Pourquoi après la crise sanitaire nous devrons repartir sur de nouvelles bases

Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville

La nature que nous ne voulons plus dominer ni soumettre nous a mordu la main, la consommation d’électricité et de carburant baisse, l’État intervient tous azimuts. Mais les écologistes décroissants et les étatistes de tout poil saisissent sans vergogne l’occasion de ce fléau viral pour revenir à la charge avec leurs vieilles rengaines.

De leur côté, Macron et Buzyn, ministre de la Santé au moment clef, inhibés par les principes de l’ordo-libéralisme européen, répétaient, confondant le coranavirus et le nuage de Tchernobyl, qu’il ne servait à rien de contrôler les frontières ; irresponsables, alors qu’ils connaissaient la situation à Wuhan et dans la province de Hubei, ils n’ont pas alerté à temps les fabricants de masques, de gel hydroalcoolique ou de paracétamol, de l’imminence de l’épidémie en France afin qu’ils passent à la production continue en trois-huit pour répondre aux commandes d’État.

Quant à la population, l’Homo festivus n’a pas peur du virus. Vous n’aurez pas ma haine, dit-il au Covid-19. Comme lorsqu’on lui tire dessus à la kalachnikov pendant qu’il boit un spritz, rue de Charonne, à la terrasse de La Belle Équipe, un seul réflexe : acheter des bougies, des fleurs, des nounours. Le même a fui à la campagne essaimer son virus et celui qui est resté applaudit à huit heures du soir à son balcon.

Tout se passe comme si, à force de répression de l’instinct de survie, le bon sens - comme les défenses immunitaires - s’était évanoui. Le Français a désappris à se défendre quelle que soit la menace : cela s’appelle la décadence. Mais quand nous sortirons de cette épidémie, affaiblis, ruinés, endettés, il nous faudra repartir sur des bases saines. Les principes du véritable libéralisme seront alors d’autant plus nécessaires que les partisans de l’interventionnisme à tout crin voient dans l’économie de guerre et l’autarcie, non pas une réponse exceptionnelle, mais une solution pérenne vers une économie décroissante en oubliant que l’État et les collectivités vivent de la prospérité de l’économie marchande. Quand l’État donne de l’argent, c’est de notre argent qu’il s’agit, et quand l’État emprunte, c’est nous ou nos enfants qui rembourseront.

Pascal Salin, économiste, professeur émérite à l'université Paris-Dauphine, nous expose avec clarté les principes d’une vraie économie libérale. Sa conclusion : droite et gauche unies bien avant le macronisme dans l’erreur, la politique économique française de ces quarante dernières années est « imprégnée du même idéal collectiviste et égalitaire ». Que d’occasions manquées d’en finir avec le chômage de masse, l’inactivité chronique et le déclin.

Il est désolant de voir à quel point la droite française a validé cette idée progressiste qu’il y aurait un sens de l’Histoire et un effet de cliquet qui empêcherait tout retour en arrière s’agissant des fameux « droits acquis ». Jamais elle n’a osé le vrai libéralisme, un libéralisme aux ancêtres pourtant bien français : Turgot, Jean-Baptiste Say, Frédéric Bastiat, Alexis de Tocqueville, Benjamin Constant.

« Friedrich Hayek – qui portait beaucoup d’intérêt à cette “exception culturelle” française – y voyait l’influence du positivisme, également bien représenté dans le passé en France, et d’un penchant pour l’attitude d’esprit de l’ingénieur qui a conduit à penser que “l’ingénieur social” pouvait être aussi efficace pour la gestion des sociétés que l’ingénieur proprement dit pour le fonctionnement des machines. »

Profitons de ces longues heures de confinement pour relire les chroniques du professeur Salin : « Souvent je rêve, dit-il, d’une France libérée des contraintes de la réglementation, de la spoliation fiscale, de l’arrogance des “énarques” et des illusions des dirigeants syndicaux. Une telle France pourrait être une belle réussite. »

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Thierry Martin
Auteur, dirigeant d’entreprise, sociologue de formation

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