Que César rende ce qui ne lui appartient pas !

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« Le Conseil permanent du CEF, au nom de tous les évêques, prend acte avec regret de cette date (le 2 juin) qui est imposée aux catholiques et à toutes les religions de notre pays. » C’est en ces termes administratifs que la Conférence des évêques de France a réagi à l’atteinte inédite portée à la liberté de culte par le gouvernement. Les disciples du petit Père Combes n’ont qu’à bien se tenir ! Formellement, ça veut dire que les catholiques ne peuvent pas assister à la messe avant la Sainte-Blandine : ironie du calendrier pour ceux qui savent encore que nous fêterons, ce jour-là, cette jeune martyre de la foi, victime de la grande persécution de l’empereur Marc Aurèle.

Les supermarchés n’ont jamais fermé depuis le déclenchement de l’état d’urgence sanitaire, le 16 mars dernier, tandis que les autres commerces pourront relever le rideau le 11 mai prochain. Très bien, rendons à César ce qui est à César. Mais la messe avec les fidèles, pourquoi l’interdire près d’un mois supplémentaire ? En fait comme en droit, le Premier ministre n’a apporté aucun commencement d’explication à cette restriction que d’aucuns pourraient qualifier de discrimination ou encore d’atteinte grave à la liberté de culte. Il s’agit ni plus ni moins d’une attaque gravissime du pouvoir politique contre une liberté fondamentale. En fait, du jamais-vu depuis la Révolution puis la mise en œuvre brutale, par la IIIe République, de la loi de 1905 dite de séparation des Églises et de l’État et son chapelet d’humiliations infligées aux catholiques.

Je ne parle, ici, que des catholiques, non par mépris pour nos cousins protestants, orthodoxes ou encore nos frères aînés dans la foi, mais parce que je commente une déclaration officielle de l’organe représentatif de l’Église catholique en France. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas de nature à galvaniser l’Église militante.

Or, c’est la faiblesse du message qui cause problème, devant cette restriction injustifiée de la liberté de culte : à l’évidence, César s’est approprié ce qui appartient à Dieu. Par conséquent, le peuple des fidèles ne saurait se contenter d’un « regret » de ses clercs censés assurer la défense des sacrements, corollaire de la liberté de conscience. Certes, l’Église de France nous a habitués à une certaine tiédeur quand il s’est agi de s’opposer aux atteintes répétées aux fondements du droit naturel commises ces quarante dernières années par nos gouvernements successifs, laissant le soin aux laïcs de s’exprimer légitimement sur les sujets dits « sociétaux » aux effets transgressifs. Mais aujourd’hui, c’est la liberté de rentrer dans une église pour assister à la sainte messe qui est en jeu, et cette question est du ressort exclusif des évêques.

Il serait donc temps que cet éminent cénacle aux reflets violets se bouge avec un peu plus de fermeté et de détermination, avant que les paroissiens ne commencent à voir rouge. En fait de regret, nous attendons une condamnation sans équivoque de cette décision de prolongation du confinement qui suinte, en réalité, la haine de l’Église. Car c’est de cela qu’il s’agit. Les loges laïcistes qui orbitent constamment autour du pouvoir ont, manifestement, saisi l’occasion du Covid-19 pour opérer un test de résistance du monde catholique dont l’emprise spirituelle ne cesse de diminuer, tel un morceau de banquise en plein réchauffement climatique.

Messeigneurs, la mollesse ou l’esquive ne sont plus de mise face à ceux qui ne veulent que votre effacement et la perdition de vos brebis. Rendez justice à vos enfants victimes du fait du prince, car c’est, ici, votre mission temporelle. Un référé liberté devant le Conseil d’État serait le préalable afin de contester l’annonce d’un rétablissement du culte à la Saint-Glinglin : vous avez certainement d’excellents juristes, dans vos relations, prêts à relever l’affront. Moines et nones assureront le service de l’intercession. Vous êtes sur le terrain de César : utilisez ses armes ! « Dans la vie, on ne regrette que ce qu’on n'a pas fait », s’étonnait Jean Cocteau. Aussi, ne regrettez pas et agissez !

Hervé de Lépinau
Hervé de Lépinau
Avocat - Conseiller départemental de Vaucluse, conseiller municipal de Carpentras, conseiller national du Rassemblement National

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