La réforme des retraites est créée pour continuer d’avantager les uns et endormir les autres.

La stratégie de la pommade :

- 1 euro cotisé ouvre les mêmes droits pour tous ;
- harmoniser tous les régimes pour abolir les privilèges (fin de la prise en compte des six derniers mois) ;
- métier identique, retraite identique ;
- l’âge légal est préservé, un âge « d’équilibre » est injecté dans les esprits : 64 ans ;
- un plancher minimum de retraite de 1.000 euros est prévu, enfin 200 euros de différence entre celui qui a travaillé 43 ans et l’ASPA (allocation de solidarité aux personnes âgées) de 800 euros sans avoir jamais travaillé ;
- de jolis mots, avec une double réforme, paramétrique en premier lieu (à effet immédiat dès l’automne en imposant vraisemblablement l’âge « d’équilibre » qui ajouterait aux malus déjà existants sur la complémentaire, un malus sur la retraite de base) et systémique en second lieu, à compter de 2025 (après le quinquennat et au milieu du suivant), pour imposer la fusion de tous les régimes au bon moment.

Qui sont les gagnants ?

- le haut de la pyramide, les politiques en particulier, dont les privilèges ne seront jamais remis en cause. Une réforme courageuse vraie aurait dû montrer que l’exemple vient d’en haut. Or, le cas des membres du Conseil constitutionnel, à 13.000 euros mensuels jusqu’à 82 ans (durée d’un actuel tenant) ou celui de président presque octogénaire de l'Institut du monde arabe à 9.000 euros par mois montrent que la retraite à 62 ans ne les concerne pas ou si peu, tellement les leurs resteront confortables, même après la fin d’un mandat à 82 ans, âge « de sagesse », pour laisser la place aux jeunes, toute honte bue ;
- ceux qui choisissent de ne pas travailler, alors que les vrais handicapés grimperaient aux arbres pour être embauchés. Le RSA (539 euros) est un bon choix de vie : à 65 ans, on passe à l’ASPA de 900 euros en 2020. Cette catégorie ne concerne pas les vrais accidentés ou défavorisés de la vie, qui ont des plages de travail alternatives, car très peu qualifiés, ou malades.

Qui seront les perdants, et pourquoi ?

- ceux qui travaillent (ouvriers, fonctionnaires, cadres), sans oublier les femmes, car ils cotiseront plus longtemps, avec des cotisations plus élevées pour les cadres, recevront moins de retraite, moins longtemps (on ne meurt pas moins vite en travaillant plus longtemps) ;
- il faut déjà 172 trimestres si vous êtes né en 1973 et après (soit 43 ans de travail continu) pour prétendre au taux plein. Entrer dans la vie active à 25 ans, c’est en sortir, sans aucune période de chômage, à 68 ans au mieux ;
- sanctions financières pour ceux qui partent à l’âge légal (illégal, alors), carotte pour les autres ;
- la retraite ne sera calculée qu’avec des points accumulés ;
- enfin, les femmes, malgré les gesticulations politiciennes, risquent de perdre beaucoup. Avec la parité, et le fait qu’elles travaillent et soient les seules à pouvoir enfanter, elles auront toujours des carrières plus compliquées, donc désavantageuses, sachant qu’à terme, la réversion sera amenée à disparaître (non-cumul de deux retraites). Elle sera réservée exclusivement aux mères au foyer par choix, car l’homme a un travail trop prenant (absences continuelles, CRS, pompiers, gendarmes, militaires, policiers), mais attention : elles devront être mariées.

En conclusion, cette réforme permettra de maintenir les privilèges des uns et d’abolir les avantages du système de retraite ancien des autres, système humain contre gestion des chiffres. La nouvelle méthode, unique, simple, va répartir la misère entre ceux qui travaillent de plus en plus, mourront sans doute un peu plus tôt que prévu, pour permettre aux « étrangers » au travail et à ceux d’en haut d’avoir de bonnes ou de confortables retraites. Méritées ? Quelle importance… en haut, on ne montre plus l’exemple ; en bas, on attend que les fruits tombent. L’été pourrait être très chaud.

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04 juillet 2019 à 17:54

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