Proportionnelle : encore un peu, ils la mettront en place pour faire barrage au RN !

assemblée nationale

Depuis dimanche soir, la France ne serait plus gouvernable, le président de la République n’ayant plus de majorité absolue. Un drame pour l’enfant-Président qui, depuis cinq ans, jouait avec sa boîte de Playmobil™ du palais Bourbon et qui va devoir apprendre à faire de la politique, lui qui voulait la faire sortir de l’Histoire. Emmanuel Macron aura réussi cet exploit : être le premier, depuis l’instauration du quinquennat, à ne pas bénéficier de cette fameuse « dynamique » qui permettait au Président nouvellement élu de s’offrir une majorité à convenance pour la durée de son mandat. Les élections législatives étaient devenues une sorte de formalité administrative post-présidentielle. À tel point, d’ailleurs, que cette idée, qui a fini par faire son chemin, a sans doute contribué à éloigner un peu plus les citoyens des urnes.

Et puis, dimanche soir, patatras ! Le Président fraîchement élu est battu fraîchement. Car il s’agit bien là d’une défaite, même si le parti présidentiel est arrivé en tête avec 245 députés élus. Il en manque 44. On pourrait presque reprendre la formule de René Coty : aujourd’hui, le premier des Français n’est plus vraiment le premier en France !

L’exploit, si l’on peut dire ainsi, voire l’ironie du sort, c’est qu’Emmanuel Macron, qui avait promis cette fameuse « dose de proportionnelle » en 2017 et qui n’a pas été en mesure de l’instaurer, se retrouve aujourd’hui avec une Assemblée nationale affublée de la tare principale prêtée par les adversaires de la proportionnelle à ce mode de scrutin : l’instabilité gouvernementale ! Car avec une majorité relative, il faut composer, négocier, bref, perdre du temps, autrement dit faire de la politique. Comme sous la IVe République qui avait instauré la proportionnelle. La IVe République, c’est comme, chez nos voisins allemands, l’hyperinflation et ses brouettes de billets de banque pour faire les courses : une sorte de peur atavique qui se transmet de génération en génération. Les LR, détenteurs par hoiries successives et quelque peu chaotiques des morceaux de la vraie croix de Lorraine, ont toujours été des ennemis farouches de la proportionnelle. Argument officiel : le risque d’instabilité gouvernementale et tout ça, oubliant au passage que tous les pays de l’Union européenne connaissent la proportionnelle et ne semblent pas particulièrement en souffrir. Mais il est vrai que la France est un pays de « Gaulois réfractaires »... Argument plus prosaïque : la crainte du déclassement : le leur, pas celui de la France. C’était surtout, bien évidemment, la manière maligne et pratique de contrer la célèbre « montée du Front national ».

Ironie du sort, sans la proportionnelle, les LR connaissent aujourd’hui ce déclassement : 61 députés. Marianne, la semaine dernière, s’était amusée à faire des projections en reprenant les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Vous me direz que cela n’a rien à voir. Si, car dans ce cas, pourquoi s’être évertué depuis l’instauration du quinquennat à corréler élection présidentielle et élections législatives ? Avec la proportionnelle intégrale, donc, les LR et l’UDI auraient obtenu… 73 sièges au lieu de 61. C’est ballot ! Comme quoi, quand ça veut pas, ça veut pas. Intéressant, du reste, de reprendre ces projections de Marianne qui donnaient 121 sièges au RN - il en a 89 -, 167 à la NUPES - elle en a 131 : un écart d’une trentaine de sièges pour chacune de ces formations. Ensemble (la confédération présidentielle), elle, n’aurait obtenu, avec la proportionnelle intégrale, que 168 sièges. Ensemble s’en tire donc plutôt bien, avec 245 députés élus dimanche soir.

Et voici que, sans la proportionnelle, le Rassemblement national décroche une magnifique timbale, qu’il emporte des élections sans triangulaire et qu'il s'offre même le luxe, dans certaines circonscriptions, de scores approchant ou dépassant les 60 %. Comme quoi, quand ça veut, ça veut ! De là à ce qu’on essaye d’instaurer la proportionnelle pour « faire barrage » au RN…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Cette claque infligée à notre jupiter de pacotille me comble d’aise.
    Les prochaines semaines ou mois vont être intéressants à observer.

  2. Est pris qui croyait prendre ! connaissant l’ambiguïté du personnage Macron il doit depuis dimanche soir tenter de trouver la formule magique pour prouver aux français qu’il est sorti gagnant de ces élections.

    • Il peut se rassurer: les lèche-bottes LR, NUPES et consorts sont sur le pied de guerre. Tout ce qu’il décidera passera sans trop de tintamarre.

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