Le 3 août dernier, au petit Royaume de Danemark, le prince Henrik, époux de la reine Margrethe II, annonçait son refus d'être enterré aux côtés de la souveraine, rompant ainsi avec une tradition vieille de plus de 600 ans. Ce sera donc seule, lorsque le jour viendra, que la reine reposera en la cathédrale de Roskilde de Copenhague, dans le spacieux mausolée deux places, toit ouvrant, qui leur a été réservé.

Lorsque cela est possible - quand bien même en dehors de toutes traditions royales -, ne peut-on pas espérer que deux époux puissent reposer ensemble ?

Mais pour celui qui est né Henri de Laborde de Monpezat, un enfant du Sud-Ouest, il n'est pas question "d'être l'égal de sa femme dans la mort" puisqu'il ne l'a pas été dans la vie. Devenu prince consort en 1972 à l’avènement de son épouse, il a dû se plier aux exigences du protocole : ce n'est pas lui qui règne avec la reine, il n'est pas couronné – mais la reine ne l’est pas non plus, alors ! -, il reste son époux et sujet, participant alors de manière très limitée aux prérogatives royales. Le jeune diplomate polyglotte qu’il était à l’époque n’a pourtant pas acheté une assurance ou un appartement sur plans. Tout devait être écrit dans le contrat parcheminé, et pas en petits caractères. En tout cas, on peut l’imaginer…

À partir de cette date, et sans pour autant s'éloigner de la reine, il critiquera souvent son rôle et statut – et ce, de manière publique - jusqu'à l'annonce officielle de sa retraite début 2016, où il se retire de toutes obligations et renonce à son titre de prince consort. Il ne s'y accoutumait pas, trouvant que cela ne correspondait pas à "l'idée morale d'égalité du couple" qu'il se faisait. Un féministe au masculin, en quelque sorte !

Cet état d'esprit est évidemment loin de celui du prince Philip, que l’on dit pourtant être un drôle de macho et qui, après soixante-dix ans au service d'une reine, vient, le 2 août, de prendre officiellement sa retraite. On ne croit guère se souvenir - du moins de manière publique - d'un quelconque bronchement de sa part quant à la place qu'il a dû occuper comme le lui obligeait le protocole, derrière Sa Majesté la reine Élisabeth II. So British, me direz-vous. Effectivement, lui qui naquit sujet grec !

Certes, ce sont de nombreux sacrifices demandés, mais une différence de statut peut-elle nuire à « l'égalité du couple » ? Si l'égalité qu'il suggère est du même acabit que celle revendiquée en permanence par nos effrontées de féministes, égalité notamment sociale, il est clair qu'il avait de quoi être peut-être insatisfait toute une vie. Combien d'époux pourraient refuser d'être enterrés ensemble s’ils devaient se fonder sur une égalité de statut ou de rang social de l'un et l'autre ? Avant d'être sa reine, Margrethe est sa reine de cœur, son épouse, avec qui Henrik fête d’ailleurs cette année leurs noces d'or.

Mais l'on mettra cela sur le compte du caractère grincheux et revendicatif qui nous est prêté, à nous autres Français.
Désormais, c'est près de Cahors que le prince Henrik passe la majeure partie de son temps, en s'occupant de sa production viticole de qualité, dans le domaine du château de Cayx, propriété royale danoise depuis 1975. À chacun son caveau, en quelque sorte. Mais il y a toujours quelque chose pour lui au royaume de Danemark...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:03.

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07 août 2017 à 0:39

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