Présidentielle et Éducation : François Asselineau (Union populaire républicaine)
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Le programme de François Asselineau est surprenant : il se réclame d’un document élaboré sous l’occupation allemande en mars 1944, dont l’esprit général, même s’il est fidèle à la personnalité de Charles de Gaulle, est pour beaucoup fondé sur des idées communistes, et qui pose les bases d’une nécessaire reconstruction de la France après sa libération tout en rappelant les actions à mener pour parvenir à ladite libération. Même si l’on comprend bien que M. Asselineau, qui semble pourtant n’avoir rien d’un communiste, dénonce "une dictature" et un vol de la France, on comprend moins bien, en revanche, la raison pour laquelle il n’en désigne jamais ni le dictateur ni le voleur…
Certes, ce candidat accuse la « construction européenne » – n’est-il pas un peu facile d’accuser ainsi une notion ? – de tous les maux de la France et souhaite sortir de l’Union européenne, mais au profit de quels intérêts ? De plus, M. Asselineau reconnaît lui-même que, si le programme rassembleur des partis de droite et de gauche avait pu voir le jour en mars 44, c’était grâce à une forte personnalité : celle du général de Gaulle. Mais ce candidat pense-t-il vraiment se trouver dans les circonstances d’une occupation étrangère sur notre sol et posséder les qualités de chef et d’homme politique visionnaire du général de Gaulle pour nous amener ainsi vers une nouvelle libération ?
À la vérité, à la lecture de ce programme, et pour n’en rester qu’à l’Éducation, on peut être inquiet de voir fleurir une accumulation d’idées apparemment conservatrices et plutôt rassurantes (réaffirmation de l’importance, dans l’instruction, de "l’effort" et de "la persévérance", priorité "à l’apprentissage de l’écriture, du français, du calcul, de l’histoire et de la géographie françaises", révision des volumes horaires des enseignements au primaire, valorisation de la "voie professionnelle") laissées en suspens dans le vide de propositions concrètes et de mesures objectivement applicables. À y regarder de près, ce programme éducatif est, en réalité, schématique, voire flou.
Il ne propose ni de véritable vision à long terme de notre système éducatif ni, au fond, de modification ou de suppression de l’existant : que deviendront les réformes du rythme scolaire et du collège ? Que deviendra la carte scolaire ? Cette partie du programme semble avoir été survolée. La seule proposition concrète consiste à conserver l’instruction obligatoire jusqu'à 16 ans (mesure 146, p. 26).
Alors, certes, M. Asselineau accuse, dénonce et récuse, mais qui ou quoi et au profit de qui ou quoi ? Plus inquiétant, ce programme propose de faire des médias un "quatrième pouvoir" pour "être les “Montesquieu du XXIe siècle”" (point 9 du chapitre « pluralisme et indépendance de la presse », p. 7). Mais les médias ont-ils véritablement vocation à diriger un pays ou à en assurer la justice au même titre qu’un homme politique ou qu’un juge ?
Pour résumer, nous pouvons nous demander si ce programme désincarné manque de fond par souci d’universalité ou par volonté de dissimuler des intérêts occultes.
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