Malgré l'effondrement culturel ou celui du système scolaire nous conditionnant à accepter le remplacement de notre propre civilisation, Renaud Camus rappelle que les dissidents qui se battaient pour la vérité dans les années 80 ont réussi à faire s'effondrer le régime soviétique. Pour lui, donc, un sursaut est encore possible.

Le grand remplacement est-il plus que jamais d’actualité ?

Oui il est d’actualité, ma conviction est que c’est le thème qui est le plus d’actualité et le plus important dans la vie et dans l’histoire de notre pays, car si on change de peuple, l’histoire de notre pays aura une toute autre signification.

Êtes-vous un lanceur d’alerte plutôt qu’un théoricien ?

Le grand remplacement, hélas, n’a rien d’une théorie, c’est le phénomène le plus important de l’actualité et de notre histoire. Je ne suis pas le théoricien, je suis celui qui l’a nommé, en proposant un nom assez adéquat qui a été largement repris à travers le monde.

Le grand remplacement est désormais admis par une partie de la classe politique, est-ce une victoire ?

Ce qui est une victoire, c’est que les gens puissent se rendre compte de ce qui survient. C’est une victoire incomplète, car ce qui règne est le négationniste global : le fait de nier cette évidence. Tout ce qui aide à affirmer la vérité sur ce phénomène est une bonne chose.

Le monde politique est-il suffisamment conscient de ce phénomène ?

Même au sein du personnel politique, beaucoup de personnes le voient sans en être inquiétées. Certains s’en réjouissent comme Jean-Luc Mélenchon qui au fond dit à peu près la même chose que moi, en disant que le pays sera entièrement métissé et que la population sera changée. Et il trouve que c’est très bien !

L’inaction du monde politique s’explique-t-elle par l’idéologie ou une cécité volontaire ?

Parler d’une volonté, c’est beaucoup dire. Ils sont totalement dépassés par les événements et voient que leurs discours ne tiennent plus et qu’il n’y a plus de relation entre l’information et la réalité effroyable de ce qui survient. Donc ils naviguent au jour le jour. Leur seule obsession, ce sont les sondages et leur réélection ou leur élection.

La récente dissolution de Génération identitaire est-elle un coup de pouce au grand remplacement ?

Tout ce qui porte sur la constatation du changement de peuple, de la colonisation de la France et de l’Europe ne doit pas être nommé. Il n’y a rien d’autre à reprocher à ces jeunes gens, au contraire ils sont plus du côté de la loi que ne le sont les juges. Ils défendent le territoire, les frontières. Ils n’ont commis aucune espèce de violence et n’appellent à aucune violence. Il n’y avait aucune raison objective de les dissoudre, sinon le fait qu’ils affrontent le tabou du grand remplacement. On peut l’appeler autrement : si certains préfèrent, on peut dire génocide par substitution en utilisant le terme d’Aimé Césaire plutôt que le mien. Cela revient au même : un changement de peuple et de civilisation.

Malgré une production intellectuelle reconnue, vous êtes désormais un infréquentable…

Je n’ai jamais été très populaire dans le monde intellectuel et médiatique. Le devoir moral et le devoir esthétique d’un écrivain est de se porter systématiquement au point obscur du discours d’une société :  j’en ai exploré plusieurs, ce qui ne me rend pas populaire. D’autre part, je n’ai pas une considération folle sur le rôle et la place des médias ou des journalistes dans la société française. Ce qui rend nécessaire de me faire taire à tout prix, c’est que j’affronte ce qui doit ne pas être dit : le phénomène le plus important qui doit être tu.

Quotidien vous impute une influence sur l’attentat de Christchurch en 2019. Que leur répondez-vous ?

Je cela trouve absurde et je vois cela comme une preuve que personne ne me lis. Deux catégories de gens ne m’ont pas lu : les journalistes qui formulent ce genre d’accusation et les tueurs de masse. Ce qui prouve que le tueur de masse n’a aucune relation avec moi est qu'il a commis son crime. En effet, le centre de ma réflexion politique est le concept d’In-nocence, de non nuisance et de non-violence. Je suis partisan de la remigration car je pense que les sociétés multiculturelles et pluri ethniques sont violentes. C’est pour éviter cette violence que j’appelle au constat du grand remplacement et à la remigration. Contrairement à ce que répètent les journalistes et le pouvoir négationniste, le tueur de Christchurch ne fait pas la moindre référence à moi. Cette expression de grand remplacement est partout aujourd’hui, et dans de très nombreuses langues. Le président Macron paraît-il en parle à l’Élysée.

L’importation du conflit israélo-palestinien est de plus en plus affirmé en France, est-il l’illustration du grand remplacement ?

