Ils étaient 160 votants à l’Assemblée nationale, ce 20 janvier, pour voter la prolongation de l’état d’urgence qui, de fait, accorde les pleins pouvoirs à Emmanuel Macron au prétexte de la crise sanitaire. Sur 577 députés. Et parmi l'ensemble des non-inscrits, seuls 4 sur 25 députés ont voté contre, dont la courageuse Emmanuelle Ménard, ainsi que Nicolas Dupont-Aignan, rejoints par Agnès Thill, du groupe UDI et Indépendants. Les autres brillaient par leur absence…

Donc, dans ce texte de projet loi « autorisant la prorogation de l’état d’urgence sanitaire et reportant la date de caducité des régimes institués pour faire face à la crise sanitaire », les pouvoirs accordés au gouvernement de restreindre la liberté de circulation, de culte, de travail, d’instruction, de commerce, etc., sont prolongés : « L’article 1er reporte au 31 décembre 2021 la caducité du régime d’état d’urgence sanitaire, initialement fixée au 1er avril 2021 », tandis que « l’article 2 proroge jusqu’au 1er juin 2021 inclus l’état d’urgence sanitaire, en vigueur depuis le 17 octobre 2020, sur l’ensemble du territoire national […] L’article 3 proroge jusqu’au 30 septembre 2021 le régime de sortie de l’état d’urgence sanitaire. L’article 4 reporte au 31 décembre 2021 la caducité des systèmes d’information institués pour suivre l’évolution de l’épidémie. »

Soit à la veille de l'élection présidentielle de 2022… dont on peut légitimement se demander si elle aura lieu !

Il y eut, et c’est tout à leur honneur, quelques interventions pertinentes par des députés dont on peut au moins estimer qu’ils prennent à cœur leur rôle de représentants du peuple français. Ainsi Martine Wonner (ex-LREM) : « Soyons clairs : un régime qui gouverne par la peur n’est plus légitime. […] La France connaîtrait l’une des plus longues périodes de son histoire dans un état d’exception [...] Imaginons-nous pouvoir organiser des élections présidentielles en 2022 alors que cet article 1er va nous permettre potentiellement de garder la France dans un état d’urgence qui ne permet pas un exercice normal des libertés publiques à seulement quatre mois du scrutin ? »

Emmanuelle Ménard, quant à elle, rappelait le rôle constitutionnel et essentiel du Parlement, devant une Assemblée aux trois quarts vide : « Nous entrons dans un nouvel état d’urgence, qui n’est plus sanitaire mais qui est démocratique, cette fois. Le Parlement est évincé de toutes les prises de décisions depuis des mois. » Or, explique-t-elle, « gouverner seul est périlleux pour le pouvoir en place mais aussi et surtout pour les Français [...] c’est au Parlement que les Français ont délégué leurs voix, la voix des Français qu’il est urgent d’entendre. »

La France de Macron, une démocratie illibérale ?

Voici ce qu’écrivait la secrétaire générale du Conseil de l’Europe, Marija Pejčinović Burić, le 24 mars 2020 : « Un état d’urgence de durée indéfinie et sans contrôle ne permet pas de garantir que les principes fondamentaux de la démocratie seront respectés et que les mesures d’urgence restreignant les droits humains fondamentaux sont strictement proportionnées à la menace qu’elles sont supposées contrer. De plus, le débat démocratique dans les Parlements nationaux, dans les médias et sur Internet ainsi que l’accès à l’information et aux documents officiels sont des éléments essentiels de tout ordre démocratique et libre et revêtent une importance particulière en situation de crise pour préserver la confiance au sein de la société. »

Je vous rassure tout de suite : cette lettre était adressée à Viktor Orbán !

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21 janvier 2021 à 19:15

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