« Il nous est apparu difficile d’envisager l’avenir dans ce climat d’. » Dimanche dernier, le 26 février, sœur Agathe et sœur Marie-Anne, bénédictines, ont fait part aux fidèles de leur paroisse de leur volonté de quitter l’été prochain. Derrière cette décision mûrement réfléchie, les deux religieuses dénoncent l’ grandissante dont elles sont les victimes dans le centre-ville de .

Crachats et insultes contre les religieuses

Il fut un temps où sœur Agathe et sœur Marie-Anne faisaient la une de l’actualité – et même du JT de TF1 – pour la beauté de leur vocation, leurs voix cristallines ou leur engagement à Nantes. Mais aujourd’hui, si de nombreux médias s’intéressent à ces deux bénédictines, c’est avant tout pour aborder la question de l’ nantaise. Sur leur page Facebook, les religieuses ont annoncé avec amertume la fin prochaine de leur mission à Nantes. « Le quartier Bouffay [où elles sont installées] est bien trop souvent le théâtre des déboires de notre société - de jour comme de nuit – et la vie quotidienne y est, à la longue, éprouvante », décrivent les deux moniales. En plein centre-ville de Nantes, elles se retrouvent confrontées à des incivilités quotidiennes et des menaces qui les empêchent de vivre pleinement leur vocation de prière. « Nous ne sommes pas des "franciscains du Bronx" et nous n’avons pas vocation à être agents de sécurité, même si nous avons pris quelques leçons de "self défense" », regrettent-elles. En accord avec leur communauté, elles ont donc décidé de retourner vers leur maison mère, en Champagne.

Cette décision fait suite à plusieurs mois d’alerte sur l’état sécuritaire à Nantes. Outre les dégradations aux alentours de leur paroisse, l’église Sainte-Croix, les religieuses ont souvent été prises pour cibles. En octobre dernier, leur curé dénonçait déjà, dans un bulletin paroissial, « les menaces verbales et physiques contre les sœurs pour qui crachats et insultes sont devenus monnaie courante ». Dans cette même église, en plein cœur de Nantes, en 2017, un homme avait braqué un prêtre avec une arme de poing avant de prendre la fuite. Ainsi, malgré la vigilance des forces de l’ordre, averties des tensions, la violence n’a jamais cessé.

Nantes, ville coupe-gorge

Ce que subissent les bénédictines, de nombreux Nantais le vivent également. À quelques pas de leur paroisse, un gérant de boîte de nuit partage, auprès de nos confrères d’Ouest-France, le même constat : « Les nuits nantaises sont devenues moins sûres depuis cinq-six ans, avec une violence qui se déplace entre le quartier Bouffay et le Hangar à bananes. […] Des agents ont été agressés, l’un d’eux a été menacé avec une arme. »

À l’automne dernier, un millier de Nantais, excédés par l’insécurité croissante dans leur ville, étaient descendus dans la rue pour dénoncer le laxisme de la municipalité, dirigée depuis 1989 par les socialistes. Si Johanna Rolland, élue à la tête de la cité des ducs de Bretagne depuis 2014, a embauché une soixantaine de policiers supplémentaires en septembre, la ville demeure encore sous-équipée en caméras de vidéosurveillance et la police municipale reste désarmée. Résultats : les faits divers d’agressions, de viols, de cambriolages, de fusillades ou encore de trafics de drogue se multiplient dans la presse locale.

Alors que l’édile se félicite d’une baisse des chiffres de la délinquance – « des résultats encourageants » selon un récent communiqué -, les habitants, eux, font part de leur exaspération. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui, à l’instar des deux religieuses, ont fait le choix de quitter pour « vivre en paix ».

Après plus de huit ans au service des Nantais, sœur Agathe et sœur Marie-Anne partent donc « le cœur lourd » mais refusent de subir plus longtemps « la montée de la violence ».

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2 mars 2023

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53 commentaires

  1. Étrangement, cette haine contre les religions ne touche pas l’islam.
    Les juifs ont quitté le 93 à cause des menaces, maintenant ce sont les catholiques de Nantes qui fuient, mais jamais de musulmans.
    Pourtant le discours victimaire de ces derniers n’a pas d’égal comme le prouve la myriade d’associations qui les « défendent » (de quoi?) avec de l’argent public.
    Il ne faudrait pas longtemps à un Rouletabille ou un Nestor Burma pour en déduire que ceci explique celà.

  2. Comme dans d’autres domaines , ce sont les victimes qui doivent se faire discrète et fuir , les agresseurs sont protégés par les médias , les politiciens , au nom du politiquement correct , par peur de se faire traiter de raciste , et par peur des agresseurs et de leur communauté .

  3. quelque chose m’échappe au niveau gouvernemental j’espere qu’ils sont informés de tous les événements car il semble que personne ne bouge alors que la situation sécuritaire s’aggrave de jour en jour.Bouger un peu messieurs.

  4. Où que l’on soi, où que l’on aille, l’INSECURITE nous la subissons partout en France. Tant que ce poison n’ira pas se répandre sur le perron de l’ELYSEE ou encore ou autour des demeures de quelques uns des ELUS, rien ne changera…. Pour le moment, tout va bien pour EUX, ils sont à l’abri de cette insécurité et ne peuvent comprendre. N’oubliez pas que DUPON-MORETTI a dit un jour que c’était un « sentiment d’insécurité » que nous avions. Le mieux (s’il est courageux) serait qu’il sorte SEUL pour s’en rendre compte lui-même, et d’autres ELUS devraient en faire autant. Peut-être comprendraient-ils enfin les risques que nous encourrons et ce que nous ressentons quand nous prenons le train ou le bus pour aller travailler, voyager ou faire des provisions, ou aller au ciné ou se promener le soir après 21 h etc.. etc….

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