Les choses deviennent de plus en plus claires et peuvent contribuer à la levée du négationnisme global. Ce n’est même plus une importation, c’est comme s’il y avait un front commun entre Jérusalem et la Seine-Saint-Denis. Nous nous retrouvons dans une situation incroyablement voisine de celle des Israéliens : ils sont dans une guerre extérieure avec Gaza et la Cisjordanie et en difficulté à l’intérieur avec la minorité arabe musulmane. La dérision sinistre du vivre ensemble éclate en Israël, comme elle éclate en France et en Europe, avec toujours l’étonnement naïf des gens qui ne comprennent pas et disent qu’ils vivaient très paisiblement les uns avec les autres.

Deux peuples peuvent-ils vivre ensemble sur un même territoire ?

Je ne le pense pas. Des individus peuvent s’intégrer dans toutes les civilisations, et l’histoire de la France en donne des milliers d’exemples magnifiques. À partir du moment où les immigrés sont en tel nombre qu’ils se conçoivent eux-mêmes inévitablement comme un peuple avec sa religion, sa civilisation, ses costumes et ses mœurs culinaires et autres, il n’y a plus d’intégration.

Le terme intégration est anachronique : les intégrations auxquelles on assiste aujourd’hui sont celles des malheureux indigènes qui restent dans les zones de population remplacées, et qui pour survivre, sont obligées de s’intégrer aux nouveaux venus.

Quand il requiert plus d’immigration pour sauver la démographie, François Bayrou devient-il un agent du grand remplacement ?

C’est absurde, car même la population indigène de la France n’a jamais été aussi nombreuse. Toutes les politiques écologiques, quelles qu’elles soient, sont un pansement sur une jambe de bois tant qu’on n’affronte pas la question démographique. À la télévision, la croissance démographique est donnée comme une bonne chose et la décroissance démographique comme une mauvaise chose.

S’il y a une décroissance démographique, c’est la première des nécessités pour la planète. La plastification du monde et des océans, la saleté de la planète, le nombre croissant des villes ressemblant à des bidonvilles, y compris à Londres et à Paris, prouvent qu’il n’y a aucune nécessité de décroissance démographique.

L’inquiétude vient de la croissance débridée des populations extra européennes, y compris en Europe.

Les Français semblent finalement se résoudre au grand remplacement, pourquoi se battre contre ?

S’ils l’acceptent, il est vain de se battre contre. Ils l’acceptent en raison de l’effondrement culturel et de celui du système scolaire : c’est le petit remplacement. Jamais au cours de notre histoire, les Français n’auraient accepté ce qu’ils subissent aujourd’hui.

À partir du moment où on a une conception du monde industrielle, de la matière en général et de la matière humaine, on tend à la produire. L’effondrement culturel devient une nécessité pour qu’il y ait une sorte d’égalité dans l’hébétude, puis on éradique la classe cultivée. Il y a des individus cultivés en France, mais plus une classe cultivée. Il suffit de comparer la télévision d’aujourd’hui à celle d’il y a 30 ou 40 ans.

La culture française serait-elle morte ?

Il y a des éléments de survie qui sont précieux. Mais on voit bien l’effondrement culturel et la conception qui prime aujourd’hui au moment de l’épidémie. On a l’impression que la culture n’est qu’un spectacle de masse. La culture c’est d’abord celle de l’individu : la lecture, la méditation, la campagne, la solitude. On pourrait considérer que la pandémie pourrait être favorable à la retraite en soi-même et à la méditation et donc à la culture.

Avez-vous toujours de l’espoir ?

Un sursaut est possible sinon je ne serais pas là ! Nous sommes un certain nombre à nous battre pour que ce sursaut survienne. Un sursaut est une étincelle de vérité. On l’a vu par exemple dans la société soviétique des années 70 et 80 où des dissidents se battaient pour la vérité. Tout le monde voyait que ce système communiste ne marchait pas, mais personne n’osait dire la vérité. Quand la vérité a percé, elle s’est répandue comme une traînée de poudre. Donc à tout moment il est possible que les gens réalisent. Fasse le ciel que l’étincelle de la vérité ne soit pas un drame épouvantable, mieux vaudrait que quelqu’un, à un moment, arrive à porter une parole qui soit entendue.

L’avenir des Français se trouve-t-il dans des sanctuaires à l’abri de quartiers grand remplacés ?

J’aime beaucoup ce concept de sanctuaire. La situation est tellement dégradée dans tellement de domaines, y compris dans le domaine de la défense des paysages, qu’il n’y a plus d’espérance - au moins dans un premier temps - que dans des sanctuaires pour les paysages, le patrimoine, l’éducation, pour la haute culture.

Des sanctuaires organisés autour d’un petit nombre me semblent plus raisonnables que l’espérance d’un changement global. Je suis favorable à une politique des sanctuaires, en particulier dans le domaine de l’éducation. Il faut rééduquer car aujourd’hui la seule éducation qui est dispensée est l’acceptation du génocide par substitution : apprendre aux gens à être remplacés ou à remplacer. Voilà à peu près à quoi se réduit l’enseignement aujourd’hui.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 17/06/2021 à 9:15.

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15 juin 2021 à 18:00

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