin, notamment à Marseille, il faudra compter avec la capacité de mobilisation et de renouvellement du Front national, déjà bien implanté avec M. Ravier, qui avait conquis le secteur le plus peuplé de la ville en 2014. Sans que M. Juppé ne s'en rende compte. Or, 2014, c'était avant la série d'attentats islamistes qui ont ensanglanté la France, Nice, mais aussi Marseille, en septembre dernier.

Pas sûr, donc, que les Marseillais, écœurés par les arrangements de leur vieille droite Gaudin-Muselier et aux avant-postes des problèmes générés par l'immigration et l'islamisation, se jettent comme un seul homme dans les bras de M. Muselier, même macronisé. Ou de M. Castaner, même "gaudinisé".

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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