Emmanuel Macron a l’art de communiquer, à défaut de savoir prendre les mesures adéquates pour redresser la France. Son show de jeudi sur la forme était bon, mais si on écarte les baisses promises d’impôts sur le revenu et les broutilles concédées aux retraités, le reste sonne terriblement creux.

Conscient que les seniors sont remontés contre lui, alors qu’ils avaient voté en masse en sa faveur à l’élection présidentielle de 2017, il essaye désormais de les caresser dans le sens du poil. Les élections européennes approchant, le pouvoir essaye de limiter les dégâts et d’éviter une victoire trop nette du Rassemblement national. Il avait déjà, en décembre dernier, étendu l’exonération de la hausse de la CSG aux pensions comprises entre 1.300 et 2.000 euros. Spolier les retraités aux revenus faibles pour donner un léger avantage aux salariés n’avait pas effrayé M. Macron en 2017, et il a fallu plus d’un an avant qu’il ne corrige le tir. Auparavant, il avait même essayé (comble du cynisme) d’éteindre l’incendie en disant « Merci » aux retraités, ce que nous pouvons traduire par : je vous spolie, mais je vous serre chaleureusement la main pour vous faire oublier ce désagrément ! Évidemment, cette tentative n’avait pas calmé les retraités.

Avant les manifestations des gilets jaunes, le gouvernement avait sans vergogne pris une mesure tout aussi cynique : celle de ne revaloriser les pensions en 2019 et 2020 que de 0,3 %, alors que les prix ont augmenté de 1,1 % sur un an en mars 2019. Le Conseil constitutionnel a retoqué la mesure pour 2020, car elle n’avait pas lieu d’être dans le budget 2019 ; les députés doivent la voter en son temps et non en avance.
Devant l’indignation des retraités, M. Macron n’est pas revenu sur la spoliation de 2019 mais a promis, jeudi 25 avril, que les pensions inférieures à 2.000 euros seraient revalorisées autant que l’inflation en 2020. Son art du camouflage est intervenu à fond : lors de sa conférence de presse, il a présenté ce recul en affirmant : nous réindexerons les petites pensions en 2020 et toutes en 2021.

En réalité, depuis trente ans, les retraites doivent augmenter autant que l’inflation, et si le gouvernement veut déroger à cette règle, il doit faire voter un projet de loi ! M. Macron présente comme un cadeau le fait de ne pas spolier les deux tiers des retraités, et plus aucun d’entre eux en 2021, alors que la non-indexation n’avait été, au départ, prévue que pour deux ans. La sous-réévaluation des pensions pour 2020 ayant été retoquée par le Conseil constitutionnel, le gouvernement va demander au Parlement d’approuver, pour l’année prochaine, la spoliation des seniors ayant la malchance de gagner plus de 2.000 euros par mois.

Baisser les pensions est l’obsession du gouvernement et tous les moyens sont bons. La mobilisation des gilets jaunes l’a fait reculer pour un temps, mais gageons qu’il repassera bientôt à l’offensive.

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26 avril 2019 à 17:57

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